Выбрать главу

Cette fois, il était mal parti. Le sort réservé à Ali Moussa, qui était pourtant des leurs, n’était pas pour le rassurer.

Est-ce que la CIA allait payer trois millions de dollars pour le récupérer ?

CHAPITRE X

La nuit était tombée depuis longtemps et « Wild Harry » commençait à s’inquiéter. Il appela le portable de Malko qui passa directement sur messagerie. Après cinq minutes de grâce, il gagna la réception.

— J’ai rendez-vous avec M. Ali Moussa, annonça-t-il.

— Block « Flamingo ». Bungalow 20, lança l’employé.

« Wild Harry » erra un peu dans les sentiers peu éclairés mais arriva enfin devant le bungalow 20.

Pas de lumière, pas de véhicule. Il écouta un moment, puis appela Mark Roll.

— Il y a un loup ! annonça-t-il. Je vais explorer le bungalow 20 du Block « Flamingo » au Safari Park.

Si je ne donne pas de nouvelles dans cinq minutes, envoyez la cavalerie...

Il sonna à la porte du bungalow. Pas de réponse. Pourtant, quand il tourna la poignée de la porte, celle-ci s’ouvrit sans problème. L’odeur du sang frais lui sauta instantanément aux narines. Sans se démonter, il trouva le commutateur et alluma. Le cadavre de Moussa Ali formait un gros monticule au milieu de la pièce. « Wild Harry » ne chercha pas à savoir comment était mort le gros Somalien. S’approchant de la table, il aperçut le portable de Malko posé sur une feuille de papier où étaient écrites quelques lignes... Le temps de les lire, il rappela Mark Roll.

— Malko a été kidnappé, annonça-t-il, Moussa Ali égorgé et les pirates prétendent que les deux millions de dollars étaient des faux billets.

La réponse du chef de station de la CIA « fusa ».

— My God !

— Convoquez votre homologue du BND immédiatement. Celui qui vous a mis sur ce coup foireux. Je vous rejoins à l’ambassade. Inutile de prévenir les Kenyans pour le moment. Il faut réagir vite.

* * *

Gerd Frolich, le représentant du BND à Nairobi, blanc comme un linge, faisait face à Mark Roll, de toute évidence dépassé. Il était presque neuf heures du soir et l’appel du chef de station de la CIA l’avait arraché à un dîner chez les Britanniques.

— Je ne suis au courant de rien, affirma-t-il. Pullach m’a seulement donné l’ordre d’assister mes collègues.

Assis dans un coin du canapé, « Wild Harry » mâchonnait une allumette nerveusement II laissa tomber.

— Envoyez un télégramme tout de suite à Pullach.

Il nous faut la vérité. Si les billets de la rançon étaient faux. Si c’est le cas, savoir qui a eu cette brillante idée.

— Vous y croyez ? demanda Mark Roll.

L’ex-case-officer haussa les épaules.

— Je ne vois pas pourquoi les pirates et leurs copains se seraient lancés dans cette opération sans raison. Il y a eu déjà plusieurs versements de rançons. Lorsqu’ils ont l’argent, les pirates agissent correctement.

— Je fais immédiatement le nécessaire, promit Gerd Frolich avant de filer.

Dès que le fonctionnaire du BND fut parti, « Wild Harry » lança.

— Il faut retrouver Malko, coûte que coûte.

— Comment ?

— Appelez vos homologues du NSI. Essayez de trouver un fil à tirer. Ils peuvent interroger le personnel de l’hôtel. Une chose m’intrigue : Ali Moussa ne jetait pas l’argent par les fenêtres. Pourquoi ce rendez-vous dans un endroit aussi luxueux que le Safari Park ?

Mark Roll regarda sa montre.

— À cette heure-ci, cela ne va pas être facile.

— Ils ont bien une permanence au NSI, grommela « Wild Harry ».

* * *

Hadj Aidid Ziwani s’était installé au onzième étage de l’hôtel Panari, route de Mombasa, où il avait ses habitudes, posant son hélico dans l’immense terrain vague s’étendant en face de l’hôtel. L’appareil avait gagné ensuite Wilson Airport.

Le téléphone fixe sonna. C’était la réception.

— Un certain Hassan Timir vous demande, sir, annonça l’employé.

— Qu’il monte.

Hassan Timir était son principal acheteur de maraa et, aussi, le contact des pirates à Nairobi. Hadj Aidid Ziwani gagna le hall d’entrée de sa suite, l’estomac noué. Pourvu que Timir ait de bonnes nouvelles !

Il ouvrit au premier coup de sonnette et le filiforme Somalien se glissa dans la suite, à la fois servile et sûr de lui, s’inclinant profondément devant Hadj Aidid Ziwani.

— Tout s’est bien passé, annonça-t-il sans préambule. Ali Moussa a été puni de sa légèreté et nous nous sommes emparés de l’espion américain. En laissant une note disant que nous le rendrons contre trois millions de dollars.

Hadj Aidid Ziwani se laissa tomber dans un profond fauteuil, soulagé. Il était venu pour rien de Mombasa.

— Très bien ! approuva-t-il, je pense que les Américains ne vont pas faire de difficultés pour payer.

Moi, je vais repartir demain matin à Mombasa.

Son interlocuteur demeura impassible, mais ce qu’il dit tétanisa Hadj Aidid Ziwani.

— C’est dangereux de traiter cette affaire à Nairobi. Le NSI mange dans la main des Américains et des Israéliens. Ils possèdent des moyens électroniques très perfectionnés et risquent de nous localiser.

— Qu’est-ce que vous comptez faire, alors ?

— Transporter l’otage en Somalie.

— De Nairobi, c’est loin et les routes sont surveillées, objecta aussitôt Hadj Aidid Ziwani.

— C’est vrai, aussi nous avons décidé de le faire partir de Mombasa, dans un dhow de pêcheurs. Une fois qu’il sera de l’autre côté, nous serons en position de force.

Hadj Aidid Ziwani fit la moue.

— Il n’y a qu’une seule route pour Mombasa et les Kenyans vont sûrement y installer des « check-points ».

— Nous ne prendrons pas la route...

— Comment ferez-vous ?

— Vous êtes venu en hélicoptère, n’est-ce pas ?

Hadj Aidid Ziwani sentit le sang se retirer de son visage. Hassan Tirnir lui demandait un engagement personnel qui pouvait lui coûter cher. Certes, il était riche, estimé, protégé, mais la main de l’oncle Sam était lourde au Kenya. Et les Américains n’hésitaient jamais à venger les leurs.

— C’est difficile et dangereux, objecta-t-il.

— On l’amènera à Wilson Airport dans un sac, comme un chargement de maraa, assura le Somalien.

Dès demain matin, juste avant votre départ...

Hadj Aidid Ziwani réalisa qu’il s’était involontairement piégé en annonçant son retour rapide sur Mombasa. Toujours impassible, Hassan Timir se leva, s’inclina profondément devant lui et dit de sa voix douce.

— Je viendrai ici demain matin vers huit heures. Nous attendrons la dernière minute pour effectuer le transfert. C’est facile, à Wilson Airport, il n’y a aucun contrôle pour les vols domestiques. Et puis, vous êtes très connu et respecté.

Sur ce dernier compliment, teinté de menace, il gagna la porte et s’esquiva. Laissant Hadj Aidid Ziwani ivre de rage. L’autre ne lui laissait pas le choix. Or, en participant au kidnapping d’un agent de la CIA, il franchissait une ligne rouge. Les autorités kenyanes se moquaient de la corruption et même des activités des pirates, mais là, c’était politique. Et si les Américains découvraient son rôle, il risquait de se retrouver à Guantanamo ou avec deux balles dans la tête.