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—  Commode, pour moi. Je vous remercie de tous ces renseignements que vous m’avez donnés et … »

Il hésita un instant, gauche.

« Et je m’excuse pour le coup de poing ! Il est parti avant que je réfléchisse. À peine ai-je eu le temps de l’atténuer. Sur Terre, même une noble dame ne m’aurait pas parlé comme vous le fîtes. »

Elle tira un petit miroir de sa poche, examina son visage.

« Oh ! ce n’est rien. Pas de dents cassées, ça m’aurait obligée à en faire planter d’autres, ce qui est coûteux. Le nez un peu gonflé, peut-être, mais demain ce sera fini. Que veux-tu faire maintenant ? Visiter la cité ?

—  Je ne veux pas abuser de vos instants. J’ai un plan, et …

—  J’ai déjà fait ce matin mes deux heures de travail aux plantations hydroponiques. Je suis libre.

—  Pour quelqu’un qui hait les planétaires …

—  Il y a planétaire et planétaire. Ceux que j’avais vus jusqu’à présent étaient de pitoyables choses molles. Tu es différent. Et puis, tu m’amuses. »

Il eut un haut-le-corps, prit le parti d’en rire.

—  Soit ! Guidez-moi.

Ils traversèrent le parc, suivirent une longue coursive nue, arrivèrent à un carrefour d’où partaient six rues en étoile.

« Prenons la première à droite. Je ne puis tout te montrer, je n’ai moi-même pas tout vu, depuis quatre ans que je suis à bord. Mais quand tu auras visité le poste d’observation no 32, où nous allons, tu connaîtras du même coup tous les autres. »

La rue se poursuivait à l’infini, dans le rayonnement des tubes fluorescents, monotone et triste. La seule différence entre les portes de métal était le numéro qu’elles portaient.

« Zone d’habitation. C’est affreux, n’est-ce pas, cette rue ? Mais les appartements derrière ces portes sont tout autre chose. Dans les zones commerciales, les boutiques sont gaies. On y trouve des marchandises de toutes les planètes. Même la Terre !

—  Comment cela ?

—  Vos avant-postes recevaient parfois la visite de contrebandiers venus des mondes libres, en dehors de la sphère de votre Empire. »

Tinkar se souvint d’une conversation entre deux officiers supérieurs, qu’il avait surprise, et où il était question d’astronefs tellement rapides que les croiseurs de la Garde ne pouvaient les rattraper.

Ils plongèrent dans un puits antigravitique, montèrent dans un petit wagon qui les transporta rapidement à la périphérie. Au terminus, ils franchirent une porte qui donnait sur une immense coursive, sur le sol de laquelle couraient des rails.

« Voie périphérique 7, dit la jeune femme. Elle fait partie du système de défense, et permet d’amener rapidement hommes et matériel à n’importe quel point de la coque, sur ce pont, en cas d’attaque. Traversons-la, puisque les signaux lumineux sont éteints. Ne traverse jamais quand ils sont allumés ! »

Un porche s’ouvrait en face d’eux, qu’ils franchirent. Dans l’antichambre, un homme veillait, assis derrière une table.

« Vos noms ? Vos cartes ?

—  Oréna Valoch, hydroponiste et romancière.

—  Tinkar Holroy. »

Il hésita, et elle acheva pour lui : « planétaire. »

L’homme haussa les sourcils.

« Carte A, continua-t-elle. Voici, ordres du teknor.

—  Bon. Passez.

—  Les postes d’observation sont les yeux de la ville, dit Oréna, et sont toujours gardés, mais en temps de paix leur accès est libre. »

Le poste lui-même était une salle assez grande, dont toute une paroi était couverte par écran, gris pour le moment. Cinq techniciens l’occupaient, assis à l’aise dans des fauteuils, le dos tourné vers l’écran. Oréna s’adressa au plus jeune, de type mongoloïde marqué.

« Salut, Pei. Salut, frères. Je vous présente Tinkar Holroy, de la Garde stellaire de l’Empire terrestre. »

Ils se levèrent d’un bond.

« Le planétaire ? Tu es folle de l’amener ici !

—  Carte A, ordre du teknor !

—  Je suppose que Tan sait ce qu’il fait, dit le Chinois. Salut … »

Il chercha un moment un mot oublié, puis termina : « monsieur Holroy.

—  Lieutenant serait le terme propre, mais peu importe. Je suis plus curieux de savoir comment fonctionnent vos postes d’observation que d’élucider des points d’étiquette. Comment se fait-il que votre écran soit éteint ? »

Le Chinois eut un mince sourire.

« A-t-on vraiment trouvé le moyen, dans la Garde terrestre, d’observer l’espace quand on est en vol hyperspatial ? Nous allons émerger dans quelques minutes. »

Des yeux, Tinkar chercha un siège libre ou une rambarde. Le passage dans l’hyperespace ou hors de lui était toujours assez éprouvant sur une astronef terrestre.

« Que te manque-t-il ?

—  Un endroit pour m’asseoir, ou quelque chose à quoi me cramponner.

—  Ah ! vous utilisez encore les hytrons de Cursin ? Nous les avons abandonnés depuis longtemps ! N’aie pas peur, tu ne sentiras rien.

—  Si tu avais un cerveau, tu aurais pu t’en douter, planétaire. Nous avons déjà émergé deux fois depuis que tu es sur le Tilsin.

—  Oh ! fermez-la ! coupa Oréna. Ce n’est pas la faute d’Holroy s’il vient d’un pays sauvage. Montrez-lui plutôt comment fonctionne votre écran, puisque nous, venons d’émerger ! Jolis veilleurs, vraiment, qui ne voient pas la lampe d’alerte s’allumer ! »

Confus, ils prirent place devant le tableau de commande, et l’écran s’illumina. Tinkar poussa un cri de surprise. Les étoiles fourmillaient.

« Le centre de la galaxie ? »

Il se souvint des leçons de cosmographie, quand il était jeune cadet, du grand modèle de la Voie lactée suspendu dans le hall, à l’académie militaire. Souvent il avait rêvé devant lui, et contemplé la petite zone pourpre, si réduite, qui représentait tout l’Empire terrestre, presque à la périphérie.

« Non. Un amas globulaire. »

Fasciné, il regardait de tous ses yeux. Vers la droite, une immense nébuleuse gazeuse voilait comme un crêpe étincelant tout un secteur du ciel, tandis qu’à gauche, lui faisant pendant, une grande écharpe opaque semblait un abîme vers lequel se précipitait la cité.

Un des hommes se leva, parla dans le téléphone.

« Nous sommes tout près d’un système planétaire que le teknor veut examiner. »

Il se pencha sur un appareil devant lui. Tinkar s’approcha. Sur un petit écran, une série de bandes lumineuses palpitaient.

« Avez-vous cela dans votre flotte ?

—  Non. Qu’est-ce ?

—  Analyseur de perturbations. Chaque fois qu’un objet entre ou sort de l’hyperespace, il produit des ondes de Lursac, qui sont captées et analysées par cet appareil. Tiens, regarde ! »

La bande supérieure était devenue rigide. Dans des voyants, une série de chiffres se mit à défiler.

« Distance, 300 000 km. Déclinaison, plus 30. Ascension droite, 122. Une autre race, ou un des nôtres. Nous ne le saurons peut-être jamais. »

Tinkar fut sur le point de dire. « Vous ne pouvez donc pas les tracer dans l’hyperespace ? » mais se tut. Rien, dans les appareils qu’il voyait devant lui, ne rappelait un traceur.

Une sonnerie retentit :

« Ah ! nous allons replonger. Ça n’a pas été long, cette fois. Rien d’intéressant sans doute dans ce système, dit le Chinois.

—  Il est dix-huit heures, Tinkar. Comme j’ai l’intention de t’inviter à dîner, il faut que nous partions. Au revoir, tous !

—  À ce soir, Oréna ? interrogea Pei.

—  Non, pas ce soir. »