Выбрать главу

Il était encore penché sur sa carte lorsque Hawo revint, portant un plateau. Elle souriait.

— J’ai vu Darwish, dit-elle, je lui ai expliqué que je devais retrouver un cousin. Il viendra lui-même, avec quatre de ses hommes, demain à huit heures. Le matin, c’est un peu moins dangereux.

-Ha une voiture blindée ? Hawo secoua la tête, amusée.

— À Mogadiscio, personne n’a de véhicule blindé, sauf les Éthiopiens et ils ne les prêtent pas. Pas de gilets pare-balles, non plus. C’est une guerre primitive.

— Il ne faut pas y aller ! lança Malko. C’est une des zones les plus dangereuses de la ville. Regardez.

Hawo se pencha à son tour sur la carte, tandis que Malko lui désignait les innombrables taches de couleur signalant des « incidents ». Une sorte de petite vérole qui grêlait toute la ville et surtout cette zone-là.

— C’est vrai, soupira la Somalienne, mais, vous savez, je suis restée ici longtemps. Chaque fois que nous bougions, on avait la peur au ventre.

— Vous en êtes sortie. Pourquoi retenter le sort ?

Elle affronta son regard avec un sérieux soudain.

— C’est la vie. S’il n’y avait pas cette mission, je ne serais sûrement pas revenue ici, je préfère vendre des roses à Nairobi. Seulement, vous êtes arrivé et Harry n’est pas en état de venir ici. Dès son arrivée, on aurait su qu’il était là et on aurait ensuite tenté de le tuer. Moi, je suis une femme, on ne fait pas attention à moi.

— Il y a un avion demain ?

— Oui, je pense, dit-elle, il y en a tous les jours. Pourquoi ?

— Nous allons repartir. C’est stupide de jouer les kamikazes.

Le regard de la jeune femme s’assombrit.

— J’ai promis à Harry ! dit-elle, je ne peux pas faire cela. Et vous non plus. Ils vous font confiance. Vous avez du courage. Personne ne veut venir à Mogadiscio. Vous verrez, tout se passera bien. Vous n’avez pas faim ?

Il n’était que six heures du soir, mais ils n’avaient rien avalé depuis le matin et s’étaient levés très tôt.

— Si, un peu, avoua Malko.

— Nous allons dîner, proposa Hawo, ensuite, nous nous reposerons. Demain, vous ne bougerez pas de l’hôtel tant que je ne serai pas revenue. Il ne faut pas vous faire repérer. Déjà, c’est ennuyeux que les gens de la réception vous aient vu. J’espère qu’ils ne parleront pas.

— À qui ?

Elle sourit tristement.

— À n’importe qui. Ici, on hait les étrangers, surtout les Américains, bien sûr. Mais tous les gaal. Alors, on peut vouloir vous tuer ou vous kidnapper.

— Nous n’avons même pas d’armes, remarqua Malko.

Hawo haussa les épaules.

— Cela ne servirait à rien. Ici, quand on tue, c’est à la Kalach ou à l’explosif. Nous sommes protégés.

En plus des gardes dans l’hôtel, Darwish a laissé six de ses hommes. Il y en a dans le hall et d’autres dehors. Vous aimez le lait de chamelle ?

— J’en ai déjà goûté. Ici, il y a trois ans.

— Eh bien, j’espère que vous aimerez celui-là ! fit gaiement Hawo. J’ai aussi pris du riz et du mouton.

Il la rejoignit à table et il trempa les lèvres dans le breuvage tiède, un peu écœurant. En un quart d’heure, ils eurent terminé. La nuit était complètement tombée. Malko avait laissé la télé, sans le son.

Une série de coups de feu claquèrent, pas très éloignés. Des armes légères.

— Ça vient du port, remarqua Hawo. Des pillards qui se heurtent aux Éthiopiens.

Malko s’essuya le front. Il faisait une chaleur de bête. Près de 20° de plus qu’à Nairobi. Il baissa les yeux sur les aiguilles lumineuses de sa Breitling : sept heures et quart.

— Vous voulez vous reposer ? demanda-t-il à Hawo.

— Je vais fumer une cigarette avant, fit-elle.

Elle ne semblait pas pressée de le quitter. Ils s’installèrent, tant bien que mal, sur le lit, devant la télé. Étrange ambiance. Les coups de feu avaient cessé. Hawo se leva.

— Vous avez mon numéro de portable local.

— Non.

Elle le lui donna et lui en tendit un, fonctionnant sur le même réseau.

— De cette façon, conclut-elle, nous pouvons communiquer.

Évidemment, il n’y avait pas de téléphone dans l’hôtel. Hawo glissa l’appareil dans son sac et s’approcha de Malko.

— Bonsoir, dormez bien !

Elle l’embrassa, chastement, sur la joue, mais le contact de son corps était „beaucoup moins chaste, pressé doucement contre le sien. Il sentit la masse tiède de ses petits seins contre sa chemise de voile humide de transpiration et faillit la prendre dans ses bras. Seule l’évocation de « Wild Harry » l’en empêcha.

Hawo était-elle une allumeuse, ou désirait-elle sincèrement une aventure ?

Il n’avait pas répondu à la question lorsqu’elle referma la porte. Il reprit une douche et s’allongea. La télé parlait désormais somalien. Il n’avait pas sommeil, se demandant comment, dans cette ville immense et sans loi, il allait pouvoir retrouver la « source » de la CIA. Peut-être Amin Osman Said était-il mort depuis longtemps.

Une sonnerie le fit sursauter.

Il mit quelques secondes à réaliser que cela venait d’un des portables dont le cadran s’était allumé.

Il le prit.

— Vous dormiez ? demanda la voix douce de Hawo.

— Non, fit Malko, surpris, que se passe-t-il ?

— Rien, rien.

Silence quasi interminable, puis il demanda.

— Vous regardiez la télé ? Hawo rit.

— Oh, non, c’est trop nul ! Non, je pensais...

— À quoi ?

— À vous.

— À moi ?

Son pouls grimpa quand même un peu, à cause de l’intonation de la jeune Somalienne. Il se força pour demander :

— Pourquoi ?

— Je me demandais pourquoi, tout à l’heure, vous ne m’aviez pas embrassée.

Il en resta muet de surprise. Se sentant complètement idiot. Il avait soudain l’impression de parler à une très jeune fille, pas à une femme expérimentée de quarante ans, vivant avec un homme.

— Vous êtes l’amie de Harry, dit-il et je respecte Harry.

Elle émit un petit rire léger.

— Moi aussi, je respecte Harry, mais j’ai envie de faire l’amour avec vous.

Au moins, c’était direct. Les pensées s’entrechoquaient dans la tête de Malko. Donc, son instinct ne l’avait pas trompé. Hawo l’avait bien, sciemment, provoqué. Il eut envie de demander « pourquoi », mais c’était idiot.

— Parlez-moi, dit-elle.

— De quoi ?

— De ce que vous voulez.

Comme il ne trouvait pas tout de suite, elle demanda doucement.

— Vous aimeriez me caresser ?

— Oui, bien sûr, fit-il, pris de court.

— Dites-moi ce que vous aimeriez me faire.

Sa voix s’était faite plus pressante et il lui sembla que sa respiration, elle aussi, s’était accélérée. Brutalement, il réalisa que Hawo était sûrement en train de se caresser et décida d’entrer dans le jeu.

— J’aimerais réveiller vos seins, dit-il, les épanouir. Elle eut un petit soupir étranglé.

— C’est déjà fait, ils sont très durs, même s’ils sont petits. Je peux à peine les toucher. Continuez.

— J’aimerais ouvrir votre sexe. L’apprivoiser. Et puis...

— Et puis ? demanda-t-elle avidement.

— Et puis plonger le mien jusqu’au fond, vous défoncer, vous ouvrir. Vous faire jouir.

— Oui, fit-elle. Oui, continuez !

Il continua, lui détaillant tout ce qui lui passait par la tête, s’apercevant que son sexe tendu avait repoussé la serviette. Ce jeu érotique l’excitait au plus haut degré.

— J’ai envie de m’enfoncer dans votre ventre, lâcha-t-il,je...