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— Qu’il choisisse lui-même sa première partenaire ! répond-t-elle.

Je fais part de cette pseudo-magnanimité au Gros.

— À toi de prendre celle qui t’inspire, mec !

Sa Majesté ne barguigne pas.

— J’ vas démarrer par la vieille, décide-t-il. J’lu présume un pot d’échapp’ment mieux apte que les autres à l’enfilade. Elle a des heures d’ vol et j’ parille qu’elle a dû tâter du mataf ricain dans ses débuts. Y s’ s’ra bien trouvé un négro chibré seigneur pour lui écarquiller la moniche et la rend’fréquentable !

Je translète.

En se sachant élue, la lanterne chinoise s’élargit de pré-plaisir. Son honneur est en cause. Elle s’approche de messire le halebardier, caresse le vif du sujet, tente d’en apprécier le diamètre en l’encerclant de son pouce et de son index, mais sa petite main potelée est insuffisante. Elle ne peut retenir une grimace d’appréhension car la séance risque d’être rude ! Le supplice du paf en l’occurrence prime celui du pal. Mémère se fait remettre sa petite boîte d’onguent magique.

C’est une technicienne avertie. Côté lubrification, elle en connaît un rayon. Elle oint d’abord Béru, avec une lenteur appliquée, du casque aux roulettes. Puis elle retrousse sa tunique et s’applique une solide ration à elle-même, urbi et orbi, soucieuse de ne rien laisser sans protection. Elle fait signe au Mastar de se coucher sur le dos. C’est décidément la position clé de ces personnes. Faut admettre qu’elle est plus spectaculaire et que les assistants peuvent mieux suivre la réalisation de cette redoutable imbrication.

Le braque du seigneur de Saint-Locdu se tient dressé sur ses pattes de derrière.

La vioque a de l’assiette. Elle sait tout des astuces de ce genre de pratique. Ne se place pas dans une verticalité trop rigide, mais avance les genoux pour laisser son postère plus souple. Il faut que cela s’accomplisse dans un mouvement télescopique de guidon de compétition. L’assistance retient son souffle. La grosse lanterne tortille un peu du bagouzeur pour chercher son aire de lancement et assurer sa prise. Puis elle plonge résolument en passant une main par derrière afin de guider la bilboquance.

Mais, illico, on pige que c’est raté d’avance. Elle aura beau s’exorbiter du mille-feuille, elle arrivera à que tchi ! Tu ne peux pas faire passer un chat par un trou de souris, sinon il n’y aurait plus de souris. La vioque tente des manœuvres désespérées, sue de tous ses pores laqués, ouichtre ! Elle a l’escalope impénétrable. C’est le rocher de Gibraltar ! Elle inexpugne du barbu, la Carabosse. Peines perdues. Elle doit avouer vaincuse. Rengracier.

Perdre la fesse devant ses nanas ! C’est terrible pour une cheftaine de devoir renoncer. Son forfait peut avoir des conséquences. Tu respectes une sousmacté incapable de s’embusquer un mandrin dans la moniche, toi ? Sa carrière prend de la gîte ! son prestige part à dache. Je sens qu’elle peut se payer une funeste déprime, mémé, et s’attenter aux jours pour pas survivre au déshonneur.

— Ben quoi ! ironise Alexandre-Benoît, Madame quitte la compétition ? Madame a peur d’ se déchirer le greffier ? À n’s’est farci que du sous-lieut’nant chinetoque en cours d’ carrière. J’ lui voiliait une babasse plus performeuse. Ah ! dis donc, quand j’ la compare à Madame Lila qui t’nait l’ clandé d’ Mézytous, près d’ chez nous ! Y avait qu’la porte d’la cathédrale qu’était plus large ! Les soirées d’ fiesta, é se carrait un magnume de champ’ dans la case trésor. Chaque fois, elle pareriait av’c les clilles qu’étaient pas au courant d’ son entresol, et elle gagnait l’ magnume à tout coup ! Bon, puisqu’elle est encore vierge, la taulière, j’ vais essayer la belle pinupe dont à laquelle tu causes, Tonio. Quéqu’chose me dit, à voir son r’gard salingue, que ça va t’êt’ plus goulayant av’c elle, d’alieurs si toi tu te l’ayes respiré c’est qu’elle est sur la bonne route.

— Il vous invite à la prochaine danse, fais-je à Chiang Li.

La môme acquiesce sans hésiter :

— D’accord !

Et la voilà qui se dévêt en un tourne tu sais quoi ? Oui : main. Comment as-tu deviné ?

Pour elle, pas question de se beurrer la piste de bob. C’est une haletière, une vraie amazone du radada !

— J’ai besoin d’être survoltée, me dit-elle. Alors je vous prie de me pardonner, mais pendant cette séance, vous passerez par la trappe. La musique d’accompagnement, ainsi que l’intensité du spectacle, me transcenderont.

Elle passe commande de mon exécution.

C’est fou ce qu’ils sont dociles, tous ces gens : des esclaves ! Des zombies ! La trappe est soulevée.

— Je te dis adieu, Gros, balbutié-je. Mon tour est venu de passer à la moulinette. Je crois que tu as eu tort de vouloir être du voyage car tu y passeras également après ton exploit, à moins que ces gueuses te conservent comme maître étalon.

Les aides m’emparent. La vieille lanterne est toute joyce de déclencher le moteur ainsi que la musique javanaise. Les carillons nous massacrent à nouveau les tympans, le cerveau, les nerfs…

Au bout de combien de temps d’horreur vais-je calancher ?

Chiang Li a un sourire indicible de délectation complète. Elle file droit au but. D’une main énergique, se saisit du gouvernail de profondeur béruréen. Par ici la bonne soupe ! Comment peut-il encore goder, le taureau normand, alors que son meilleur aminche va être déguisé en canigou de luxe !

Les aides me tiennent avec une telle force que je suis incapable de me débattre. Faut admettre qu’ils ont acquis la technique. Quelque chose me dit qu’il en est passé, des julots, par cette trappe à malice !

— Stooooooop !

Le hurlement de centaure, de stentor, de centurion, de stégosaure et de tout ce que tu voudras bien rajouter (dans mes polars c’est entrée libre ; on peut gribouiller dessus, faire des petits bateaux de papier avec les pages, s’en torcher l’oignon, les utiliser pour équilibrer les tables bancales, je m’en fous au-delà du possible).

C’est Sa Majesté qui vient de crier.

Et pour lors, je ne serais pas un vrai romancier qui touche des droits de hauteur et paie des impôts exorbitants dessus si je ne te décrivais ce qui vient de se produire. D’autant plus que c’est kif la tronche à Danton : ça en vaut la peine !

Le Gravos vient d’exécuter une manœuvre féerique, moi je trouve. Quelque chose de prédominant, de spacieux, d’aphrodisiaque, de vertébral, j’oserais ajouter. Quelque chose qui mythifie, qui scinde, mercerise, fourraille, ensache, gratticule, fristique, gobichonne, madrigalise, lotionne, romanise, intube, déchevêtre, frigorifuge, lapidifie, oringue, pajote, épontille, dépingle, axiomatise, étançonne, vassalise, trimarde, zinzinule, rudente, néantise et même, même — là tu vas me trouver culotté, aussi te supplié-je de le garder pour toi — : entaque ! C’est te dire !

La manœuvre du Mastoche est la suivante. En cours d’ébats, il s’est débrouillé pour que la corde qui le strangule gentiment prenne un peu de mou, puis, mine de rien, il l’a saisie entre ses dents, et alors, avec une promptitude démoniaque, il a noué ses deux énormes paluches au cou de Chiang Li, s’est rejeté en arrière de manière à ne plus être menacé dans ses endosses et, malgré ses ratiches crispées sur la corde, a hurlé son fracassant « Stop ! ».

Stupeur générale.

Le gardien qui le tenait en laisse tire à fond sur le lien de chanvre, mais le Gravos lui oppose une contre-traction avec sa mâchoire d’airain. Il serre si fortement le kiki de la belle Chinoise qu’elle se met à exorbiter et à sortir une menteuse de douze centimètres.

Je pige qu’il m’appartient d’intervenir, le Fabuleux se trouvant dans l’incapacité de faire un plus long discours que ce « Stooooop ! », éloquent, certes, mais qui ne nécessite pas un phrasé particulier.