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— Mais c’est impossible ! protesta le chef de station de la CIA. Et puis, vous n’avez aucun élément qui...

— C’est vrai, reconnut « Wild Harry », mais j’ai mal dans ma jambe et ça ne trompe pas. Démerdez-vous, trouvez-moi un jet privé qui puisse décoller maintenant.

Il coupa, pour ne pas laisser Mark Roll tergiverser, et dut attendre vingt bonnes minutes avant de voir réapparaître Paul, très excité.

— Je crois que j’ai quelque chose, bwana, annonça-t-il. J’ai été traîner sur la piste et j’ai pu parler aux bagagistes qui ont chargé l’hélico. Ce sont toujours les mêmes qui s’en occupent. Ils m’ont dit que, hier, Hadj Aidid Ziwani n’avait que deux valises. Or, quand il est reparti tout à l’heure, on a chargé un grand sac dans l’appareil. Ils ont pensé que c’était de la maraa.

« Wild Harry » bouillait littéralement.

— Combien de temps il met pour atteindre Mombasa ?

— Deux heures et demie environ, il va directement dans sa propriété.

— Super, Paul ! lança « Wild Harry », vous aurez droit à un énorme ice-cream.

Paul aurait vendu son âme pour un ice-cream... « Wild Harry » rappelait déjà Mark Roll.

— Je suis à peu près sûr que Malko est dans cet hélico, annonça-t-il.

Il expliqua au chef de station les raisons de sa conviction. Mark Roll ne discuta pas, cette fois.

— Je n’ai pas trouvé de jet, avoua-t-il. Juste un turbo-prop qui peut décoller dans une demi-heure. Vous n’êtes pas certain d’arriver avant l’hélico.

— Tant pis. On va faire avec.

— O.K. C’est la Blue Bird Aviation. Allez directement à leur bureau.

« Wild Harry » se tourna vers Paul.

— Appelez vos copains à Mombasa. Qu’ils mettent tout de suite une surveillance en place autour de la propriété de Hadj Aidid Ziwani et qu’ils viennent nous chercher à Mombasa Airport avec de la « quincaillerie ».

Ils partaient tout nus...

— Hakuna matata, bwana, fit Paul avec son sourire de cannibale.

Il était déjà en train de sortir son portable. Le hangar de la Blue Bird Aviation était facile à repérer, peint d’un magnifique bleu cobalt. Tandis qu’il remplissait les papiers du charter, « Wild Harry » se demanda s’il allait arriver à temps pour récupérer Malko. La frontière franchie, c’était fini.

CHAPITRE XII

Hadj Aidid Ziwani, assourdi par le grondement du rotor, regardait les collines vertes défiler sous le Bell. Dans cette zone, le Kenya ressemblait à la Suisse. Étreint par un sale pressentiment. C’était la première fois depuis longtemps, qu’il se mêlait directement à une opération. Et quelle opération ! Le kidnapping d’un agent de la CIA. Il n’ignorait pas l’acharnement avec lequel les Américains traquaient ceux qui se conduisaient comme lui. Khamsi Youssouf, le Pakistanais qui avait tiré sur des agents de la CIA à l’entrée de Langley, avait été traqué pendant des années à travers le monde, jusqu’à ce qu’il soit « vendu » aux Américains par son meilleur ami à Islamabad, alors qu’il se croyait sorti d’affaire...

C’est le sort qui attendait Hadj Aidid Ziwani si les Américains apprenaient son implication. Le reste de sa vie en prison. Ou une bombe qui explose dans l’hélico. Il était sûr d’Hassan Timir, l’homme qui lui avait demandé ce service mais il craignait les bavardage plus tard : il était un homme en vue, avec des ennemis.

Il y eut quelques trous d’air et il resserra son harnais. Il jeta un coup d’œil sur sa Breitling : encore une heure avant de se poser dans sa propriété, à Nyali. Ensuite il allait compter les minutes pour être débarrassé de son encombrant colis... Plongé dans sa méditation morose, il sursauta quand le pilote, un Néerlandais, ôta ses écouteurs radio et se pencha vers lui.

— Sir, je viens de recevoir un message de Wilson Airport. Après notre départ, un type bizarre est venu poser des questions sur vous et sur ce que nous emportions à Mombasa. Ils se demandent si ce n’est pas un agent de la lutte antidrogue...

Le milliardaire kenyan sentit son cœur se rétrécir. Comment avaient-ils pu savoir ?

— C’était un muzungu!

— Non. Un Kenyan. Donc, c’était moins mauvais. Il se força à sourire.

— Merci. Il y a toujours des emmerdeurs.

Il se retourna, fixant le sac de jute, à l’intérieur duquel était enfermé le prisonnier. Refrénant une furieuse envie de le balancer par-dessus bord. Provisoirement, cela résoudrait son problème. Mais on découvrirait bien le corps, et alors... Sans parler de ses partenaires qui seraient furieux. Jeter par-dessus bord trois millions de dollars... Il refréna une envie pressante d’appeler ceux qui devaient venir prendre livraison de son encombrant passager à Mombasa. Il ne voulait pas laisser de trace...

Il ne restait plus qu’à prier Allah pour que le transfert à Mombasa se fasse rapidement. Une fois débarrassé de l’otage, on ne pourrait plus rien prouver contre lui...

Le Turbo-Prop filait à 240 nœuds à l’heure dans un ciel limpide. Déjà, on apercevait la ligne de la côte dans le lointain. « Wild Harry » trépignait intérieurement, consultant sa montre toutes les trois minutes. La Station de la CIA de Nairobi était sens dessus dessous. Tout tournait autour de la récupération de Malko. À côté de lui, Paul, la bouche ouverte, somnolait.

Normalement, on devait les attendre à l’aéroport de Mombasa, avec de la « quincaillerie » et un véhicule. Paul était bien organisé.

Enfin, l’aéroport apparut dans le lointain, situé à une vingtaine de kilomètres de Mombasa, à l’intérieur des terres. Aucun appareil ne se trouvait sur le tarmac. Il y avait très peu de vols, sauf en saison touristique.

Le Turbo-Pop commença sa descente et ils attachèrent leur ceinture. En sentant les roues toucher le sol, « Wild Harry » poussa un soupir de soulagement intérieur. Il restait à gagner sa course contre la montre.

* * *

Bashir Aden, assis sur ses talons, à l’extrémité du promontoire dominant le marché aux poissons du vieux port de Mombasa, regardait le petit « dhow » en train de remonter le bras de mer pour venir s’amarrer en face de la berge. Il venait de Merka et faisait escale régulièrement à Mombasa pour y vendre son poisson séché avant de repartir en Somalie avec des vivres et différentes marchandises. Le patron du « dhow » était le cousin d’un des chefs pirates d’Hobyo. Il avait été prévenu de la cargaison particulière qu’il allait ramener en Somalie. Bashir Aden qui travaillait en liaison étroite avec les pirates, avait tout organisé. Dès que le « dhow » serait prêt à repartir, il enverrait un fourgon chez Hadj Aidid Ziwani pour ramener le « colis » qui prendrait aussitôt la mer.

Le déchargement et la vente du poisson allaient prendre environ trois heures. Il ferait donc totalement nuit. Discrétion parfaite, et, dans ce quartier somalien, personne ne posait de question.

* * *

Le 4x4 Hyundai rebondissait de trou en trou, fonçant vers la route côtière, Mombasa-Kilifi. Celle de l’aéroport était entièrement bordée de bidonvilles qui s’étendaient sans arrêt. Une marée de tôle ondulée. « Wild Harry », assis à côté du conducteur, un ami de Paul, petit, moustachu et trapu, regardait le paysage, distrait, baissant sans arrêt les yeux sur son chronographe. Problème : ils n’avaient pu trouver personne pour aller planquer devant la résidence du milliardaire. Impossible donc de savoir si l’hélico s’était déjà posé. Et si on était déjà venu prendre livraison de Malko, si ce dernier se trouvait dans l’hélico.