Les hommes, comme les loups, sont faits pour vivre en hordes. Celui qui s’en va, seul à travers la forêt, paie je ne sais quelle étrange dette.
Maintenant on lacère les manteaux de fourrure et les grosses cylindrées. Bientôt on tailladera le bide des obèses, pour leur apprendre à capitaliser les calories. Même une grosse bite, t’auras plus le droit de la déballer. Un zizi de plus de quinze centimètres hors tout sera interdit de fornication, pas complexer surtout les petits bitouneux lamentables.
C’est beau, la nature, et ça ne coûte pas cher.
La charité est un élan, une bandaison de l’âme.
Les hommes sont des mouches bleues qui se posent tantôt sur le miel, tantôt sur la merde.
Les portes se referment parce qu’elles sont faites pour ça. Il est con, Musset, qui prétend qu’elles doivent être «ouvertes ou fermées». Ouvertes, c’est fugitif, fermées, c’est leur finalité.
Il en va des qualités professionnelles comme de l’amour: tu t’y montres brillant ou nul.
Faire semblant est un début de réalité. Si tu fais de plus en plus semblant, t’arrives progressivement à être ce que tu souhaites paraître.
Le beau monde cultive les apparences et il a bien raison. Elles lui servent de vertu.
Le présent reste obscur; c’est un assemblage d’ignorances. On le croit définitif parce qu’il est. Et comme l’homme ne possédera jamais la faculté de dépasser ce qui est, il se fera toujours niquer. Il vivra éternellement l’instant. Mais l’instant, c’est de l’illusion matérialisée. Ça se déprogramme en étant.
Le vrai mutisme, ce sont des mots qui se taisent.
La lèche, c’est le lubrifiant des rapports humains. Notre société est régie par la pipe davantage que par les lois.
Le jour vient où tu n’as plus envie de rien, même pas d’exister.
T’as pas le temps d’être mort que déjà on t’a foutu un drap ou une bâche sur la gueule. Symbolique. Tu n’es plus? Alors ton image n’a plus le droit de cité.
Les pauvres se trouvent mieux dans leur peau que les nantis.
Il faut franchir la barbare frontière du paroxysme pour s’affranchir des misères humaines. L’intensité débouche sur le salut.
La désillusion est le chemin de l’existence.
Sans philosophie, on accepte mal ses propres crimes.
Il ne faut pas se laisser glisser dans les songeries merdancoliques.
Quand elle est trop poussée, l’admiration conduit à l’outrance.
Les hommes, fais-les plus grands qu’ils ne sont et ils le deviennent pour de bon!
Le coup de cœur, c’est fort, c’est bon, ça survolte, mais ça ne doit pas se prolonger.
Toujours essayer de voir les choses qui se cachent derrière les choses.
Notre vie est un choix perpétuel. Décider, toujours décider: par quel bout commencer, quelle fille on va baiser, pour quel con on va voter. Encore et toujours des choix! Qu’en fin de compte, ton libre arbitre te pompe l’air, t’empêche d’exister normalement! Tu restes trop disponible pour bien profiter de la vie.
Le faste ne te grandit jamais, au contraire, il t’accable.
Il y a des gens qui ont partout l’air d’être en exil, même au sein de leur foyer, et là encore davantage qu’ailleurs.
L’oubli est le principal atout des femmes.
Ce que j’ai eu d’important à dire dans la vie, je l’ai dit avec les yeux.
Les centenaires de Sicile sont des gens qui ne se sont jamais occupés de leur prochain.
Le droit chemin décrit des zigzags, parfois.
La mémoire ne doit servir qu’à évoquer le positif; si c’est le garde-manger des rancœurs, vive l’amnésie!
Ne donne pas trop de bonheur aux gens, ils t’en gardent toujours rancune.
Être ou ne pas être… Là n’est pas la question.
Ce qui peut arriver de mieux aux hommes, c’est d’agir sans réfléchir.
Les gonzesses, c’est comme les clébards, faudrait toujours les prendre jeunes.
La planète? En voilà une qui tournait rond jadis, avant que l’homo sapiens vienne lui proliférer dessus.
Celui qui bédole dans son froc a perdu d’avance; l’odeur de la merde excite l’adversaire.
L’homme s’attarde sur le passé, tandis que la femme se gave du présent.
Ceux qui ne savent pas écrire, tout comme ceux qui ne savent pas peindre, se réfugient dans l’abscons. Ça fait ricaner les cartésiens, mais ça les inquiète tout de même.
Je préfère une partie de baise dans une cabine téléphonique à une partie de chasse à courre en Indre-et-Loire.
C’est comme les arènes, la vie: t’as toujours les places à l’ombre et les places au soleil, mais dansl’existence, c’est les places au soleil qui coûtent le plus cher.
Rescapé, j’ai remarqué que c’est un sort enviable dans l’existence. On ne respecte pas les épargnants, mais on raffole des épargnés.
En ne prenant pas la vie des victimes, c’est comme si on la leur donnait!
Un type mort, on tire un trait dessus; un type vivant, on tire sur la fermeture Eclair de sa braguette.
Il faut garder la verticale, position dont nous ne profiterons jamais suffisamment, nous autres, les futurs horizontaux définitifs. Rester debout est un luxe.
Deux hommes intelligents, d’idées politiques opposées, trouvent beaucoup plus de choses à se dire que deux cons appartenant à un même parti.
Quand tu te fais du mouron, donne-le aux petits oiseaux.
L’actualité c’est tout de suite, le lendemain elle est défraîchie, au bout de huit jours elle est périmée, ensuite elle fait chier tout le monde.
Quel plus grand hommage rendre à son Créateur que de devenir le complément d’un autre être.
Souvent j’ai découvert des trésors au débotté de l’existence, alors que je n’espérais rien.
J’ai rien contre les officiers, rien pour, non plus. S’il y en avait pas on serait obligés de faire les guerres tout seuls, et on risquerait de les gagner!
L’existence, c’est comme ça: tu fais des gosses et tu attends qu’ils s’en aillent. Et quand ils sont partis, tu attends qu’ils reviennent.
Marquer son territoire, c’est ne pas avoir besoin d’être physiquement là pour être présent.
Quand on rencontre des gens, on ne sait jamais à l’avance desquels on va se souvenir plus tard. C’est pas une question «d’importance», mais de «sensations».