Il sortait parfois dans le jardin et demeurait un instant sous les pommiers, à regarder le ciel entre les branchages, à écouter les oiseaux…
Les oiseaux…
Le troisième jour, il resta dans le living, près de l’électrophone. Il contemplait l’appareil avec envie et, de temps à autre, promenait le bout des doigts sur les pochettes vernissées des disques.
À la fin, n’y tenant plus, il brancha l’électrophone.
Martine, qui préparait du café à la cuisine, sursauta en entendant la musique et se précipita au living.
Laurent était assis devant la fenêtre ouverte. Il ne bougeait pas et respirait avec précaution.
— Qu’est-ce qui te prend ? demanda Martine.
— Tais-toi, chuchota-t-il.
— Mais quoi ?
— Regarde.
D’un très léger mouvement de menton, il indiquait à Martine la barre d’appui de la croisée. Un oiseau y était perché : une mésange charbonnière, au ventre jaune, et à la tête blanche et noire. Immobile, elle paraissait écouter la musique, son petit œil rond dardé sur Laurent.
— Et alors ? demanda Martine, mal à son aise, tu ne vas pas, à ton tour…
— Tais-toi, je t’en supplie, répéta Laurent.
Ils se turent tandis que la voix morte de Lucienne attaquait :
Deux larmes coulèrent sur les joues de Laurent.
Il tendit les bras vers l’oiseau :
— Lucienne, balbutia-t-il. Lucienne, mon cher amour, dis-moi que c’était pour moi…
Alors la mésange quitta la barre d’appui et se mit à voler dans la pièce.