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— Probablement.

Je me plante devant elle. Dedieu de Zeus, quelles jambes ! Quand tu penses que certaines gonzesses font de l’éléphantiasis ! Le Créateur a ses chouchous, tu m’empêcheras jamais de le croire !

Ah ! tomber à genoux devant elle, poser mon menton dans le creux de sa jupe et puis… Et puis tout, quoi ! J’ai eu beau filer une ramonée sublime à la petite Heidi, et sans me poser en surhomme, je t’assure qu’il me resterait de beaux restes. Des restes dont tu ferais tes choux gras, petite salope !

— C’est sa mère qui est cause de tout, dis-je, me parlant à moi-même, en toute intimité et franchise.

Là, je l’intéresse Carson.

— C’est-à-dire ?

— C’est-à-dire que, depuis 45, elle devait être surveillée. Ceux qui traquaient Streiger lui accordaient plus de cœur qu’il n’en avait et se disaient que, tôt ou tard, il viendrait embrasser sa vieille. C’était mal le connaître. La maman est morte cette nuit. Quand elle a été au plus mal, ceux qui la guettaient ont prévenu les Israéliens. Et voilà que, sans rien savoir, nous débarquons dans son village, Streiger et moi. Coïncidence ! Lui, il la croyait clamsée depuis lulure, la mamie. Mais non, elle avait tenu le choc. En l’amenant ici, nous l’avons fourré dans la gueule du loup. Incroyable mais vrai. Marrant, la vie, non ?

Elle ne répond rien.

— Comment savez-vous que sa mère est morte cette nuit ?

— Je me trouvais à son chevet.

— Pourquoi ?

Bonne question à cent points. Tu veux répondre quoi ?

— Convenance personnelle ! lâché-je.

— Vous n’avez pas songé plus rapidement que l’agonie de sa mère mettait Streiger en danger ?

— Non, j’y pense seulement maintenant, que voulez-vous, miss Carson, les plus beaux esprits ont des ratés !

Elle hoche la tête.

— Peu importe, après tout, puisque nous savons où se trouve ce que nous recherchons. Il s’agit de le récupérer rapidement.

— Impossible avant la nuit prochaine. Vous me voyez faisant des travaux dans l’église en plein jour ?

Elle réfléchit.

— Très bien, je vais prendre un peu de repos.

Elle se lève. Ne jamais perdre cette occase de s’offrir un jeton, les mecs. Quand une belle nunuche est assise bas, le moment où elle se refout à la verticale l’oblige immanquablement d’ouvrir les jambes pour assurer son petit rétablissement.

J’ai eu le temps de me placer dans le bon axe. Et, ô merveille ! ce que j’aperçois me galvanise. Il m’en vient des picotis plein ma partie australe.

— Vous allez dormir également ? demanda-t-elle.

— Non, je vais faire un brin d’enquête.

— Dans quel but ?

— Quelque chose me dit que l’un des hommes qui ont enlevé Streiger habite l’auberge ; fatalement, pour que tout s’opère dans les meilleures conditions.

— Et alors ?

— Ça m’intéresse.

— Vous risquez de compromettre la suite des opérations.

— Quelle idée ? Les gens qui en avaient après l’ancien tortionnaire ignorent l’histoire des documents Bruckner.

— Qu’en savez-vous ?

— Je le sens.

— Dommage que vos pressentiments suivent les événements au lieu de les précéder, dit-elle en gagnant le couloir.

— Quel est le numéro de votre chambre, miss Carson ?

— Pourquoi ?

— Il se pourrait que j’aie quelque chose à vous dire.

Très fortement, j’ajoute in petto : (Et à vous faire, donc !)

— Le 28.

La voilà esbignée. Tout devient sombre malgré l’aurore qui pointe (d’asperge). Un seul être vous manque et tout est dépeuplé, comme disait Hitler.

Je dévale jusqu’au rez-de-chaussette. Sous l’escalier monumental se tient la réception, ce qui est classique. Un grand bureau en bois peint, un tableau pour les clés. Personne n’est encore levé. Ici, ça se passe à la good franquette. Le gros livre des entrées est sagement posé sur le meuble. Je l’empare pour le feuilleter en commençant par la fin (l’arrivée de Carson) et en remontant. Très rapidement, je constate que nous sommes dix pensionnaires dans l’auberge de Bärbach en ce moment. Parmi lesquels une famille de Hambourg composée du père, de la mère et de leurs deux bambins. Ces quatre personnes sont à éliminer. Retirons également Carson, Streiger et Bibi, reste trois clients à « éplucher ». Deux hommes et une femme. L’un des deux mâles, Otto Werther, est professeur en retraite de la faculté de sciences eco de Munich. Le second est représentant de commerce et démarche pour un importateur de vins français, il se nomme Freddy Wolks. La dame est inscrite dans le big book comme étant artiste peintre. Elle s’appelle Virginia Salski.

Après un moment de réflexion, je prends place dans l’un des fauteuils de cuir de l’entrée, histoire de ne pas rater les sorties, puisqu’une entrée, par mesure d’économie sans doute, sert également à foutre son camp.

Je m’endors dans les quinze secondes qui suivent ; épuisé par mes prouesses amoureuses et mes lacunes professionnelles.

C’est Frau Magger, la taulière, levée la première, comme le capitaine du bateau, qui m’aperçoit et m’éveille. Imagine une jument de bientôt deux mètres, avec un cul carré, accroché très haut, et des chevilles comme des troncs de baobabs. Elle est d’un blond rouquemoutant, frisée comme un buisson d’aubépine de cheval. Déjà peinte en guerre, la dadame : fardée à la truelle, les labiales pareilles à une toile de Man Ray (du culte) et des dessous de z’yeux verts comme des pelouses anglaises. Son bustier la précède de cinq minutes tant tellement elle coltine d’imposants nichons. Un régiment de chiens-panzers s’en goinfrerait sans qu’il y ait de lésés.

— Mais qu’est-ce que vous faites-t-il ici, Herr Machin ! s’exclame la tendre créature qui se pique de parler français ayant été souris grise à Bruxelles pendant la guerre.

— Je vous attendais, chère Frau.

— Vraiment ! Et pourquoi vous attendait-il moi ?

Je mets mon regard en code et je veloute ma voix.

— En quoi est-il anormal qu’un homme guette une jolie femme ?

Ça bascule dur dans son slip ! Il lui en arrive une pleine bassine, Mémère. Holà ! qu’est-ce à dire ? Du gringue ? Elle qui se bourre que le charcutier depuis son veuvage, un gros informe tout en bacon avec l’air con et une prothèse jambiaire.

Du coup, devant cet assaut impromptu, elle reconsidère son problème, la vioque. A soixante et mèche, et cent quatre-vingts livres franchies, elle avait un peu perdu l’habitude des assauts intrépides. Son premier regard de femme courtisée est pour le miroir du hall. Elle y découvre une vieille vache en pleine bourre, encore fringante des loloches et de la croupière, dotée d’un sourire enjôleur large de vingt-cinq centimètres. O.K., elle peut faire la route, assumer la charge. Son deuxième regard se pose sur ma personne. J’y lis une note qui doit voisiner le dix-huit sur vingt, avec possibilité de bonification supplémentaire, le cas déchéant.

— Les Vrançais, toujours les mêmes charmeurs, n’est-ce pas-t-il ? dit-elle avec ses glandes mammaires en ballottage.

— Sensibles à la décharge sexuelle qui émane d’une femme, admets-je. Pas de pétrole, pas tellement d’idées, mais un sexe toujours prêt.

— Vous êtes un bédit bolisson, cher Herr !

Et puis elle attend la suite, après un regard à sa montre dont le poignet de métal lui cisaille le poignet. Pour lire le cadran, elle doit rabattre un bourrelet de viande rose.

— Avons-nous-t-il le temps de prendre un café ensemble ? je soupire comme si, de sa réponse dépendait la suite de mon existence.