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J’aime beaucoup l’idée d’être le fils de tous ceux qui en savent plus que moi et qui me confient honnêtement un peu de leur savoir. J’aime aussi l’idée d’être une sorte de père pour ceux à qui je peux transmettre. Ce n’est pas une question d’ascendance ou d’âge, mais de mentalité. Sur un chemin perdu de montagne, si vous croisez un inconnu qui vient de là où vous vous rendez, peut-être ne vous dira-t-il rien et vous laissera-t-il vous débrouiller. Un autre vous préviendra que plus loin, des loups guettent, qu’il faut se méfier d’un nid de guêpes, d’un gouffre — ou d’un vendeur de cuisines qui fait des promos trop belles pour être vraies. Toujours partager ce que l’on apprend, sans ego. La vie est bien plus intéressante ainsi. Je ne sais pas pour vous mais moi, j’ai souvent l’impression d’être perdu sur le chemin. Suivant le moment, nous sommes tous cet ignorant qui regarde ceux qui savent en espérant qu’ils nous révéleront le moyen de survivre. Et nous avons tous des petits que nous pouvons aider, qu’ils soient de notre sang ou pas. Parfois, les anciens sont novices et ce sont les petits nouveaux qui peuvent nous en remontrer. Tellement de combinaisons possibles, tellement de vies différentes. Pourquoi exister si on ne se raconte rien ? J’accepte très mal l’idée que ce que nous apprenons d’essentiel ne serve qu’une fois et meure avec nous. Quelqu’un possède forcément les réponses aux questions que vous vous posez. Trouvez-le.

Je souhaite donc dédier ce livre à toutes celles et tous ceux qui s’inquiètent pour ceux qu’ils aiment. Je m’incline devant ceux qui, pour être à la hauteur, oublient leur fatigue, leurs intérêts et leurs limites, quitte à faire n’importe quoi mais toujours par affection. J’essaie d’appartenir à cette digne confrérie — surtout quand il s’agit de faire n’importe quoi. Je veux dédier cette histoire à celles et ceux qui élèvent leurs enfants, au sens premier du terme, qui les amènent plus haut. Je veux aussi penser à ceux qui ont commis des erreurs, qui sont arrivés après la bataille, qui n’ont pas su ou qui ont eu peur. Il n’est jamais trop tard pour donner. Trouvez votre place, dites, faites, tentez tout. Rien ne vaut le bonheur de se retrouver.

Comme vous, je tremble pour beaucoup de monde. Et quelques-uns tremblent pour moi. À ceux-là, je veux dire ma gratitude. Merci à ceux qui font le chemin avec moi. Merci à ceux qui m’évitent les erreurs, à ceux qui m’éclairent ou m’éloignent du précipice. Merci à ceux qui me disent la vérité, y compris quand elle ne m’arrange pas. Parmi eux, beaucoup de proches, mais aussi beaucoup d’inconnus qui, au détour d’une rencontre, d’un regard, d’une confidence, m’offrent les réponses. Et je dois ici parler de vous, de tout ce que vous me racontez, de ces clichés que vous pulvérisez, de vos vies que vous m’ouvrez, de tout ce que vous prouvez sans même vous en rendre compte. Mes livres ne sont que de petites choses, mais ils permettent aussi de nous rencontrer.

En parfait exemple, je veux remercier quatre femmes qui, avant de devenir plus proches, m’ont fait l’honneur de venir à moi en tant que lectrices. Merci à Régine Riefolo pour sa connaissance remarquable de l’Inde et son regard bienveillant. Merci à Alexandra Morlot pour son univers et sa patience. Merci à Pauline Choplin qui, un soir de fête, a gagné le droit de devenir l’un de mes personnages. Au-delà de la jeune comédienne talentueuse que tu es, la jeune femme que tu deviens me touche. Utiliser ton nom a été un bonheur. Embrasse ta mère pour moi, mon plus grand rêve est de provoquer avec des mots ce qu’elle engendre avec son exceptionnel talent de musicienne et d’organiste. Sophie-Véronique, ma famille et moi vous devons des larmes de bonheur.

Si vous en avez le temps, écoutez la magnifique chanson de Bruno Mars, « When I Was Your Man ». J’ignore ce qu’il faut avoir vécu pour écrire cela, mais j’en suis admiratif. Rendre la douleur magnifiquement belle et porteuse d’espoir est un don.

Je souhaite aussi remercier les producteurs de cinéma avec lesquels j’avance de plus en plus, Christel Henon et Lilian Eche. L’idée de revenir sur les plateaux me fait drôle, surtout pour mes histoires et avec des personnes aussi fines, compétentes et humaines que vous.

Merci aux lectrices, lecteurs, libraires, bibliothécaires qui chaque jour me portent, me propagent et me font découvrir autour d’eux. Merci à celles et ceux qui me font l’immense cadeau d’attendre mes histoires.

Évidemment, je ne peux pas oublier Pascale, ma moitié, celle grâce à qui j’ai la chance de ne pas trembler seul. À nos enfants, qui prennent l’avion sans avoir peur, qui sautent de rochers trop hauts, qui font n’importe quoi et savent désormais avancer sans qu’on leur tienne la main.

À toi, ma fille, à qui j’ai beaucoup pensé en imaginant Emma. Je mesure chaque jour la chance que j’ai de pouvoir t’observer sans me cacher. Tu es Mon Petit Sourire.

À toi, mon fils, parce qu’il me manquerait un grand pan de ma vie si je n’avais pas le bonheur de te connaître.

Faites mieux que nous. Ce ne sera pas si difficile.

Avant de poser les mains de chaque côté du clavier, bien à plat, et de souffler vraiment, c’est à vous qui tenez ces pages que je souhaite m’adresser enfin. Je ne sais pas où vous êtes, mais je suis proche de vous. Ma vie, comme ce livre, est à nouveau entre vos mains. Je ne suis rien sans vous, mais ce n’est pourtant pas ce qui me donne le plus envie de tout faire pour avoir la chance de continuer à votre service. Ma motivation n’a rien de commercial. Je commence à vous connaître et je crois que je m’attache. Si vous saviez le nombre de fois où vos visages, vos noms, nos échanges sont en moi… On a peur, mais on a envie. Nous ne sommes peut-être pas grand-chose, mais on aime de toutes nos forces. On est gentils, mais un petit coup de pied dans la tronche de ceux qui vont trop loin n’est jamais à exclure. Elle est pas belle, la vie ?

Faites-moi plaisir. Malgré ce que j’ai dit plus haut, posez ce livre. Allez voir ceux que vous aimez. Prenez-les dans vos bras. Serrez-les en écartant bien les doigts pour ne rien perdre de cette énergie qui passe entre vous. Oubliez-moi.

Moi, je ne vous oublierai jamais.

Je vous embrasse,

P-S : Les enfants d’Hélène Trémélio ont fini de construire leur maison et ils ont effectivement prévu une belle chambre pour elle. Hélène va vivre avec ses enfants, ses petits-enfants et ses chats. Les bonnes nouvelles arrivent parfois. Dans les livres comme dans la vie.

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