Mais le caractère commun aux cas les plus légers comme les plus graves, donc aussi aux actes manqués et accidentels, consiste en ceci: tous les phénomènes en question, sans exception aucune, se ramènent à des matériaux psychiques incomplètement refoulés et qui, bien que refoulés par le conscient, n'ont pas perdu toute possibilité de se manifester et de s'exprimer.
[1] C'est là le moyen général d'amener à la conscience des éléments de représentation qui se dissimulent. Cf. mon ouvrage – Traumdeutung, p. 69 (5e édition, p. 71).
[2] Une observation plus fine permet de réduire l'opposition qui semble exister, quant aux souvenirs de substitution, entre le cas Signorelli et le cas aliquis. C'est que dans celui-ci l'oubli paraît également être accompagné de la formation de mots de substitution. Lorsque j'ai ultérieurement demandé à mon interlocuteur si, au cours de ses efforts pour se souvenir du mot oublié, il ne s'est pas présenté à son esprit un mot de substitution, il m'informa qu'il avait d'abord éprouvé la tentation d'introduire dans le vers la syllabe ab: nostris AB ossibus (au lieu de: nostris Ex ossibus) et que le mot exoriare s'est imposé à lui d'une façon particulièrement nette et obstinée. Sceptique, il ajouta aussitôt que ce fut sans doute parce que c'était le premier mot du vers. À ma prière de rechercher quand même les associations qui, dans son esprit, se rattachent à exoriare, il me donna le mot exorcisme. Je considère donc comme tout à fait possible que l'accent qu'il mettait dans sa reproduction sur le mot exoriare n'était, à proprement parler, que l'expression d'une substitution se rattachant elle-même aux noms des saints. Il s'agit là toutefois de finesses auxquelles il ne convient pas d'attacher une grande valeur. – Mais rien n'empêche d'admettre que la production d'un souvenir de substitution, de quelque genre qu'il soit, constitue un signe constant, peut-être seulement caractéristique et révélateur, d'un oubli motivé par le refoulement. Cette formation substitutive aurait lieu même dans les cas où les noms de substitution incorrects font défaut: elle se manifesterait alors par l'accentuation d'un élément qui se rattache immédiatement à l'élément oublié. C'est ainsi, par exemple, que, dans le cas Signorelli, le souvenir visuel du cycle de ses fresques et celui de son portrait figurant dans le coin d'un de ses tableaux, étaient chez moi d'une netteté particulière, d'une netteté que n'atteignent jamais mes souvenirs visuels, et cela tant que j'étais incapable de me rappeler le nom du peintre. Dans un autre cas, également rapporté dans mon article de 1898, j'avais complètement oublié le nom de la rue où demeurait une personne à laquelle je devais, dans une certaine ville, faire une visite qui m'était désagréable, alors que j'ai parfaitement retenu le numéro de la maison; juste le contraire de ce qui m'arrive normalement, ma mémoire des chiffres et nombres étant d'une faiblesse désespérante.
[3] En ce qui concerne l'absence d'un lien interne entre les deux suites d'idées dans le cas Signorelli, je ne saurais l'affirmer avec certitude. C'est suivant aussi loin que possible l'analyse de l'idée refoulée au-delà du sujet concernant la mort et la sexualité, on finit par se trouver en présence d'une idée qui se rapproche du sujet des fresques d'Orvieto.
[4] Mon collègue a d'ailleurs quelque peu changé ce beau passage de la poésie, aussi bien dans son texte qu'en ce qui concerne son application. La jeune fille-fantôme dit à son fiancé:
«Meine Kette hab'ich dir gegeben;
Deine Locke nehm'ich mit mir fort.
Sieh sie an genau!
Morgen bist du grau,
Und nur braun erscheinst du wieder dort».
(«Je t'ai donné ma chaîne; – J'emporte ta boucle. – Regarde-la bien! – Demain tu seras gris, – et c'est seulement là-haut que tu redeviendras brun»).
[5] C. G. Jung. Ueber die Psychologie der Dementia praecox, 1907. p. 64.
[6] Voici la reconstitution de la strophe entière:
Ein Fichtenbaum steht einsam
Un pin se dresse solitaire
Im Norden auf kahler Höh!
Dans le Nord, sur une hauteur dénudée.
Ihnschläfert; mit weisser Decke
Il a sommeil; d'une blanche couverture
Umhüllen ihn Eis und Schnee.
L'enveloppent la glace et la neige.
(N d. T.)
[7] Dementia praecox, p. 52.
[8] Vers de Heine: «Nicht gedacht soli seiner werden!»
[9] La dame en question cherchait le nom du psychiatre Jung; or Jung, en allemand, signifie jeune. (N. du T.)
[10] Halbe – auteur dramatique allemand, comme Hauptmann. (N. du T.)
[11] «Jeunesse» est le titre de l'un des ouvrages de Halbe. (N. du T.)
[12] Zentralblatt für Psychoanalyse, I, 9, 1911.
[13] «Analyse eines Falles von Namenvergessen». Zentralbl. fùr Psychoanalyse, Jahrg. II, Heft 2, 1911.
[14] Th. Reik, «Ueber Kollektives Vergessen». Internat. Zeitschr. f. Psychoanalyse, VI, 1920.
[15] Le titre du roman: Ben-Hur renferme le mot Hur qui ressemble à Hure – prostituée (en allemand). (N. d. T.)
[16] Enquête sur les premiers souvenirs de l'enfance. Année psychologique, III, 1897.
[17] Study of early memories. Psychol. Review, 1901.
[18] Je crois pouvoir l'affirmer à la suite de certains renseignements que j'ai obtenus.
[19] Souligné par moi.
[20] Mot parasite, sans signification. (N. d. T.)