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Pendant que nous visitions le Temple de l'Aurore, je notai mentalement de racheter du Viagra dans une pharmacie ouverte. Sur le trajet de retour j'appris que Valérie était bretonne, et que ses parents avaient possédé une ferme dans le Trégorrois; moi-même, je ne savais pas trop quoi lui dire. Elle avait l'air intelligente, mais je n'avais pas envie d'une conversation intelligente. J'appréciais sa voix douce, son zèle catholique et minuscule, le mouvement de ses lèvres quand elle parlait; elle devait avoir une bouche bien chaude, prompte à avaler le sperme d'un ami véritable. «C'était bien, cette après-midi…» dis-je finalement avec désespoir. Je m'étais trop éloigné des gens, j'avais vécu trop seul, je ne savais plus du tout comment m'y prendre. «Oh oui, c’était bien…» répondit-elle; elle n'était pas exigeante, c'était vraiment une brave fille. Pourtant, dès l'arrivée de l'autocar à l'hôtel, je me précipitai vers le bar.

Trois cocktails plus tard, je commençais à regretter mon attitude. Je sortis faire un tour dans le hall. Il était dix-neuf heures; il n'y avait encore personne du groupe. Moyennant quatre cents bahts, ceux qui le désiraient pouvaient assister à un dîner-spectacle avec des «danses traditionnelles thaïes»; le rendez-vous était fixé à vingt heures. Valérie y serait certainement. Pour ma part j'avais déjà quelques lueurs sur ces danses traditionnelles thaïes, ayant effectué trois ans auparavant un circuit Thaïlande classique, de la «Rose du Nord» à la «Cité des Anges», proposé par Kuoni. Pas mal du tout d'ailleurs, mais un peu cher, et d'un niveau culturel effrayant, tous les participants avaient au moins Bac + 4. Les trente-deux positions du Bouddha dans la statuaire Ratanakosin, les styles thaï-birman, thaï-khmer ou thaï-thaï, rien ne leur échappait. J'étais revenu épuisé, et je m'étais senti constamment ridicule sans Guide Bleu. Pour l'heure, je commençais à avoir sérieusement envie de baiser. Je tournais en rond dans le hall, en proie à un état d'indécision croissante, lorsque j'aperçus un écriteau «Health Club» qui conduisait à l'étage inférieur. L'entrée était éclairée par des néons rouges et une guirlande d'ampoules multicolores. Sur un panneau lumineux à fond blanc, trois sirènes en bikini aux seins un peu exagérés tendaient des coupes de Champagne au visiteur potentiel; une tour Eiffel très stylisée se dessinait dans le lointain; enfin, ce n'était pas tout à fait le même concept que les espaces forme des hôtels Mercure. J'entrai et commandai un bourbon au bar. Une douzaine de filles, derrière la vitre, tournèrent la tête dans ma direction; certaines avec un sourire aguicheur, d'autres non. J'étais le seul client. Malgré la petite taille de l'établissement, les filles portaient des macarons numérotés. Mon choix se porta rapidement sur la numéro 7: d'abord parce qu'elle était mignonne, ensuite parce qu'elle n'avait pas l'air de prêter une attention démesurée au programme de télévision, ni d'être plongée dans une conversation passionnante avec sa voisine. Effectivement, à l'appel de son nom, elle se leva avec une satisfaction visible. Je lui offris un Coca au bar, puis nous passâmes dans la chambre. Elle s'appelait Oôn, enfin c'est ce que j'ai compris, et elle venait du nord du pays – un petit village près de Chiang Maï. Elle avait dix-neuf ans.

Après le bain pris ensemble, je m'allongeai sur le matelas recouvert de mousse; je compris tout de suite que je n'aurais pas à regretter mon choix. Oôn bougeait très bien, très souplement; elle avait mis juste assez de savon. À un moment, elle caressa longuement mes fesses avec ses seins; ça c'était une initiative personnelle, toutes les filles ne le faisaient pas. Sa chatte bien savonnée frottait mes mollets comme une petite brosse dure. Je bandai presque tout de suite, à ma légère surprise; lorsqu'elle me retourna et commença à caresser mon sexe avec ses pieds, je crus même que je n'allais pas pouvoir me retenir. Au prix d'un gros effort, en tendant brusquement les abducteurs des cuisses, j'y parvins.

Lorsqu'elle vint au-dessus de moi sur le lit, je m'imaginais encore pouvoir tenir longtemps; mais je dus rapidement déchanter. Elle avait beau être toute jeune, elle savait se servir de sa chatte. Elle vint d'abord très doucement, par petites contractions sur le gland; puis elle descendit de plusieurs centimètres en serrant plus nettement. «Oh non, Oôn, non!…» criai-je. Elle éclata de nre, contente de son pouvoir, puis continua à descendre, contractant les parois de son vagin par pressions fortes et lentes; elle me regardait en même temps dans les yeux avec un amusement visible. Je jouis bien avant qu'elle ait atteint la racine de mon sexe.

Après nous bavardâmes un peu, enlacés sur le lit; elle n'avait pas l'air très pressée de retourner sur scène. Elle n'avait pas beaucoup de clients, me dit-elle; c'était plutôt un hôtel destiné aux groupes en phase terminale, des gens sans histoires, à peu près revenus de tout, il y avait beaucoup de Français, mais ils semblaient rares à apprécier le body massage. Ceux qui venaient étaient gentils, mais il y avait surtout des Allemands et des Australiens. Quelques Japonais aussi, mais elle ne les aimait pas, ils étaient bizarres, ils voulaient toujours vous frapper ou vous ligoter; ou bien ils restaient là, à se masturber en regardant vos chaussures; ça n'avait aucun intérêt.

Et qu'est-ce qu'elle pensait de moi? Pas mal, mais elle aurait espéré que je tienne un peu plus longtemps. «Much need…» dit-elle en secouant gentiment mon sexe repu entre ses doigts. Par ailleurs, je lui faisais l'effet d'un homme gentil. «You look quiet…» dit-elle. Là elle se trompait un peu, mais enfin c'est vrai, elle m'avait bien calmé. Je lui donnai trois mille bahts, ce qui, d'après mon souvenir, était un bon prix. À sa réaction je vis que oui, effectivement, c'était un bon prix. «Krôp khun khât!» fit-elle avec un grand sourire en joignant les mains à hauteur de son front. Puis elle me raccompagna jusqu'à la sortie en me tenant la main; devant la porte, nous échangeâmes plusieurs bises sur les joues.

En montant l'escalier je me retrouvai en face de Josiane, qui, apparemment, hésitait à descendre. Elle avait revêtu pour la soirée une tunique noire aux liserés dorés, mais ça ne la rendait nullement plus sympathique. Son visage gras et intelligent me fixait sans ciller. Je remarquai qu'elle s'était lavé les cheveux. Elle n'était pas laide, non; elle aurait même pu être belle si on veut, j'avais apprécié des Libanaises dans son genre; mais son expression de base était nettement méchante. Je l'imaginais très bien exprimer des positions politiques quelconques; je ne distinguais en elle aucune pitié. Je n'avais rien à lui dire, non plus. Je baissai la tête. Peut-être un peu gênée, elle prit la parole: «Il y a quelque chose d'intéressant en bas?» Elle m'énervait tellement que j'ai failli répondre: «un bar à putes», mais finalement j'ai menti, c'était plus simple: «Non non, je ne sais pas, une sorte de salon de beauté…»

«Vous n'êtes pas allé au dîner-spectacle… fit observer la salope. – Vous non plus…» rétorquai-je du tac au tac. Cette fois elle traîna un peu sur sa réponse, elle faisait sa chochotte. «Oh non, je n'apprécie pas trop ce genre de choses… poursuivit-elle avec une ondulation quasi racinienne du bras. C'est un peu trop touristique…» Qu'est-ce qu'elle voulait dire par là? Tout est touristique. Je me retins une fois de plus de lui foutre mon poing sur la gueule. Debout au milieu de l'escalier, elle me barrait le passage; il me fallait faire preuve de patience. Épistolier fougueux à l'occasion, saint Jérôme a également su, lorsque les circonstances l'exigeaient, manifester les vertus de patience chrétienne; voici pourquoi il est tenu pour un grand saint, et un docteur de l'Église.