En sus des proies, il permettait de repérer les navires de guerre de la Ve flotte Ils ou ceux de la Task Force 150 croisant dans l’Océan Indien. En cas de danger, le « Buruh Océan » s’éloignait prudemment.
Cette nuit-là, il était à l’affût depuis déjà deux heures et Ibrahim Issaq Yarow, l’opérateur de l’AIS, commençait à avoir mal aux yeux à force de fixer son écran.
Soudain, il sursauta : un petit triangle orange venait d’apparaître en haut, à droite, de son grand écran, souligné d’un numéro de neuf chiffres, son code OMI dont les trois premiers chiffres donnaient la nationalité du navire.
Fiévreusement, Ibrahim Issaq Yarow passa au plus petit écran et tapa le numéro OMI. Quelques secondes plus tard, une série d’indications s’affichèrent sur l’écran : MV FAINA, battant pavillon de Belize, cargo. Port d’attache Sebastopol, port de destination Mombasa. Suivaient la taille du navire, son tirant d’eau, sa position, latitude et longitude, son cap, sa vitesse et son statut. En utilisant sa souris, l’opérateur obtint le dernier renseignement, le plus important à ses yeux : en suivant le cap 320, le « Buruh Océan » ne se trouvait qu’à 32 miles nautiques du MV Faina. C’est-à-dire deux heures de mer.
Toutes ces indications étant actualisées toutes les vingt secondes, c’était un jeu d’enfant d’intercepter leur proie. Prodigieusement excité, Ibrahim Issaq Yarow se leva pour aller avertir le chef des pirates, Garda Abdi, surnommé « l’homme qui ne dort jamais ».
Garda Abdi ne sentait même pas la chaleur poisseuse de l’étroit réduit situé sous la dunette, à l’atmosphère irrespirable, baptisé pompeusement la cabine du commandant. Des parois d’acier, un hublot toujours fermé, une sourde odeur de gas-oil et des matelas posés à même le sol.
Le pirate venait de regagner son antre, après un bref tour sur le pont. Frappé d’insomnie chronique, il avait du mal à dormir plus de quatre heures par nuit. Il regarda quelques instants la fille endormie sur un des matelas, enroulée dans un long pagne, Saida, sa troisième épouse qu’il venait de s’offrir avec une partie de l’argent de sa précédente rançon. Une ravissante vierge de quatorze ans et demi que sa famille lui avait cédée pour cinq mille dollars...
Dans sa hâte de la consommer, il l’avait emmenée dans l’expédition du « Buruh Océan », privilège du chef, mais la laissait enfermée à double tour, afin de ne pas susciter la concupiscence de ses hommes qui, eux, n’avaient pas droit à cette gâterie.
Il se laissa tomber sur le matelas, s’approcha, puis écarta doucement le pagne, dévoilant les jambes de Saida qui se réveilla en sursaut. Croisant le regard luisant de lubricité de son mari, elle comprit immédiatement la raison de sa visite.
D’ailleurs, déjà, il défaisait son pantalon de toile, exhibant un caleçon mauve gonflé par un sexe déjà en érection. Il n’avait pas eu le temps de l’enlever quand, docilement, Saida défit son pagne, apparaissant entièrement nue. Il faisait trop chaud pour porter des dessous et, d’ailleurs, elle n’en mettait jamais. Son nouveau mari tenait à ce qu’elle soit toujours prête à être utilisée.
Sans un mot, elle s’allongea sur le dos, les cuisses déjà ouvertes, prête à se faire saillir. Priant pour qu’il ne soit pas trop brutal. Garda contempla longuement son corps gracile, avec ses petits seins hauts, sa peau mate, luisante de transpiration. Le tangage du chalutier l’excitait. Machinalement, il commença à se masturber à travers son caleçon, sous le regard inquiet de son épouse.
Il n’eut pas le temps de se manueliser longtemps. À vingt-six ans, même en se goinfrant de Khat, il pouvait faire l’amour plusieurs fois par jour. Il fit enfin glisser son caleçon mauve, découvrant le long sexe recourbé comme un cimeterre dont il était très fier. Saida écarta encore plus les cuisses. Garda n’était pas du genre câlin et ignorait même l’existence du clitoris. La plupart des Somaliennes étaient d’ailleurs excisées, ce qui réglait la question... Soudain, en contemplant le triangle de fourrure noire, le jeune pirate eut envie d’autre chose.
— Retourne-toi ! lança-t-il.
Saida obéit sans discuter, se mettant automatiquement à quatre pattes, le visage contre la paroi de la cabine. Garda sentait son cœur cogner contre ses côtes. La vue de cette croupe merveilleusement callipyge lui mettait l’eau à la bouche. Les Somaliennes étaient réputées pour la beauté de leur chute de reins et le grain de leur peau.
Il prit son sexe de la main gauche et tâtonna entre les cuisses disjointes jusqu’à ce qu’il trouve l’ouverture du sexe juvénile. Légèrement humide, mais, hélas, ce n’était pas l’excitation, seulement la transpiration... Il se cala bien et, de toutes ses forces, donna un violent coup de rein en avant, faisant pénétrer son « cimeterre » aux trois quarts dans le ventre de sa très jeune épouse.
Saida poussa un cri bref. L’imposante massue était disproportionnée pour son sexe déjà peu enthousiaste...
Garda n’en eut cure.
Une fois bien abuté, il saisit Saida par les hanches et donna un second coup de rein, afin de faire pénétrer tout son sexe. La jeune femme poussa encore un cri de souris. Avec l’impression d’être ouverte en deux. Garda se retira presque entièrement, et repartit aussitôt à l’assaut. Avec tant de vigueur que, poussée en avant, la tête de Saida heurta la paroi d’acier de la cabine.
Son mari continua de plus belle. Peu à peu, les muqueuses de Saida se dilataient et il la prenait plus facilement. Volontairement, il retenait son plaisir car il avait bien l’intention de terminer sa récréation dans ses reins.
Il adorait être serré à se faire mal.
Maintenant, à chacun de ses coups de reins, la tête de Saida cognait la paroi d’acier avec un bruit sourd, ce dont Garda se moquait. Au contraire, il prenait son élan pour mieux s’enfoncer en elle. Il allait se retirer pour violer enfin ses reins — la première fois, il avait dû la menacer de l’égorger si elle ne se laissait pas faire — quand on tambourina à la porte d’acier.
— On l’a repéré ! cria Ibrahim Issaq.
Garda regarda son sexe raide, rouge et brûlant.
— J’arrive ! cria-t-il.
À la fois joyeux et frustré, il s’enfonça une seule fois dans les reins de sa femme qui hurla de douleur. Il eut quand même le temps de lâcher sa semence, aplatissant Saida sur le matelas et se retirant aussitôt. Le temps de remettre son caleçon et son pantalon de toile, il sortait, prenant le temps de refermer soigneusement la porte de la cabine et de glisser la clef dans une poche secrète de son pantalon.
— Où est Hashi ? demanda-t-il.
— Au pied de la dunette.
— Réveille les autres, je m’occupe de lui.
Le reste de l’équipage et les pirates dormaient dans l’entrepont, au-dessus de la cale. Garda Abdi se dirigea vers la passerelle et aperçut une forme enroulée dans une couverture, d’où ne dépassait qu’un keffieh rose.
Hashi Farah, en dépit de son jeune âge, était déjà un héros des Shebabs, les milices islamistes qui étaient en train de grignoter la Somalie, village après village. Il militait depuis plus de dix ans. Au départ, en 1998, il avait accueilli en Somalie les rescapés de l’équipe d’Al Qaida qui avait fait sauter l’ambassade des États-Unis à Nairobi. Ensuite, grâce à leurs contacts, il avait été combattre en Afghanistan pendant plus d’un an. À son retour, il avait rejoint comme chef la milice d’un des tribunaux islamiques les plus radicaux, Ifka Halane Court.
Se distinguant par sa haine des gaalo. À Mogadiscio, il avait installé un camp d’entraînement dans un ancien cimetière italien dont il avait déterré tous les corps pour les jeter à la mer, afin qu’ils ne souillent pas ce lieu devenu musulman. Garda Abdi le secoua légèrement et il se réveilla en sursaut.