Выбрать главу

Je fus quand même un peu gêné, à la gare de Saint-Malo, en constatant qu'elle montait avec nous dans la navette pour le centre de thalasso; mais Valérie pas du tout, elle entama même la conversation avec elle sur le thème des différents soins. Je n'ai jamais bien démêlé, pour ma part, les mérites respectifs des bains de boue, des douches à affusion et des enveloppements d'algues; le lendemain, je me contentai plus ou moins de barboter dans la piscine. J'étais en train de faire la planche, vaguement conscient de l'existence de courants sous-marins supposés accomplir un massage du dos, quand Valérie me rejoignit. «Notre voisine de train… fit-elle tout excitée, elle m'a branchée dans le jacuzzi.» J'enregistrai l'information sans réagir. «En ce moment, elle est seule dans le hammam» ajouta-t-elle. Je la suivis aussitôt, m'enveloppant d'un peignoir. Près de l'entrée du hammam, je retirai mon slip de bain; mon érection était visible sous le tissu éponge. J'entrai avec Valérie, la laissai avancer dans la vapeur – si dense qu'on n'y voyait pas à deux mètres. L'atmosphère était saturée d'une odeur d'eucalyptus très forte, presque enivrante. Je m'immobilisai dans le néant blanchâtre et chaud, puis j'entendis un gémissement venant du fond de la salle. Je défis la ceinture de mon peignoir, m'approchai; des gouttelettes de transpiration se formaient à la surface de ma peau. Agenouillée devant la femme, les mains posées sur ses fesses, Valérie lui léchait la chatte. C'était effectivement une très belle femme, avec des seins siliconés d'une rondeur parfaite, un visage harmonieux, une bouche large et sensuelle. Sans surprise elle tourna son regard vers moi, referma une main sur mon sexe. Je m'approchai encore, passai derrière elle et lui caressai les seins tout en frottant ma bite contre ses fesses. Elle écarta les cuisses et se pencha en avant, s'appuyant au mur. Valérie fouilla dans la poche de son peignoir et me tendit un préservatif; de l'autre main, elle continuait à branler le clitoris de la femme. Je la pénétrai d'un seul coup, elle était déjà très ouverte; elle se pencha un peu plus vers l'avant. J'allais et venais en elle au moment où je sentis la main de Valérie qui s'insinuait entre mes cuisses, puis se refermait sur mes couilles. Elle approcha à nouveau sa bouche pour lécher la chatte de la femme; à chaque allée et venue, je sentais ma bite glisser contre sa langue. Je tendis désespérément les muscles pelviens au moment où la femme jouissait avec de longs gémissements heureux, puis je me retirai très lentement. Je transpirais de tout mon corps, je haletais involontairement, je me sentis vaciller et dus m'asseoir sur une banquette. Les masses de vapeur continuaient à onduler dans l'atmosphère. J'entendis le bruit d'un baiser, je relevai la tête: elles étaient enlacées, poitrine contre poitrine.

Nous fîmes l'amour un peu plus tard, en fin d'après-midi, puis encore une fois dans la soirée, puis de nouveau le lendemain matin. Cette frénésie était un peu inhabituelle; nous étions tous les deux conscients que nous allions entrer dans une période difficile, où Valérie serait à nouveau abrutie de travail, de difficultés, de calculs. Le ciel était d'un bleu immaculé, le temps presque doux; c'était sans doute un des derniers beaux week-ends avant l'automne. Après l'amour, le dimanche matin, nous fîmes une longue promenade sur la plage. J'observais avec surprise les bâtiments néoclassiques, un peu kitsch, des hôtels. Arrivés à l'extrémité de la plage, nous nous assîmes sur les rochers.

«Je suppose que c'était important, ce rendez-vous avec l'Allemand, dis-je. Je suppose que c'est le début d'un nouveau challenge.

– C'est la dernière fois, Michel. Si on réussit ce coup-là, on sera tranquilles pour longtemps.»

Je lui jetai un regard incrédule et un peu attristé. Je ne croyais pas tellement à ce genre d'arguments, ça me rappelait un peu certains livres d'histoire, avec les déclarations des politiciens sur la der des ders, celle qui devait ensuite conduire à une paix définitive.

«C'est bien toi, dis-je doucement, qui m'as expliqué que le capitalisme était dans son principe un état de guerre permanente, une lutte perpétuelle qui ne peut jamais avoir de fin.

– C'est vrai, convint-elle sans hésitation; mais ce ne sont pas forcément toujours les mêmes qui se battent.»

Une mouette s'envola, prit de l'altitude, se dirigea vers l'océan. Nous étions presque seuls à cette extrémité de la plage. Dinard était décidément une station tranquille, en cette saison tout du moins. Un labrador s'approcha, vint nous flairer, puis rebroussa chemin; je ne distinguais pas ses maîtres.

«Je t'assure, insista-t-elle. Si ça marche aussi bien qu'on l'espère, on pourra décliner le concept dans plein de pays. Rien qu'en Amérique latine il y a le Brésil, le Venezuela, le Costa-Rica. Ailleurs, on peut facilement ouvrir des clubs au Cameroun, au Mozambique, à Madagascar, aux Seychelles. En Asie, aussi, il y a des possibilités immédiates: la Chine, le Vietnam, le Cambodge. En deux ou trois ans, on peut devenir une référence indiscutable; et personne n'osera investir sur le même marché: cette fois on l'aura, notre avantage concurrentiel.»

Je ne répondis rien, je ne voyais rien à lui répondre; après tout, j'étais à l'origine de l'idée. La marée montait; des rigoles se creusaient dans le sable, mouraient à nos pieds.

«En plus, poursuivit-elle, cette fois on va vraiment demander un gros paquet d'actions. Si le succès est là, ils ne pourront pas nous le refuser. Et quand on est actionnaire, on ne se bat plus: ce sont les autres qui se battent à votre place.»

Elle s'arrêta, me regarda, hésitante. Ça se tenait, ce qu'elle disait, ça participait d'une certaine logique. Le vent se levait un peu; je commençais à avoir faim. Le restaurant de l'hôtel était délicieux: il y avait des fruits de mer d'une fraîcheur parfaite, des recettes de poisson savoureuses et fines. Nous revînmes en marchant sur le sable humide.

«J'ai de l'argent… dis-je soudain, il ne faut pas oublier que j'ai de l'argent.» Elle s'immobilisa et me regarda avec surprise; moi-même, je n'avais pas prévu de prononcer ces paroles.