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Celui qui croit pouvoir trouver en soi-même de quoi se passer de tout le monde se trompe fort; mais celui qui croit qu'on ne peut se passer de lui se trompe encore davantage.

CCXIII

La pompe des enterrements regarde plus la vanité des vivants que l'honneur des morts.

CCXIV

Les faux honnêtes gens sont ceux qui déguisent la corruption de leur cœur aux autres et à eux-mêmes. Les vrais honnêtes gens sont ceux qui la connaissent parfaitement et la confessent aux autres.

CCXV

Le vrai honnête homme est celui qui ne se pique de rien.

CCXVI

La sévérité des femmes est un ajustement et un fard qu'elles ajoutent à leur beauté. C'est un attrait fin et délicat, et une douceur déguisée.

CCXVII

L'honnêteté des femmes est l'amour de leur réputation et de leur repos.

CCXVIII

C'est être véritablement honnête homme que de vouloir être toujours exposé à la vue des honnêtes gens.

CCXIX

La folie nous suit dans tous les temps de la vie Si quelqu'un paraît sage, c'est seulement parce que ses folies sont proportionnées à son âge et à sa fortune

CCXX

Il y a des gens niais qui se connaissent, et qui emploient habilement leur niaiserie.

CCXXI

Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit.

CCXXII

En vieillissant on devient plus fou, et plus sage.

CCXXIII

Il y a des gens qui ressemblent aux vaudevilles que tout le monde chante un certain temps, quelque fades et dégoûtants qu'ils soient.

CCXXIV

La plupart des gens ne voient dans les hommes que la vogue qu'ils ont, ou bien le mérite de leur fortune.

CCXXV

Quelque incertitude et quelque variété qui paraisse dans le monde, on y remarque néanmoins un certain enchaînement secret, et un ordre réglé de tout temps par la Providence, qui fait que chaque chose marche en son rang, et suit le cours de sa destinée.

CCXXVI

L'amour de la gloire et plus encore la crainte de la honte, le dessein de faire fortune, le désir de rendre notre vie commode et agréable, et l'envie d'abaisser les autres, font naître cette valeur qui est si célèbre parmi les hommes.

CCXXVII

La valeur dans les simples soldats est un métier périlleux qu'ils ont pris pour gagner leur vie

CCXXVIII

Ier état (et le deuxième, pour chaque variante, entre parenthèses). La parfaite valeur et la poltronnerie complète sont des (deux) extrémités où on en arrive rarement. L'espace qui est entre le deux (entre-deux) est vaste, et contient toutes les autres espèces de courage: il n'y a pas moins de différence entre eux (elles) qu'il y en a entre les visages et les humeurs; cependant ils (elles) conviennent en beaucoup de choses. Il y a des hommes qui s'exposent volontiers au commencement d'une action, et qui se relâchent et se rebutent aisément par sa durée. Il y en a qui sont assez contents quand ils ont satisfait à l'honneur du monde, et qui font fort peu de choses au-delà. On en voit qui ne sont pas (pas toujours) également maîtres de leur peur. D'autres se laissent quelquefois entraîner à des épouvantes générales. D'autres vont à la charge pour n'oser demeurer dans leurs postes; enfin il s'en trouve à qui l'habitude des moindres périls affermit le courage et les prépare à s'exposer à de plus grands. (Ici, une phrase ajoutée dans le 2e état: Il y en a encore qui sont braves à coups d'épée, qui ne peuvent souffrir les coups de mousquets; et d'autres y sont assurés, qui craignent de se battre à coups d'épée.) Outre cela il y a un rapport général que l'on remarque entre tous les courages de différentes espèces dont nous venons de parler, qui est que la nuit, augmentant la crainte et cachant les bonnes et les mauvaises actions, leur donne la liberté de se ménager. Il y a encore un autre ménagement plus général qui, à parler absolument, s'étend sur toutes sortes d'hommes: c'est qu'il n'y en a point qui fassent tout ce qu'ils seraient capables de faire dans une occasion (action) s'ils avaient une certitude d'en revenir. De sorte (De sorte qu'il est visible) que la crainte de la mort ôte quelque chose à leur valeur et diminue son effet.

CCXXIX

La pure valeur (s'il y en avait) serait de faire sans témoins ce qu'on est capable de faire devant le monde.

CCXXX

L'intrépidité est une force extraordinaire de l'âme par laquelle elle empêche les troubles, les désordres et les émotions que la vue des grands périls a accoutumé d'élever en elle; par cette force les héros se maintiennent en un état paisible, et conservent l'usage libre de toutes leurs fonctions dans les accidents les plus terribles et les plus surprenants.

CCXXXI

L'intrépidité doit soutenir le cœur dans les conjurations, au lieu que la seule valeur lui fournit toute la fermeté qui lui est nécessaire dans les périls de la guerre.

CCXXXII

Ceux qui voudraient définir la victoire par sa naissance seraient tentés comme les poètes de l'appeler la fille du Ciel, puisqu'on ne trouve point son origine sur la terre. En effet, elle est produite par une infinité d'actions qui, au lieu de l'avoir pour but, regardent seulement les intérêts particuliers de ceux qui les font, puisque tous ceux qui composent une armée, allant à leur propre gloire et à leur élévation, procurent un bien si grand et si général.

CCXXXIII

La plupart des hommes s'exposent assez dans la guerre pour sauver leur honneur. Mais peu se veulent toujours exposer autant qu'il est nécessaire pour faire réussir le dessein pour lequel ils s'exposent.

CCXXXIV

La vanité, la honte, et surtout le tempérament, font la valeur des hommes.

CCXXXV

On ne veut point perdre la vie, et on veut acquérir de la gloire; de là vient que les braves ont plus d'adresse et d'esprit pour éviter la mort que les gens de chicane pour conserver leur bien.

CCXXXVI

On ne peut répondre de son courage quand on n'a jamais été dans le péril.

CCXXXVII

Il est de la reconnaissance comme de la bonne foi de marchands: elle soutient le commerce; et nous ne payons pas pour la justice qu'il y a de nous acquitter, mais pour trouver plus facilement des gens qui nous prêtent.

CCXXXVIII

Tous ceux qui s'acquittent des devoirs de la reconnaissance ne peuvent pas pour cela se flatter d'être reconnaissants.

CCXXXIX

Ce qui fait tout le mécompte dans la reconnaissance qu'on attend des grâces qu'on a faites, c'est que l'orgueil de celui qui donne, et l'orgueil de celui qui reçoit, ne peuvent convenir du prix du bienfait.

CCXL

Le trop grand empressement qu'on a de s'acquitter d'une obligation est une espèce d'ingratitude.

CCXLI

On donne plus souvent des bornes à sa reconnaissance qu'à ses désirs et à ses espérances.

CCXLII