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— Qu’est-ce qu’on cherche ? interrogea Kinross.

— Une ancienne bouche d’aération, répondit Fawkes.

Après avoir bâché les motoneiges, les quatre hommes chargèrent leurs sacs à dos et avancèrent dans la neige qui, par endroits, leur arrivait à hauteur des cuisses.

— Ça devrait avoir la tête d’un gros champignon, précisa Hold en inspectant les abords.

Avec méthode, Fawkes fouillait la neige du pied.

— Elle peut être sous des branchages ou dans un buisson, ajouta-t-il.

Lorsque Thomas buta sur quelque chose de lisse et dur, il appela ses comparses et commença à dégager. Ils ne furent pas longs à mettre au jour une sorte de dôme en fonte. La pièce était maintenue par une vingtaine de gros boulons.

— La clef, s’il vous plaît, demanda Hold. Elle est dans le sac du docteur.

Fawkes ouvrit le sac sur le dos du médecin et en extirpa une longue clef de 38. Il en assembla le bras transversal, puis l’enfila sur le premier boulon et commença à forcer. À en juger par les grimaces que faisait le jeune homme pourtant bien entraîné, ils étaient grippés. Lorsque le premier boulon céda enfin, Fawkes souffla :

— À trois minutes par boulon, on va déjà y passer une heure. Si on la faisait sauter ?

— On le fera en dernière extrémité, refusa Hold. Économisons nos explosifs.

— Vous avez des explosifs ? s’étonna Kinross.

— Je préfère être prêt à tout.

Les quatre hommes se relayèrent pour venir à bout des boulons. Lorsque Fawkes retira le dernier, déplacer l’énorme pièce en fonte fut une autre épreuve. La nuit était presque tombée quand enfin, Hold jeta la corde dans le puits d’aération.

— Je descends d’abord.

Il alluma sa lampe frontale, se glissa dans le tube et disparut. Il ne fut bientôt plus qu’un point lumineux dansant au fond du tuyau. Un violent vacarme métallique résonna tout à coup.

— Tout va bien ? demanda Fawkes.

— C’est bon, fit la voix de Hold tout en bas. Remonte la corde et envoie les sacs.

Lorsque son tour arriva, Kinross n’était pas rassuré. Au moment de s’engager dans le trou, il alluma sa lampe frontale et hésita.

— Tout ira bien, docteur, le rassura Fawkes. Vous n’avez rien à faire, c’est moi qui fais l’ascenseur.

Le jeune homme resserra sa prise sur la corde et fit un signe de tête :

— C’est parti.

Le conduit était étroit ; il sentait le métal, la rouille et la poussière. La paroi défilait au ras du visage de Scott. Malgré la température et le courant d’air ascendant, le médecin était en sueur.

« Mais bon sang, qu’est-ce que je fais là ? » se demanda-t-il.

Arrivé au fond, Hold lui saisit les jambes et l’accompagna.

— Attention à la tête, le conduit bifurque.

Kinross évacua. Schenkel descendit ensuite, rapidement suivi de Fawkes.

— Retirez vos combinaisons avant de reprendre vos sacs, ordonna Hold.

Sur le sol poussiéreux, il déplia le plan de la base.

— Nous sommes ici, au niveau — 1, dans un local de filtration d’air. Brestlow a fait aménager une partie des souterrains sous sa résidence pour son usage, mais nous ignorons jusqu’où exactement. Il faudra descendre aux étages inférieurs pour atteindre la partie située à l’aplomb de sa bâtisse.

Hold ouvrit son sac à dos et en tira deux revolvers. Il vérifia que les chargeurs étaient pleins et tendit le premier à Kinross :

— Le cran de sécurité est là, pour le reste c’est un Walther, vous avez sûrement vu James Bond s’en servir.

— Que voulez-vous que je fasse de ça ? Je suis médecin.

— Et qu’est-ce que vous allez faire si on nous tire dessus ? Des piqûres ? Ne discutez pas. Prenez-le.

Scott obéit. Hold présenta le second au frère en déclarant :

— « Tu ne tueras point »… mais prends quand même de quoi te défendre.

Thomas secoua la tête.

— Non, ça, je ne peux pas.

— Vous avez une idée de ce qui nous attend ? répliqua Hold.

— Et vous ?

— Pas la moindre. On va peut-être tomber sur un mur, ou sur des hommes armés. La seule chose dont je sois certain, c’est que Brestlow ne s’attend pas à nous voir arriver, et certainement pas par en dessous. En route, messieurs.

80

— Vous avez été militaire ? demanda Kinross.

— Pendant quatre ans, opina Hold.

— Vous ne me l’aviez jamais dit.

— Vous ne me l’aviez jamais demandé.

— Cela explique beaucoup de choses.

— C’est-à-dire ?

— Votre efficacité sur le terrain…

Après une enfilade de salles vides aux murs de béton nu, ils tombèrent sur une porte étanche qui leur barrait le chemin. Elle ressemblait à celles des sous-marins. Hold vérifia son plan.

— Nous allons quitter les secteurs techniques. Derrière, ce sont des zones de vie. Docteur, Thomas, mettez-vous sur le côté et éteignez vos lampes.

Fawkes et Hold coupèrent eux aussi leurs lumières et dans l’obscurité, les deux hommes tentèrent de faire tourner la roue de verrouillage. Bien que les mécanismes soient récalcitrants, le panneau finit par se débloquer. Le grincement qu’il fit en pivotant sur ses gonds résonna dans l’immense labyrinthe souterrain. Fawkes braqua son arme. Aucun bruit. Le jeune homme ralluma sa lampe et franchit le pas de la porte. Aussi loin que son rayon portait, une salle immense s’étendait, remplie de sommiers sans matelas.

Schenkel se pinça le nez en entrant.

— Pas assez aéré, commenta-t-il.

— C’est fermé depuis vingt ans, fit remarquer Fawkes.

Le groupe reprit sa progression à travers ce dortoir lugubre et surréaliste. Les murs avaient sans doute été blancs autrefois, mais le temps leur avait donné une couleur beige foncé. On distinguait encore les inscriptions d’orientation peintes dans les couloirs et aux abords des portes. Le sol était uniformément recouvert d’une fine pellicule de poussière. L’air était sec, parfois vicié par de rares infiltrations d’humidité qui produisaient de grandes zones moisies.

— Vous devez être à peine plus jeune que moi, fit remarquer Thomas à Fawkes.

— J’ai 29 ans. 30 dans deux mois.

— 32.

— Il y avait peu de chances qu’on se rencontre un jour, remarqua le commando.

— Les voies du seigneur sont impénétrables.

— Honnêtement, j’ai été surpris quand vous avez dit que vous veniez. Ce n’est pas banal.

— Avez-vous une idée de ce sur quoi travaille le docteur ?

— Pas la moindre.

— Eh bien, si je ne l’avais pas su, je ne serais sans doute pas ici.

— C’est si important que ça ?

— Imaginez qu’un barrage soit sur le point de céder, menaçant la vie de centaines de milliers de gens. Que feriez-vous si vous appreniez qu’un type essaye de gagner une fortune en faisant payer ceux qui voudraient se servir des systèmes d’alerte ?

— Je le défoncerais et je donnerais l’alarme.

— C’est pour ça que je suis là.

L’oreille tendue, son arme à la main, Hold descendit les escaliers métalliques à pas feutrés. N’entendant pas un bruit, il ralluma sa lampe puis inspecta rapidement les plafonds et les murs à la recherche d’éventuels détecteurs. Il s’aventura ensuite dans le couloir, ouvrit quelques portes au hasard. Partout, le vide, la même odeur de renfermé. Il revint sur ses pas chercher ses compagnons.

— Nous approchons. Il faut redoubler de prudence.

Il déplia son plan et vérifia l’itinéraire :

— Nous allons traverser les réfectoires et les zones de stockage. Ici, aux ateliers, si nous n’avons rien rencontré avant, nous établirons une base de repli. C’est un étranglement, cela pourra nous permettre de couvrir notre fuite si on ressort par là. Ensuite, nous serons encore obligés de descendre d’un niveau dans ce dédale.