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De plus, son costume bavarois m’exaspère le tactile. Ces plis lourds sous mes doigts légers, merde !

J’expédie une mano en mission spéciale. Ordre impératif : reconnaître le terrain et rabattre fissa au rapport. Ma dextre exécute l’ordre avec célérité. Elle ramène des renseignements de première importance : Mam’zelle porte des vrais bas allemands, avec des jarretelles de même nationalité. Par contre, le slip devrait être made in France à en juger par son arachnéenité. Il oppose une résistance purement symbolique. Moi, je tombe à genoux : pas pour une action de grâces, mais pour jouer au photographe 1900. Vlouf ! La tronche par-dessous le rideau de scène. La v’là enceinte de ma tronche, Fifille. Je la décarpille de sa menue et babiolique culotte. Elle cambre à bloc pour aider la manœuvre. Alors c’est la big régalade, la gloutonnerie féroce. Je batifole des lèvres et de la langue dans du soyeux. Ses menottes prennent appui sur mes épaules. Sous sa juperie, j’entends plus la râlanche à Mamie. Je déguste en toute quiétude. La petite titube sous l’effet de l’émoi et moi sous les fesses.

Poème. Pouème ! Le terrain est aménagé. Je vais pas prolonger cette séance spéléologique. Je suis l’homme qui aime travailler en rase cambrousse. Je dégage mon terrier, me redresse et lui fais le coup du pébroque retourné. Poum ! La peau de lapin ! Dépiautée, la jolie ! La jupe et le tablier retroussés jusqu’au menton !

Ce qui se révèle est sublime ! Non, messieurs de la presse, pas de photos ! J’ai accordé l’exclusivité à Lui pour sa double page centrale.

Et le plus grandiose, c’est qu’elle chiale toujours, Gretta. Chagrin et pâmoison mêlés ! Un velours ! Un miel ! Messire l’Antoine il a la peau du bénouze tellement tendue qu’il va falloir découper au rasoir pour extraire le camarade Joufflu de sa caserne Rasurel.

Que faire, maintenant ?

L’emporter jusqu’à sa chambre ? Que non point : cela risquerait de rompre le charme. C’est fragile, ces petits animaux ! Un rien les met en fuite. Va falloir s’organiser sur place. Je périscope dans la chambre. Rendons-nous à l’évidence : y a que le lit de grand-mother à dispose. En travers. On fera gaffe de pas y écraser les nougats, la chère dame. Sana soulève sa douce, son innocente proie, comme écrivait mon camarade Lafontaine à son ami Wallace. La dépose sur le plumzingue, toute troussée. Si belle, rose et douce, authentiquement blonde. Chanson des blés d’or qui dort dîne, Blédine…

Ses cannes en « V » pendent dans le vide. Si tu verrais, avec ses bas blancs, les jarretelles, le tablier de sapeur… Encore une gloupette lubrifiante. On est près du Tyrol, oublions pas. Blll lala itou… La petite Blümchen roucoule comme un élevage de tourterelles napolitaines. Ah ! la douce chanson.

J’arrive pas à repaître en plein. C’est trop bon, trop gut, trop good ! Faut prolonger, tirer sur l’instant pour en faire un début d’éternité.

Elle oublie son malheur, Marlène. L’effet ressenti est trop formide pour qu’il lui reste un coin où misérer. C’est le don total, franc et massif !

Le commissaire en disponibilité opère son dégagement de missile. Va falloir placer l’engin sur sa rampe de lancement, y aller mollo pour la mise à feu. Un réacteur qui découille et le vol interstellaire est annulé.

Je chemine piano. Le chauve à col roulé y va sur la pointe des pieds. Il se renseigne avant de forfanter. S’agit pas de commettre d’impair !

Et comme il a raison, l’Antoine, de pratiquer dans le suave. Elle est berlinguée, miss Gretchen ! Bel et bien. C’est un vrai don de soi, qu’elle opère présentement. The big sacrifice. Pour lors, je suis pris de scrupules géants. Dois-je la priver de son cachet de garantie faisant foi, ou bien lui ouvrir les voies de la régalade ?

Cas de conscience, mon pote !

Je réfléchis de mon mieux, malgré ma formide bandaison. Je me dis, in extenso et dans le texte, les choses ci-dessous, deux points ouvrez les guillemets : « Cette jouvencelle, tu ne la reverras jamais. Tu vas lui filer une mesure pour rien dans les baguettes. Demain elle se retrouvera seule au monde, avec même plus de pucelage à négocier. Et toi, grand dégueulasse, tu iras forniquer sous d’autres ciels de lit ! Oui, mais, si tu la laisses ainsi, qui donc profitera de cet incomparable trésor ? Un Chleuh à la con, empoté et brutal, qui la déverrouillera d’un coup de boutoir ! Y a un Panzer qui sommeille dans la braguette de chaque Teuton, n’oublie pas, Tonio. Dans le fond, c’est une fleur que tu lui fais en acceptant la sienne. Alors, faut y aller et la réussir complètement, la poulette. Que cette première fois la prépare aux autres. Qu’elle en conserve un merveilleux souvenir. Alors là, t’agis en homme intègre, Santonio. Tu honores la race humaine.

Mon siège est fait.

Sur le sien.

Qu’aussitôt décidé, c’est parti, son kiki.

Question de temps. Un braque pareil, dis, ça s’offre pas comme un bouquet de violettes à une vraie demoiselle. J’y passerai la nuit s’il le faut, mais ce sera positif.

Ce boulot, mon Toto !

Quelle délicatesse !

Ah ! il bannit la force, le beau commissaire.

Tu sais combien de temps ça lui prend, l’opé Peau de Tambour ?

Deux heures douze.

La technique, mon vieux ; la technique. Et bien garder présent l’objectif, qui est de travailler sans douleur. Je vais pas me lancer dans la démonstration complète, ça serait un autre bouquin ; sache seulement que cent fois sur le métier je remets mon ouvrage. Minouchette, doigt de cour, reconnaissance du parcours. Et on recommence. L’un prépare à l’autre. Bientôt le médius part en visite avec son pote l’annulaire. Et puis c’est le grand air de Valses de Vienne. La petite est transportée ! Elle volplane dans des bonheurs dont la rosée sert mes desseins (animés).

Deux heures douze !

Et c’est l’aboutissement à un moment que j’espérais plus. D’un seul coup, après tant d’efforts, le terrain cède. Nous v’là chez nous, mon p’tit gars !

Là, se retenir de brusquer. Pas de fougue ! La laisser opérer selon ses vœux. A elle de conduire l’enquéquette. Elle sait mieux que moi.

On accède enfin au bonheur.

Pas un bonheur sans mélange comme cause M. Robbe-Grillet, non, un bonheur avec mélange pour moteur deux-temps.

L’enchantement infini.

La secousse suprême.

Mentalement, j’entonne la Marseillaise.

CHAPITRE V

Moi, d’emblée, je m’en aperçois bien qu’elle est morte, mémé.

Elle ne respire plus, ce qui est un signe infaillible, t’admettras, et elle garde la clape ouverte ; bien ronde comme un trou de billard japonais. Va falloir lui cloquer une mentonnière.

Pour l’heure, ma gosseline se fourbit le trésor dans la salle de bains. Elle fredonne, heureuse. La voilà femme ! Tous mes compliments ! Un fade pareil, la première fois, c’est rarissime et ça dénote une nature d’élite. A présent qu’elle sait ce que c’est qu’un vrai coup de bite, elle supportera jamais les demi-porcifs, les moudus, les malzobés, les éjaculateurs précoces. Lui faudra constamment du braque surchoix. Elle en cherchera jusqu’à ce qu’elle en trouve. Je viens de faire quelque chose d’important pour elle : je l’ai révélée dès le début. Elle est partie du bon pied, si je peux me permettre.

T’as tellement de pauv’ femmes qui se laissent astiquer par un minus et qui croient ensuite que c’est ça, l’amour, cette petzouillance affligeante. Elles sont bannies de tringle jusqu’au jour où se présente un authentique jouteur. Le méchant chibreur monté en force, bourré de savantes initiatives, de superbes combinaisons, qui t’implique toute, bien complètement, sans te laisser une parcelle inactive.