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« Wild Harry » avança la tête dans la salle de bingo où une voiture japonaise était exposée sur une estrade.

Puis, au fond, dans la salle des tables de roulette, désertes.

Un flot de gens traversait le hall sans arrêt. Circulant entre la boutique Bâta, à gauche, et l’escalier sur la droite menant à une minigalerie commerciale au premier, qui donnait aussi sur Standard street.

Ils revinrent à la cafétéria.

Aussitôt, un Africain en T-shirt orange glissa de son tabouret, s’approcha de l’Américain et, la bouche pratiquement collée à son oreille, lui glissa quelques mots.

« Wild Harry » se dégagea en riant.

— Il dit qu’il a un lot de diamants Zaïrois ramenés directement de Goma. À un prix formidable...

Il continua sa tournée, engageant la conversation avec une demi-douzaine de types, puis il se fit alpaguer par un Noir trapu en chemise à fleurs. La conversation dura un peu plus longtemps. Hilare, « Wild Harry » se retourna vers Malko.

— Il a une jeune fille, presque neuve, une soi-disant Masai, qui arriverait de sa cambrousse avec son pucelage en bandoulière. Deux mille shillings. Je le connais, c’est un petit mac.

Ils s’installèrent autour d’un tabouret et « Wild Harry » soupira :

— Ici, on trouve de tout : des armes, de la drogue, des filles et surtout des histoires à dormir debout ! Au milieu de ce merdier, il y a parfois de vraies infos.

Tout en parlant, il suivait des yeux une Noire incroyablement cambrée, perchée sur des escarpins rouges, qui sortait de la boutique BATA ; tout à coup, il se frappa le front.

— Je suis con !

Il se leva et Malko le vit s’engouffrer dans la boutique BATA, dont il ressortit, épanoui.

— J’ai un copain qui vend des escarpins aux putes, expliqua-t-il, ou plutôt qui les leur prête contre une petite pipe. Il les connaît toutes. Je lui ai expliqué ce que je cherchais et il m’a dit qu’il en connaissait une spécialisée dans les Somaliens haut de gamme. Pour 200 shillings, il l’a appelée en lui disant qu’un muzungu de ses amis cherchait une fille. Elle arrive.

Il n’y a plus qu’à attendre...

Ils recommandèrent un café pour Malko, un Pimm’s pour « Wild Harry ». Un Noir, très bien habillé, avec une magnifique cravate rouge et un costume rayé s’approcha d’eux et déposa sa carte sur le tabouret.

— Je suis à l’appartement 28, dit-il, j’ai de très bonnes choses à vendre.

— Quoi donc ? demanda « Wild Harry ». L’autre baissa la voix.

— De l’uranium, Bwana. Ça vient du Zaïre. « Wild Harry » éclata de rire.

— Alors, tu dois être radioactif depuis le temps ! Sérieux comme un pape, le Noir affirma aussitôt :

— Non, Bwana. Moi, je suis immunisé. J’ai un très bon gri-gri.

Quelques « marnas » énormes roulèrent à côté d’eux, se dirigeant vers la salle de bingo. Malko commençait à trouver le temps long. Enfin, il aperçut une Noire, très grande, dont la robe orange boutonnée devant contenait à peine l’énorme poitrine, qui venait d’entrer dans le lobby. Hautaine comme une princesse, elle filait vers la boutique BATA.

— Ça doit être elle, souffla « Wild Harry ».

La fille ressortit de la boutique. Regarda autour d’elle et fonça vers leur tabouret : elle ne risquait pas de se tromper : ils étaient les deux seuls Blancs. Elle s’arrêta à un mètre, gonfla sa poitrine à faire exploser les boutons de sa robe et lança.

— Jambo, Bwana. C’est toi qui veux me voir ?

Son énorme bouche s’ouvrait sur des dents d’un blanc éblouissant.

— C’est moi, confirma « Wild Harry ». Elle se rapprocha à le toucher et souffla :

— Alors, tu es debout... Discrètement, sa main s’était plaquée sur le ventre de « Wild Harry ». Celui-ci ne se troubla pas, prit dans sa poche cinq billets de 100 shilings et les glissa dans la main gauche de la fille.

— Il y a longtemps que je ne bande plus ! fit-il, mais je cherche une information.

La Noire se rembrunit.

— Je ne te plais pas ?

— Si, affirma « Wild Harry ». Tu vas avec des Somaliens ?

— J’en connais, fit-elle, après une courte hésitation. Pourquoi ?

— L’Honorable Ahmed Mohammed Omar, ça te dit quelque chose ?

Silence.

— J’aime pas les questions, fit-elle, boudeuse. « Wild Harry » réinjecta 500 shilings.

— Comment il est ?

— Grand, costaud, les cheveux très plats, la peau sombre. Il adore les cravates roses.

Une lueur brève passa dans le regard langoureux de vache marchant au Prozac.

— Il a un gros bâton ?

— Je sais pas, fit « Wild Harry », j’ai pas baisé avec lui.

Ça ne dérida pas la fille à la robe orange, qui laissa tomber.

— Je suis montée avec un type qui a plein de cravates roses et une queue énorme. Il est méchant. J’ai cru qu’il allait m’arracher les seins.

— Ça serait dommage, ils sont très beaux, affirma « Wild Harry ». C’était où ?

— Au Grand Regency.

— Tu te souviens du numéro de la chambre ?

— Non.

— De l’étage ?

— Non.

« Wild Harry » comprit qu’il n’en sortirait plus rien.

— Merci, conclut-il. Je t’enverrai des copains. La fille sortit une carte de son sac et la lui tendit.

— Tiens.

Sans un mot de plus, elle s’éloigna en balançant son incroyable croupe.

— Beaucoup de Somaliens sont au Regency, dit l’Américain. Je pense que c’est lui.

— On y va ?

— Attendez. Je connais Omar. Il est prudent. Si on le demande à l’hôtel, ils diront qu’il n’habite pas là. Les employés de la réception sont des tombes, là-bas. Sinon, ils perdent leurs clients. Donc, on va faire une petite manip... Venez.

Ils s’engagèrent dans l’escalier menant à la galerie du premier. Plusieurs jeunes Noirs traînaient devant les boutiques.

« Wild Harry » s’approcha de l’un d’eux et échangea quelques mots avec lui. Aussitôt, le Noir dégringola l’escalier menant à Standard street et disparut.

Il fut de retour quelques instants plus tard, tenant à la main un paquet enveloppé de papier journal. Qui changea de main contre trois billets de 1000 shilings.

— On est parés, lança « Wild Harry » à Malko avec un large sourire.

Ils revinrent sur l’avenue Mouindi-Mbingo et montèrent dans le premier taxi. À la grande surprise de Malko, le jeune Noir monta avec eux, à côté du chauffeur.

CHAPITRE XIV

— Grand Regency ! lança « Wild Harry » au chauffeur.

Dix minutes plus tard, le taxi stoppait sous l’auvent du Grand Regency, le plus moderne de Nairobi. Ils descendirent tous les trois et « Wild Harry » échangea quelques mots avec le Noir qui se dirigea vers le lobby de l’hôtel, loin devant eux.

La réception se trouvait tout de suite à droite, avant un escalier monumental menant à l’atrium de vingt étages, desservi par des ascenseurs transparents. Ils aperçurent le jeune Noir, son paquet à la main, qui discutait avec un employé de la réception. Il se dirigea ensuite vers les ascenseurs. « Wild Harry » et Malko sur ses talons.

— Qu’est-ce que cela veut dire ? demanda Malko.

— Je lui ai acheté de la maraa, expliqua l’Américain. Il a dit au concierge qu’il venait la livrer à Ahmed Mohammed Omar. C’est courant. Donc, il lui a donné le numéro de sa chambre...

Ils sortirent de l’ascenseur tous les trois au septième étage. Laissant le « livreur » prendre quelques mètres d’avance. Ce dernier frappa à la porte du 722. Il parlementa quelques instants à travers le battant puis recula, l’air penaud, revenant vers les deux Blancs, avec son paquet.