Malko était à la fois soulagé et déçu. La manip imaginée par Mark Roll avait accouché d’une souris. Certes, il connaissait désormais le « contact » des pirates à Mombasa, il savait comment ceux-ci se déplaçaient, mais cela ne lui apportait rien sur le noyau dur de sa mission : savoir ce que les Shebabs préparaient avec leurs alliés pirates. Il n’y avait plus qu’à passer au Plan B de « Wild Harry ».
À son tour, il somnola et ne se réveilla que lorsque les roues touchèrent la piste de Nairobi.
À peine dans le hall de l’aéroport, il appela Mark Roll, le chef de station. Ce dernier sembla soulagé.
— Les gens du BND m’appellent tous les quarts d’heure ! soupira-t-il. Ils s’imaginent Dieu sait quoi.
— Tout s’est bien passé, assura Malko. Normalement, le « Moselle » est relâché demain matin... .
— J’espère. Langley m’a reproché d’avoir embarqué nos amis allemands dans un truc tordu.
— O.K., conclut Malko, dites aux gens du BND qu’on peut faire le point ensemble. Pourquoi ne pas dîner tous au Carnivore ?
— Excellente idée, conclut l’Américain, je les préviens.
— Moi, j’appelle « Wild Harry », ajouta Malko.
Il alla rejoindre Anna Litz qui attendait les bagages.
— Ailes gut ! lança-t-il. Vous allez pouvoir raconter à vos amis du BND notre expédition. Nous dînons tous ensemble.
— Il faut que je me change, je sens la transpiration.
— Moi aussi.
Du taxi, il appela Harold Chestnut.
— Ça s’est bien passé ? demanda l’ex-case-officer.
— Sans problème majeur. Je vous raconterai... On dîne au Carnivore.
— Je vous rejoins là-bas.
Anna Litz était éblouissante, dans une longue robe fluide noire qui la moulait comme un gant. « Wild Harry », arrivé le premier, sans Hawo, avait déjà un Pimm’s en face de lui. Il se leva pour baiser la main d’Anna Litz. Les deux croque-morts du BND arrivèrent, cravatés, tirés à quatre épingles, accompagnés de Mark Roll, et se lancèrent aussitôt dans un interrogatoire serré d’Anna Litz.
Malko en profita pour prendre à part « Wild Harry ».
— Je crois qu’il faut activer la filière de votre ami Omar.
— Dès demain matin, promit Harold Chestnut. Sinon, on est mal. C’était de la connerie, votre truc.
Ou alors, il fallait partir avec eux sur le « Dhow », mais c’était suicidaire.
— Rien de neuf ?
— Si. D’après Mark, la station d’écoutes de camp Lemonnier à Djibouti a intercepté, au cours des derniers mois, des appels téléphoniques en provenance de Nairobi, à destination d’un « shipshandler » de Dubai. Tous ces appels concernaient l’achat de matériel électronique. Des AIS. Soi-disant destinés à des bateaux de pêche kenyan. L’adresse de livraison était le Yacht Club de Mombasa.
— On a identifié le donneur d’ordre ?
— Oui. C’est une femme. Une certaine Agathe Kilimaro. Elle a envoyé déjà plusieurs fois de l’argent pour payer ses AIS via une officine de Hawala.
— On sait où elle habite ?
— Non. Mark essaie de le découvrir avec l’aide du NSD. À travers son portable.
— Ça ne nous concerne pas directement, observa Malko. Cela ne fait qu’un point de chute des pirates supplémentaire.
Harold Chestnut se servit d’un gros morceau de crocodile et commanda un autre Pimm’s.
— On ne sait jamais ! Je m’occupe dès demain matin d’Omar.
Anna Litz semblait rassérénée, les deux croque-morts du BND ayant approuvé sa démarche.. Pendant un moment, ils se contentèrent de se goinfrer de viande arrosée d’un blanc sud-africain. Malko, pour fêter la fin heureuse de l’opération, commanda une bouteille de Taittinger « Brut » millésime.
— Je vous demande pardon, lui souffla Anne à l’oreille. J’ai été parfois désagréable. Je ne suis pas habituée à ce genre d’affaires. Mes « baby-sitters » trouvent que nous nous sommes bien débrouillés.
Elle adoptait la terminologie barbouze.
Malko sourit.
— Rassurez-vous. Je garderai un très bon souvenir de notre voyage à Mombasa.
Les deux Teutons, rassurés, forçaient sérieusement sur la bière. Deux heures plus tard, Anna Litz avait les pommettes très roses et « Wild Harry » ressemblait de plus en plus à un Bouddha heureux. Dans la voiture qui les ramenait au Serena, Anna Litz soupira :
— Je ne vais pas fermer l’œil de la nuit ! On ne sera fixé que demain matin...
— Restons éveillés ensemble, suggéra Malko.
L’Allemande secoua la tête.
— Oh, non ! Je suis trop crispée pour faire l’amour... Pourvu qu’ils tiennent parole.
Du coup, Malko alla se coucher seul, repoussant courageusement une très jolie pute, sûrement une ancienne Miss Sida, qui le suivit jusque dans l’ascenseur.
Anna Litz hurlait dans le combiné, sanglotant de joie.
— Ils l’ont relâché ! Il est déjà en haute mer ! bredouilla-t-elle. Il s’est mis sous la protection d’une frégate indienne qui passait par là. C’est merveilleux !
Ach ! Mein Gott. Es ist wunderbar !
— Bravo ! dit Malko, en baissant les yeux sur sa Breitling qui indiquait six heures et demie du matin.
Anna avait l’enthousiasme matinal.
— Oh, je veux vous voir maintenant ! lança la jeune femme. Je suis très excitée.
Malko eut juste le temps de passer un peignoir. Une tornade se rua dans sa chambre : Anna, enveloppée dans un peignoir du Serena. Il glissa de ses épaules dès qu’elle entra et elle se jeta dans les bras de Malko, uniquement vêtue d’un slip blanc très seyant.
— Wunderbar, wunderbar ! répétait-elle.
Peu à peu, son enthousiasme changea de nature. Malko sentit son pubis presser impérativement le sien.
— Faites-moi l’amour ! souffla Anna. Maintenant.
Je suis dénouée.
Déjà, elle faisait glisser son slip. Malko n’eut qu’à s’allonger sur elle pour la pénétrer jusqu’à l’estomac. Elle était dénouée et inondée. Bondissant comme une carpe sous lui, à chacun de ses coups de rein.
Déchaînée, elle lança :
— Ach, Sie wissen vie mon eine Frau fickt ...
Cela déchaîna encore plus Malko, qui lui replia les jambes sur la poitrine pour la pénétrer encore plus profondément. À l’accélération de ses mouvements, Anna sentit qu’il était sur le point de jouir. Elle le repoussa, presque avec brutalité.
— Hait ! Kommen siejetz. Ich môchte sie zwischen meine Titten spitzen !
En même temps, elle emprisonnait le membre tendu entre ses seins, les rapprochant l’un de l’autre.
Il ne tarda pas à exploser, tandis qu’Anna le buvait tant bien que mal, le pressant comme une orange pour ne pas perdre une goutte de sperme. Finalement, Malko, arcquebouté au-dessus d’elle, s’enfonça tout entier dans sa bouche... Lorsqu’il se retira, Anna murmura d’une voix énamourée.
— Es ist ein schôner Schwanz ...
Malko roula sur le côté et entendit Anna dire à voix basse.
— Je n’avais jamais osé demander cela à un homme, mais aujourd’hui, c’est différent...
Il allait répondre lorsque son portable sonna. Il faillit ne pas répondre, mais cela pouvait être « Wild Harry ». Ce n’était pas lui, mais il reconnut la voix rocailleuse d’Ali Moussa, le gros Somalien.
— Good morning, fit ce dernier, je suis désolé de vous réveiller, mais j’ai des amis qui souhaiteraient vous rencontrer.