Elle médita sa réponse en silence, visiblement contrariée. La chanteuse noire chantait du blues et Malko se leva, entraînant la jeune Allemande sur la piste.
— Demain sera un autre jour...
C’était un slow langoureux et ils n’étaient que trois couples à danser. Très vite, Anna Litz s’abandonna à la musique. Sans retenue. Se fondant à Malko d’une façon très sensuelle.
Ils dansèrent un long moment, jusqu’à ce que la chanteuse fasse une pause. Ensuite, dans le taxi les ramenant au Serena, Anna Litz somnola. Ce n’est qu’en regagnant le bungalow qu’elle se serra soudain contre Malko.
— Il y a des singes !
— Les singes dorment la nuit, assura Malko.
Il faisait une chaleur étouffante dans le bungalow : ils avaient oublié de mettre la clim. Il gagna sa chambre et avait commencé à se déshabiller lorsqu’il entendit un cri perçant. Dix secondes plus tard, Anna Litz surgit, les yeux hors de la tête, en slip et soutien-gorge blancs et se jeta dans ses bras.
— Il y a une énorme bête dans le lit ! lança-t-elle.
Malko ne profita qu’un court instant du contact de son corps tiède et la suivit. À travers la moustiquaire, il aperçut un gros lézard noir terrifié, immobile sur le drap blanc, cherchant à passer inaperçu... Un gekko. Totalement inoffensif.
Il écarta la moustiquaire et le chassa, après avoir ouvert la porte du bungalow.
— Voilà, conclut-il. Ils n’aiment pas la clim.
Appuyée à un des montants du baldaquin, Anna Litz le fixait, incroyablement sexy avec son soutien-gorge très échancré.
Semblant oublier sa tenue involontairement provocante.
— Eh bien, bonne nuit ! fit Malko.
Il n’eut pas le temps de parcourir cinquante centimètres. Anna Litz s’était collée à lui, écrasant sa bouche contre la sienne. Elle n’interrompit son baiser que pour dire d’un ton suppliant :
— Ne partez pas !
Malko n’en avait plus tellement envie. Pendant de longues minutes, ils flirtèrent, soudés l’un à l’autre, puis il dégrafa le soutien-gorge, découvrant deux seins en poire. Anna Litz ne se défendait pas. Lorsque Malko effleura son sexe par-dessus sa culotte, elle commença à haleter, puis, d’elle-même, s’en débarrassa. Ensuite, elle se laissa tomber en arrière sur le lit, ce qui eut pour effet d’arracher une partie de la moustiquaire. Fiévreusement, elle acheva de déshabiller Malko, faisant jaillir un membre déjà prêt qui ne demandait qu’à servir.
Malko, sans même la caresser, s’enfonça en elle de toute sa longueur, la clouant au lit qui se mit à grincer au rythme de ses coups de reins. Accrochée des deux mains à ce qui restait de la moustiquaire, Anna Litz le recevait, cuisses grandes ouvertes. Au bout d’un certain temps, elle poussa une sorte de couinement extasié puis ses jambes retombèrent... Encore raide, Malko la retourna et la prit alors en levrette, appuyé au bois du lit, s’enfonçant encore plus loin en elle.
Ce décor « Back to Africa » ajoutait à l’érotisme de la situation.
Il n’osa pas la sodomiser, mais lorsqu’il se répandit en elle, la jeune femme poussa un cri rauque.
Ils restèrent allongés l’un sur l’autre, puis Anna Litz dit d’une voix gênée.
— J’ai honte ! Je ne vous connais pas...
— Vous ne me connaissiez pas, corrigea Malko. Moi non plus, d’ailleurs, mais je vous ai trouvée très attirante tout de suite.
Elle tourna la tête.
— Vous ne direz rien aux deux autres. Sinon, ils le mettront dans leur rapport. Ils diront que je suis une putain...
— Les putains se font payer, corrigea Malko.
Elle rit. Un rire étouffé et joyeux.
— Il y a plusieurs semaines que je n’avais pas fait l’amour, avoua-t-elle. En Allemagne, j’étais si tendue avec cette affaire que je ne voulais pas le faire avec mon copain. Je ne comprends pas ce qui s’est passé...
— C’est l’Afrique, conclut Malko.
Il venait de composer sur son portable le numéro d’Andrew lorsqu’il sentit quelque chose ramper sur lui. Ce n’était pas un lézard mais la tête blonde d’Anna Litz qui s’approchait de son ventre. Il ferma les yeux de plaisir en sentant sa bouche l’envelopper et commencer à le faire grossir. La jeune femme s’appliquait, agenouillée sur les draps : ils avaient définitivement fait connaissance...
Une voix fit soudain « allô ».
— Andrew ? demanda Malko.
— Yes. Who are you ?
— Je suis un ami de Moussa Ali. J’ai quelque chose pour vous...
Un court silence, puis Andrew lança.
— You come at noon, Royal Castle Hôtel.
Il avait déjà raccroché. Malko ne put s’empêcher de lancer à Anna Litz.
— Nous avons le rendez-vous.
La jeune femme fit « hon-hon » sans s’interrompre. Cette première bonne nouvelle éveilla les instincts les plus sulfureux de Malko. Après s’être dégagé de la bouche d’Anna Litz, il vint se placer derrière elle, admirant pour la première fois la croupe inouïe. Ensuite, il s’enfonça doucement dans le ventre d’Anna Litz et demeura immobile. Surprise, la jeune femme tourna la tête.
— Ça ne va pas...
— Si, dit Malko. Vous savez ce dont j’ai envie...
Anna Litz eut un soupir résigné.
— Oui... Vous êtes tous les mêmes, les hommes...
Faites ce que vous voulez.
Elle rehaussa encore un peu son bassin, comme pour lui faciliter la tâche. Malko la contempla un moment sans bouger : le rêve absolu du sodomite. Lorsqu’il effleura la corolle bistre, il put alors mesurer l’immensité de l’hypocrisie de la jeune femme. Il s’enfonçait dans ses reins comme dans du beurre. Ce qui n’en était pas moins délicieux. Cette docilité le rendit fou et il se mit à la chevaucher sauvagement, ses genoux dans le creux des siens, comme à l’arrivée d’un concours hippique, les deux mains crochées dans les épaules de la jeune Allemande, qui criait et soupirait à son rythme... Lorsqu’il explosa, il crut que le ciel lui tombait sur la tête, tant la sensation était violente.
— Vous aimez cela ! soupira-t-elle, avec une certaine complicité. La plupart des hommes le font seulement pour avoir un trophée... C’est fou : il y a deux jours, je ne vous connaissais pas, et maintenant...
— C’est la vie ! conclut Malko en gagnant la salle de bains.
Le séjour à Mombasa commençait plutôt bien, mais le plus dur restait à faire...
Le taxi défilait entre deux rangées de bidonvilles et de bâtiments détruits : comme on agrandissait la route de Mombasa, on détruisait systématiquement les baraques au toit de tôle ondulée érigées le long de la route.
Anna Litz prit la main de Malko.
— J’ai peur.
— De quoi ?
— Je ne sais pas.
Ils arrivaient au pont de Nyali lorsque le portable de Malko sonna : c’était « Wild Harry ».
— Je ne vous ai pas oublié, dit l’Américain. Quelqu’un vous attend à la terrasse du Royal Castle avec un cadeau pour vous. Il a votre signalement.
— Tiens, remarqua Malko, j’ai justement rendez-vous là avec « Andrew ».
« Wild Harry » pouffa.
— Pas étonnant : c’est le seul endroit de Mombasa à peu près potable. Les crevettes au piri-piri ne sont pas mauvaises. O.K., take care ...
Ils entraient dans Mombasa. Le plus grand port d’Afrique de l’Est ressemblait à une vieille ville coloniale anglaise, avec ses buildings décrépis, ocres ou jaunâtres, délavés, pas entretenus, au milieu de quelques bâtiments modernes. Une circulation intense, surtout des minibus et des taxis.
Ils remontèrent N’Krumah Road, qui se prolongeait par Moi avenue, coupant Mombasa d’est en ouest. Le Royal Castle, un bâtiment blanc sale de quatre étages, ressemblait à un dinosaure de la colonisation, avec sa grande terrasse, rafraîchie par des ventilateurs. Quelques étrangers y étaient attablés, surtout des « backpackers »... Deux ou trois putes, plutôt affriolantes. Des garçons en chemise verte assuraient un service à l’indolence très tropicale. Malko baissa les yeux sur sa Breitling. Onze heures vingt : ils étaient en avance. Ils s’installèrent à une table, en face du bar intérieur.