— Et ensuite ?
— Je m’arrangerai pour qu’ils aient assez d’argent pour monter un petit business. Pour les papiers, c’est OK, apparemment.
Le portable de Malko sonna.
— Je n’ai pas encore trouvé l’avion, annonça Mark Roll. Par contre, nous avons mis au point un système avec l’armateur du Venus Star qui nous permettra de connaître sa position en temps réel et, donc, de le localiser facilement. Vous êtes au Serena ?
— Oui.
— Prenez un verre au bar. Je viens dès que possible.
— C’est Mark, transmit Malko à « Wild Harry ». Il est retardé.
L’Américain s’ébroua, vida son dernier Pimm’s et se leva.
— No big deal. Je vais me coucher. Je suis fatigué. Je vais prendre un taxi et Hawo ramènera la voiture.
— Je peux très bien attendre Mark seul, protesta Malko.
— No way lâcha « Wild Harry » d’un ton définitif.
Il glissa de son tabouret et s’éloigna vers le lobby, titubant légèrement. Un vieux bison atteint dans ses œuvres vives. Hawo eut un sourire triste.
— Il n’est pas bien, ce soir. Il ne supporte pas la mort d’Amin.
L’orchestre avait cessé de jouer et l’ambiance n’était pas d’une folle gaîté. Hawo et Malko se transportèrent au bar où il commanda une seconde bouteille de Taittinger aussitôt mise à contribution. Hawo semblait presque aussi perturbée que « Wild Harry » et enchaînait les bulles sans beaucoup parler.
Une demi-heure plus tard, le portable de Malko sonna à nouveau.
— Impossible de trouver un avion ce soir, annonça Mark Roll, vous décollez demain matin à cinq heures et demie. Les « Blackwaters » viennent vous chercher à l’aéroport. Je serai au Serena à quatre heures. Bonne nuit.
C’était sûrement de l’humour kenyan...
— Je ne pars que demain matin, annonça Malko à Hawo. Je vais aller me reposer un peu.
La Somalienne esquissa un sourire, désignant la bouteille de Taittinger encore aux trois quarts pleine.
— On ne va pas la laisser perdre ! Je n’ai pas sommeil et Harry doit déjà dormir à poings fermés.
— Ce n’est pas très gai, ici, remarqua Malko. Tant pis, nous aurons tous les deux d’autres occasions de boire du Champagne.
— Mais non, s’insurgea Hawo, on va la finir en haut !
Elle se leva et rafla la bouteille sous le regard effaré du barman, puis se dirigea vers le couloir menant aux ascenseurs. Malko n’eut que le temps de signer sa note. Hawo l’attendait devant l’ascenseur, la bouteille de Champagne à bout de bras. Dès qu’ils furent dans la cabine, elle posa ses lèvres sur celles de Malko, légèrement, et dit d’un ton espiègle.
— Vous ne comprenez rien ! Je n’ai pas seulement envie de Champagne.
Son regard était vrillé dans celui de Malko, avec une expression encore plus précise que les mots.
— À Mombasa, remarqua-t-il, vous n’étiez pas dans les mêmes dispositions.
— Je ne suis pas une machine, rétorqua Hawo. J’obéis à mes pulsions.
À peine dans la chambre, elle posa la bouteille sur la table, prit sa longue robe à deux mains, et la fit passer par-dessus sa tête d’un geste gracieux. Ne gardant qu’un slip de dentelles blanches et ses escarpins. Puis, elle se retourna vers Malko, noua ses bras dans sa nuque et dit simplement.
— Ce soir, j’ai très envie de vous. C’est peut-être le Champagne.
Sans ôter son slip, elle commença à caresser Malko, puis à le déshabiller tout en couvrant son visage et sa poitrine de baisers. Lorsqu’elle constata le résultat de ses câlins, elle se débarrassa prestement de son slip, gagna le lit et s’y allongea sur le ventre, offrant sa croupe cambrée, les jambes légèrement écartées. Malko n’eut qu’à soulever son bassin pour s’enfoncer en elle de toute sa longueur. Hawo bougeait à peine et cela lui rappela l’épisode de Mogadiscio. Sans même s’en rendre compte, il commença à donner des coups de reins violents. Prêt à exploser.
— Attends ! murmura Hawo.
Il s’immobilisa et sentit la main droite de la jeune Somalienne se refermer autour de la racine de son sexe, l’arrachant de son ventre. Elle bougea imperceptiblement et, d’un coup, le pouls de Malko s’envola. D’un geste précis et déterminé, Hawo venait de poser l’extrémité de son membre raidi sur la corolle de ses reins.
Il ne put résister à cette invite muette. D’un coup puissant, il alla de l’avant et son membre pénétra d’un trait dans les reins de la Somalienne. Il la sentit s’aplatir sous lui et se mit à la labourer sans retenue.
Lorsqu’il se répandit tout au fond, Hawo poussa un cri étranglé qui ressemblait à du plaisir.
Ils restèrent un long moment imbriqués l’un dans l’autre, puis Hawo lança d’une voix joyeuse.
— Maintenant, j’ai envie de Champagne.
Malko s’arracha à elle et aller chercher la bouteille de Taittinger et deux flûtes dans le minibar. Quand ils eurent bu, il ne put s’empêcher de demander.
— Harry sait ?
— Oui, je pense, répondit sans hésitation Hawo.
— Cela lui est égal.
La jeune femme secoua la tête.
— Non, mais notre relation n’est pas basée sur le sexe. Bien sûr, nous faisons parfois l’amour mais Harry aime aussi beaucoup le Pimm’s... Alors, Parfois, je m’offre un fantasme.
— Et cela ne le gêne pas que cela se passe avec moi.
— Non, il vous respecte. Vous lui ressemblez.
Elle tendit sa flûte vide à Malko et dit :
— Je veux encore faire l’amour avec vous. Venez, nous sommes tout poisseux.
Elle vida sa flûte pour l’entraîner sous la douche. Au bout d’un moment, elle s’agenouilla en face de lui et le prit dans sa bouche. S’enfuyant dans la chambre dès qu’elle l’eut remis en forme. Gette fois, ils firent l’amour beaucoup plus longtemps, plus lentement aussi, avec des pauses où Malko demeurait fiché au fond du ventre de Hawo, sans bouger. Exactement jusqu’à trois heures et demie du matin.
Malko regarda la côte kenyane qui s’estompait dans la brume. Il était à peine sept heures du matin et une agréable brise tempérait la chaleur.
Le « Mac Arthur » avait appareillé une demi-heure plus tôt et fonçait vers l’est, coupant l’Océan Indien en biais. Le navire des « Blackwater » ressemblait plus à un rafiot rouillé qu’à un navire de guerre, mais un hélicoptère à turbine était amarré sur la plage arrière et un canon Gatling offrait à l’avant une puissance de feu redoutable.
Malcolm s’approcha de lui.
— Vous devriez aller vous reposer. Pour l’instant, il n’y a pas grand-chose à faire.
Il le mena jusqu’à une cabine exiguë située juste sous le pont. Là, les vibrations des deux gros diesel étaient plus sensibles. Malko s’allongea sur sa couchette, adressant au ciel une dernière prière avant de s’endormir pour qu’il parvienne à déjouer l’attaque des Shebabs.
Mokhtar Ali « Robow » étala son tapis de prière à l’avant du « Burah Océan » et se prosterna dans la direction approximative de la Mecque. Le chalutier fendait l’océan à 13 nœuds, la mer était belle, la brise légère, mais le Cheikh des Shebabs aurait donné n’importe quoi pour être ailleurs : il avait horreur de la mer, comme la plupart des Shebabs qui vivaient sur la terre ferme. Déjà, sur le MV Faina, son bras droit, Hasbir Farah, avait souffert mille morts. Il se prosterna longuement, priant pour le succès de son entreprise et pour ne pas être malade comme un chien...
Depuis leur départ de Hobyo, il n’avait pratiquement rien mangé. L’odeur du gas-oil lui retournait le cœur.
Il se redressa, roula son tapis et se dirigea d’un pas incertain vers l’échelle menant à la cabine qu’on lui avait attribuée, juste derrière la dunette. La seule idée de redescendre lui soulevait le cœur.