Il portera le lourd fardeau de nos crimes et de nos souffrances, il prendra sur lui toutes nos douleurs.
Tel un homme frappé par la colère de Dieu...
Humilié et blessé, il se laissera mener comme un agneau, mais dès l'instant où il aura offert sa vie, l'oeuvre de l'Éternel prospérera entre ses mains. »
Admiratif devant une telle connaissance des textes sacrés, Simon a fini par dire :
Je vais te chercher les nouveaux textes. Ce sont les annotations de Lévi 6 sur le Messie ressuscité.
6 Matthieu.
Et quelques minutes plus tard, l'apôtre lui remettait entre les mains les parchemins de l'Évangile. Jeziel ne l'a pas lu, il l'a dévoré. Il a remarqué à voix haute, un à un, tous les passages du récit en compagnie de Pierre sincèrement réjoui.
Une fois cette rapide analyse achevée, le jeune homme lui dit :
J'ai trouvé le trésor de la vie, je dois l'examiner plus tranquillement, je veux me remplir de sa lumière car je sens qu'ici réside la clé des énigmes de l'homme.
Presque en larmes, il a lu le Sermon de la Montagne, assisté par les émouvants souvenirs de Pierre. Puis, tous deux se sont mis à comparer les enseignements du Christ avec les prophéties qui l'annonçaient. Le jeune Hébreu était profondément touché et voulait connaître les moindres détails de la vie du Maître. Simon cherchait à le satisfaire, édifié et heureux. Le généreux ami de Jésus, si incompris à Jérusalem, ressentait une joie pleine de fierté d'avoir trouvé un jeune Hébreu enthousiasmé par les exemples et les enseignements du Maître incomparable.
Depuis que j'ai été accepté dans votre maison - a dit Jeziel -, j'ai remarqué que vous mettez en pratique des principes qui me sont inconnus. Tant d'attachement à soutenir les désertés par la chance est une leçon nouvelle pour mon âme. Les malades qui vous bénissent, comme je le fais maintenant, sont des protégés de ce Christ que je n'ai pas eu le bonheur de connaître.
Le Maître soutenait tous les souffrants et il nous a recommandé d'en faire de même en son nom, a gentiment souligné l'apôtre.
Conformément aux instructions du Lévitique - a dit Jeziel -, toute ville doit avoir loin de ses portes, une vallée destinée aux lépreux et aux personnes considérées immondes ; cependant, Jésus nous a donné un foyer dans le cœur de ceux qui le suivent.
Le Christ nous a apporté le message de l'amour -expliqua Pierre -, il a complété la Loi de Moïse en donnant un nouvel enseignement. La Loi Antique est justice, mais l'Évangile est amour. Alors que le code du passé prescrivait « œil pour œil, dent pour dent », le Messie a enseigné que nous devons « pardonner soixante-dix sept fois » et que si quelqu'un veut nous prendre notre tunique, nous devons aussi lui donner notre manteau.
Jeziel ému se mit à pleurer. Ce Christ aimant et bon, suspendu à la croix de l'ignominie humaine, était la personnification de tous les héroïsmes du monde. C'était comme s'il se soulageait à l'analyser ! Il se sentait réconforté de ne pas avoir réagi face au despotisme dont il avait été victime. Le Christ était le Fils de Dieu et il n'avait pas dédaigné la souffrance. Son calice avait débordé et Pierre lui laissait comprendre que dans les moments les plus âpres, ce Maître inconnu et humble en ce monde, avait su transmettre des leçons de courage, de résignation et de vie. En exemple de son amour, cet homme simple et affectueux qui l'appelait frère, était là, il l'accueillait comme un père dévoué. Le jeune homme se souvint de ses derniers jours à Corinthe et il a longuement pleuré. C'est ainsi qu'ouvrant son cœur, il a pris les mains de Pierre et lui a raconté toute sa tragédie, sans rien omettre et suppliant ses conseils.
Lorsqu'il eut fini son récit, il a ajouté ému :
Vous m'avez révélé la lumière du monde ; pardonnez-moi alors si je vous révèle mes souffrances qui doivent être justes. Vous portez dans votre cœur les lumières des paroles du Sauveur et vous avez inspiré ma pauvre vie.
L'apôtre l'a étreint et a murmuré :
Je pense qu'il est plus prudent que tu gardes l'anonymat car Jérusalem est pleine de Romains et il serait injuste de compromettre le généreux ami qui t'a rendu ta liberté. Ton cas, néanmoins, n'est pas nouveau mon frère. Je suis dans cette ville depuis presque un an et ces pauvres lits ont vu défiler les plus singulières créatures. Moi qui étais un misérable pêcheur, ai acquis une grande expérience du monde pendant ces quelques mois ! À ces portes ont frappé des hommes en haillons qui furent un jour des hommes politiques importants, des femmes lépreuses qui furent presque des reines ! En contact avec l'histoire de tant de rêves déchus par le jeu des vanités mondaines, je reconnais maintenant que les âmes ont besoin du Christ, par dessus tout.
Ces explications singulières étaient d'un grand réconfort pour Jeziel, qui l'interrogea avec reconnaissance :
Et vous pensez que je pourrais vous servir en quoi que ce soit ? Moi qui ai été captif des hommes, je désirerais être l'esclave du Sauveur qui a su vivre et mourir pour nous tous.
Tu seras mon fils, désormais - s'exclama Simon transporté de joie.
Et puisque je dois me reformer en Jésus Christ, comment m'appellerai-je ? - a demandé Jeziel avec des yeux remplis de joie.
L'apôtre a réfléchi un moment et lui a dit :
Pour que tu n'oublies pas l'Achaïe où le Seigneur a daigné aller te chercher pour son ministère divin, dans le nouveau credo, je te baptiserai du nom grec d'Etienne.