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Scott regarda vers l’extérieur pour éviter d’affronter le regard trop serein d’Endelbaum.

— Pourquoi nous aidez-vous ? demanda-t-il.

— Pourquoi soignez-vous les gens ? répliqua le père.

Scott baissa la garde :

— Je suis désolé.

— Ne vous en faites pas. Je fais partie d’un ordre qui a été interdit, pourchassé, décrié. Je crois savoir ce que vous ressentez.

— Dans votre service de recherche, vous travaillez aussi sur la maladie d’Alzheimer ?

— Pas uniquement, nous avons une approche plus globale. Vous devriez en parler avec Thomas, le jeune frère qui est à l’origine de cette affaire. Il se passionne pour la compréhension des différentes formes de démence. Il sera avec nous demain soir.

— Nous nous ressemblons donc un peu.

— Pas tout à fait, docteur. Ceux qui, à travers les siècles, nous ont condamnés ne nous ont jamais compris. Mais nous sommes toujours là. Vous êtes dans la situation, hélas trop classique, d’un individu normal qui a découvert quelque chose qui ne l’est pas. Des puissances qui nous dépassent vous harcèlent parce qu’elles veulent un savoir que vous possédez. La plupart de ceux qui sont dans votre cas finissent par céder. Jusqu’où tiendrez-vous ?

64

Hold déposa une couverture par-dessus l’édredon de Greenholm. Il s’assura que le vieil homme dormait profondément et quitta la chambre sur la pointe des pieds. Dans cette maison perdue en pleine nature, les fugitifs gagnaient en sécurité ce qu’ils perdaient en confort médical. Le garde du corps attendait sur le palier :

— Voulez-vous que je reste à son chevet ?

— Pas la peine, Ben, répondit Hold. Allez voir si vous pouvez aider nos hôtes.

Hold n’était pas dépaysé dans cette belle demeure. Par bien des aspects, elle ressemblait à Glenbield. Il descendit les escaliers vers le rez-de-chaussée, traversa une première salle où un grand feu brûlait dans la cheminée et entra dans une pièce plus petite où s’affairaient trois techniciens. Tersen était penché sur un jeune homme qui se débattait avec des connexions informatiques en commentant :

— Les ordis ne vont pas aimer l’humidité, il va nous falloir des radiateurs électriques pour cette pièce.

Tersen approuva.

— Tout se passe comme vous voulez ? demanda Hold.

Tersen se releva :

— Non, monsieur Hold, rien ne se passe jamais comme on le souhaite. Votre boss est bien installé ?

— Il dort. Il a besoin de repos et de calme.

— Du calme, il en aura ici.

Tersen passa dans la pièce voisine pour chercher son carton de dossiers.

— On devrait être connectés à notre bureau d’ici une heure ou deux. Mettre en place les procédures de routage qui empêcheront notre localisation est le plus difficile.

Hold lui proposa son aide pour porter la caisse mais Tersen déclina poliment.

— Et où se trouve votre bureau, d’habitude ? demanda Hold.

Tersen eut un sourire en coin.

— Trop tôt pour se confier ce genre d’infos, monsieur Hold, j’espère que vous comprenez. Et vous, votre lien avec les travaux du docteur Kinross ?

— M. Greenholm, mon employeur, les finance. Il m’a demandé de veiller sur le docteur et le professeur Cooper.

Tersen écoutait tout en déballant ses dossiers avec méthode.

— Cela ne semble pas vous surprendre que des gens essaient de tuer des scientifiques pour s’approprier leurs découvertes… fit observer Hold.

Tersen posa son dossier et regarda son interlocuteur :

— Pour vous répondre, je dois vous raconter comment nous sommes arrivés jusqu’à vous.

65

L’homme était installé au cœur d’une machine aux lignes futuristes qui oscillait légèrement en faisant vibrer ses bras et ses jambes. Des gouttières maintenaient chacun de ses membres, et son cou était calé dans une sorte de joug. Les yeux fermés, il se laissait faire.

Desmond entra dans la pièce, mais avec le bruit du mécanisme, l’homme ne l’entendit pas approcher. Le majordome se planta devant lui, un téléphone à la main, espérant qu’il ouvre les yeux.

La machine changea automatiquement de programme et ce furent désormais des étirements qui animèrent le corps. Ainsi suspendu dans l’installation, l’homme se mit à bouger comme une marionnette dont l’animateur teste les ficelles. Sans les vibrations, le bruit de l’engin était plus sourd et Desmond toussa pour attirer son attention.

— C’est déjà fini ? s’étonna l’homme. Je crois que je me suis endormi.

— Non, monsieur. Il reste encore onze minutes, mais nous allons être obligés d’interrompre votre séance. J’ai l’opérationnel en ligne, ils ont un problème.

— Ils ont toujours des problèmes…

Desmond pianota sur la console de commande et libéra un bras du vieil homme, qui prit le combiné en grimaçant :

— Alors, dites-moi ce qui vous arrive encore, commença-t-il avec un ton exaspéré.

— Nous avons perdu le docteur Kinross.

— Il est mort, ou il vous a échappé ?

— Il nous a échappé. Nous ne savons pas où il est.

— Comment un simple médecin peut-il échapper à vos hommes ?

— Nous ne le comprenons pas nous-mêmes. Il n’a reçu d’aide ni de la police, ni de la concurrence.

— Je me moque de la manière dont il s’y est pris, retrouvez-le. C’est prioritaire. Ne rappelez que pour me dire que vous l’avez, je n’ai pas besoin d’entendre vos pitoyables excuses.

Le vieil homme raccrocha.

— Ces abrutis ne trouveraient pas un lapin dans le bush. Pour une fois qu’on leur demande quelque chose…

Desmond reprogramma la machine pour la fin de séance :

— Voulez-vous que j’envoie une deuxième équipe ? Notre groupe d’Europe de l’Est n’est pas surchargé ces derniers jours. Ils doivent pouvoir débarquer en Écosse dès ce soir.

— Excellente idée, Desmond. Voilà ce que j’aime : des solutions. Et dites aux hommes que celui qui me ramènera le corps de ce docteur touchera le salaire de tous les autres.

66

Le chemin longeait la lisière d’un bois de sapins. D’un côté, la lande, arrondie et blanche, s’étendait jusqu’au chaos rocheux qui surplombait la mer. Malgré les nuages, la lumière était vive. Pourtant, de l’autre côté, au pied des arbres, il faisait nuit. Les branches de résineux enchevêtrées arrêtaient le moindre rayon avant qu’il n’atteigne le sol. Au-delà de quelques mètres, il était impossible de distinguer ce qui se terrait au fond de ces bois. Kinross inspira profondément. En entendant des pas rapides derrière lui, il se retourna. Hold arrivait en petite foulée :

— Vous ne devriez pas sortir seul ! lui lança celui-ci en soufflant dans ses mains.

— J’en ai assez d’être enfermé. Je ne supporte plus cette impression d’être épié.