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Seul Jésus pouvait m'accorder une telle joie.

Il avait à peine fini de dire cela que commencèrent à arriver d'anciens compagnons des luttes terrestres, des amis du passé, des frères dévoués qui venaient lui souhaiter la bienvenue aux seuils de l'éternité. Les enchantements de l'apôtre se succédaient sans cesse. C'était comme si tous les martyrs des festivités de la veille arrivés en chantant aux alentours des catacombes, étaient restés à Rome à l'attendre. Tous voulaient étreindre le généreux disciple, lui baiser les mains. En cet instant alors qu'il avait l'impression de renaître aux merveilleuses sources de l'au-delà, il entendit une caressante mélodie accompagnée de voix argentines qui devaient être angéliques. Surpris par la beauté de la composition que le langage humain ne pourrait traduire, Paul entendit son vénérable ami de Damas expliquer avec dévotion :

Celui-ci, c'est l'hymne des prisonniers libérés !...

Remarquant son intense émotion, Ananie lui a demandé quel serait son premier souhait dans la sphère de rédemption. Intimement, Paul de Tarse s'est immédiatement souvenu d'Abigail et des désirs sacrés à son cœur comme tout être humain l'aurait fait, mais rempli du ministère divin qui veut que l'on oublie les caprices les plus simples, et sans trahir la gratitude de la miséricorde du Christ, il a répondu avec émotion :

Mon premier désir serait de revoir Jérusalem où j'ai pratiqué tant de maux et d'y prier Jésus pour lui offrir ma reconnaissance.

Dès qu'il eut prononcé ces vœux, la lumineuse assemblée se mit en mouvement. Ébahi par le pouvoir de l'Esprit à se déplacer en volant, Paul observait que les distances ne représentaient rien maintenant pour ses possibilités spirituelles.

De plus haut continuaient à affluer des harmonies d'une sublime beauté. C'étaient des hymnes qui exaltaient le bonheur des travailleurs triomphants et la miséricorde des bénédictions du Tout-Puissant.

Paul voulut donner à cette divine excursion une touche personnelle. Pour cela, le groupe parcourut toute la voie Appienne jusqu'à Aricia puis changea de direction pour aller vers Pouzzoles où il s'est arrêté dans l'église pour prier pendant quelques minutes rempli d'un bonheur incomparable. De là, la caravane spirituelle s'est dirigée vers l'île de Malte puis poursuivit le long du Péloponnèse où Paul s'est extasié à la contemplation de Corinthe, laissant libre cours à des souvenirs affectueux et doux. Enflammés d'enthousiasme fraternel, les membres de la caravane accompagnaient le valeureux disciple sur la route des souvenirs sacrés qui vibraient dans son cœur. Athènes, Thessalonique, Philippes, Néapolis, Troas et Éphèse furent des endroits où l'apôtre s'arrêta longuement pour y prier le Très-Haut, les yeux débordants de larmes de gratitude. Une fois les régions de Pamphylie et de Cilicie traversées, ils sont entrés en Palestine, pris de joie et d'un respect sacré. Partout où ils passaient, des émissaires et des travailleurs du Christ venaient se joindre à eux. Paul ne réussissait pas à mesurer la joie de son arrivée à Jérusalem sous l'azur fabuleux du crépuscule.

Obéissant à la suggestion d'Ananie, ils se sont réunis en haut du Calvaire et là ils ont chanté des hymnes d'espoirs et de lumière.

Les erreurs de son passé amer à l'esprit, Paul de Tarse s'est agenouillé et a élevé à Jésus une fervente supplique. Les compagnons redîmes se sont rassemblés en extase tandis que, transfiguré, en sanglots, il cherchait à exprimer un message de gratitude au divin Maître. Il se dessina alors, sur l'écran de l'infini, un tableau d'une beauté singulière. Et comme si l'incommensurable voile bleu s'était déchiré, un sentier lumineux et trois silhouettes rayonnantes sont apparus dans l'immensité de l'espace. Le Maître était au centre, Etienne se tenait à sa droite et Abigail du côté de son cœur. Pris d'éblouissement, émerveillé, l'apôtre ne put que tendre les bras, car sa voix lui faisait défaut si grande était son émotion. Des larmes abondantes perlaient son visage transfiguré. Abigail et Etienne se sont avancés. Elle lui a pris délicatement les mains dans un signe de tendresse, tandis qu'Etienne l'étreignait avec effusion.

Paul voulut tendre ses bras au frère et à sa sœur, embrasser leurs mains dans son extase de bonheur, mais comme un enfant docile qui doit tout au Maître dévoué et bon, il porta son regard sur Jésus pour avoir son approbation.

Le Maître a souri, indulgent et aimant et lui dit :

- Oui, Paul, sois heureux ! Viens, maintenant, à mes bras, car c'est la volonté de mon Père que les bourreaux et les martyrs se réunissent pour toujours dans mon royaume !...

Et c'est ainsi qu'unis et heureux, les fidèles travailleurs de l'Évangile de la rédemption ont suivi les pas du Christ, vers les sphères de la Vérité et de la Lumière...

En bas, Jérusalem contemplait, en extase, le crépuscule vespéral, attendant le clair de lune qui ne tarderait pas avec les premières lueurs...

Francisco Candido Xavier

(2 avril 1910 - 30 juin 2002),

Francisco Candido Xavier (2 avril 1910 - 30 juin 2002), alias Chico Xavier, est le médium brésilien le plus célèbre2 et le plus prolifique du XXe siècle. Sous l'influence des « Esprits », il produisit plus de quatre cent livres de sagesse et de spiritualité, dont une centaine édités dans plusieurs langues. Il popularisa grandement la doctrine spirite au Brésil. Chico Xavier reçu d'innombrables hommages tant du peuple que des organismes publics3. En 1981, le Brésil proposa officiellement Chico Xavier comme candidat au Prix Nobel de la paix. En 2000, il fut élu le « Minéro du xxe siècle », à la suite d'un sondage auprès de la population de l'état fédéré brésilien où il résidait4. Après sa mort, les députés de l'assemblée nationale brésilienne ont officiellement reconnu son rôle dans le développement spirituel du pays5.

Enfance

Francisco Cândido Xavier est né le 2 avril 1910 dans la municipalité de Pedro Leopoldo, dans l'État du Minas Gerais (Brésil). La famille compte neuf enfants, ses parents, tous deux analphabètes, sont vendeurs de billets de loterie pour son père et blanchisseuse pour sa mère. Il raconte que c'est après avoir perdu sa mère, à l'âge de cinq ans, qu'il commence à entendre des voix. Il travaille dès neuf ans, comme tisserand, tout en continuant l'école primaire. À douze ans, il rédige en classe une rédaction remarquable et explique à sa maîtresse que ce texte lui a été dicté par un Esprit qui se tenait près de lui. À la suite de la guérison de l'une de ses sœurs qui souffrait d'obsession, Chico ainsi que toute sa famille adhère aux théories du spiritisme.

Centre spirite 'Luis Gonzala', à pedro leopoldo, en 2008

Chico Xavier étudie la doctrine spirite et fonde le centre spirite « Luiz Gonzaga », le 21 juin 1927. Il s'investit dans son activité de médium et développe ses capacités en psychographie. Il affirme voir, en 1931. son « mentor » spirituel sous la forme d'un Esprit prénommé Emmanuel. Guidé par cet être invisible, Chico publie son premier livre en juillet 1932 : Le Parnasse d'oulre-tombë1, recueil de 60 poèmes attribués à neuf poètes brésiliens, quatre portugais et un anonyme, tous disparus. Cet ouvrage de haute poésie, produit par un modeste caissier, qui le signe du nom d'auteurs décédés provoque l'étonnement général. Le journal O Globo, de Rio dépêche l'un de ses rédacteurs, non spirite, assister pendant plusieurs semaines aux réunions du groupe spirite du centre Luiz Gonzaga. Il s'ensuit une série de reportages qui popularisent le spiritisme au Brésil.