C’est un traîne-lattes qu’on devine prêt à tout et bon à rien. Le genre à qui on demande de vous apporter un rouleau de papier hygiénique à travers la porte de la salle de bains, quand le distributeur est vide.
Le truand est gris, tubard, et aussi propre qu’un fond de poubelle. Il a des cheveux rêches, sans couleur définie, des yeux enfarinés et l’air accablé d’un type avec lequel la vie s’est permis des fantaisies.
Ils avaient les yeux à ce point enfoncés dans la graisse que pour voir ils se servaient de leurs narines.
Des maladies mitonnent dans sa carcasse déformée. On lui voit du cynisme sur la frite, de la cupidité blasée dans le regard. Des cicatrices infâmes racontent ses veuleries. Les attractions terrestres l’ont ravagé. Il est blet de partout. Il vire à l’état gazeux!
Cinquante ans, costard de flanelle grise jamais repassé. Chemise blanche, cravate qu’il ôte et passe sans défaire le nœud. Marié à une grosse connasse blonde qui va au restaurant avec des bigoudis sur la tronche et une étole de vison violet.
Il est jeune, gras, rose, empoté de partout, empâté d’ailleurs, bègue de trop de timidité, le cheveu plat avec raie basse sur le côté. Le regard clair des cons gentils, les lèvres charnues des cons bouffeurs, les mains potelées des cons malbaisants.
Il appartient à la catégorie des obèses blafards. Il a toujours un sachet de friandises ou un gobelet géant à la main. C’est une sorte d’hippopotame vautré dans son marigot. Il ne parle qu’en mastiquant et bouffe même aux chiottes.
Le pionard du coinceteau, trogne écarlate et casquette de marinier, écluse des verres de rouge, seul à une table, en se racontant son passé qui branle au manche de la mémoire.
C’est un gars châtain, avec la frime de Van Gogh, le menton pointu, les arcades sourcilières proéminentes. Sa barbe lui donne un air de Christ qui crierait pouce en montant au calvaire.
Elle porte un délicieux pantalon rayé rose et noir, un chemisier jaune, et elle a troqué son maquillage de clown blanc contre un fond de teint terre de Sienne qui fait ressembler sa tronche à une amphore neuve.
Il se veut buste et tend son moulage aux postérités. Tête léonine. Le cheveu est dru, blond, cendré. La bouche jouisseuse est faite pour le gigot au poivre vert et pour l’homélie. Même à bout portant, il te regarde de loin.
C’est un grand zig maigre, voûté plein cintre, qu’on enverrait sûrement dans un sanatorium si j’avais vendu moins de timbres antituberculeux quand j’étais petit.
La calèche est pilotée par un calécheur coiffé d’un chapeau melon. Il est tout engoncé dans une houppelande et a l’air d’un gros oiseau malade dont les paupières sont lourdes.
C’est une vieille peau mistifrisée, avec des lunettes qui lui pendent sur la poitrine, maintenues par une chaînette d’or, des rides en quantité industrielle et des lèvres en coups de serpe. Si les morts pouvaient être chiants, elle aurait l’air d’être morte. Seulement ses petits yeux sont agressifs, de même que sa voix.
L’individu était un grand garçon à l’air sage, du type major de promotion. La peau mate, le regard embusqué derrière des vitres de myope, on aurait dit qu’il promenait un ennui congénital, mâtiné de mépris.
Le garagiste est un homme très brun, avec une brioche de quinquagénaire qui bouffe à sa faim et un gros tarbouif d’où jaillissent des gerbes de poils frissonnant au gré de sa respiration.
Mon instituteur était un gros homme sanguin dont la blouse s’ornait de multiples taches d’encre. Les pans de son vêtement l’encadraient, comme un rideau de théâtre ouvert encadre la scène.
Il est tout rond, très chauve, avec de grosses lunettes également rondes et chauves. Il a des mains potelées dont un des auriculaires s’enorgueillit d’une chevalière mastarde. Son sourire est frangé d’or et la pochette qui lui pend de la poitrine devait servir de parachute avant d’être vouée à cette sinécure.
Il a une tête de tortue, un cou de tortue, une bouche de tortue et un peigne d’écaille dans sa poche revolver.
C’est une blonde boulotte, avec des roseurs malencontreuses au front et au cou. Elle a l’air d’une femme dédaignée qui préfère la bouffe à la baise parce qu’elle n’a pas les moyens d’intervertir.
Le gonzier est un petit crevard, couleur merde d’hépatique, qui croit porter la barbe parce qu’il a laissé pousser sept poils de cul à son menton.
On dirait un professeur d’économie en vacances. Il louche, ses dents se chevauchent comme des roquets de quartier, il a le bout du nez rouge et une trace de crayon-bille sur sa manchette gauche.
Il pèse dans les deux cent vingt livres. Son dos, tu dirais un panneau d’affichage électoral. Presque pas de cou. Une tête grosse comme un casque de salon de coiffure, avec, sur le dessus, luttant contre l’émaillage d’une calvitie rose, des tifs queue de vache soigneusement plaqués à la Seccotine.
Elle vadrouille dans les soixante carats. Cheveux d’un blanc bleuté, du plâtre de Paris sur la façade avec une bouche façon griotte, dessinée de traviole. C’est le genre mémère aisée, poupette bourgeoise, mamie gourmée. Bref, la vieille peau chiante qui professe sa confiance en Chirac et vote Le Pen comme on se branle, dans la touffeur de l’isoloir.
Le vendeur est un jeune con, chauve du dessus, avec un blazer et la certitude d’appartenir à l’élite.
Il est plutôt sympa. On devine l’homme simple, modeste. Il doit faire enlever le bouchon de radiateur de sa Rolls pour faire pauvre.
Le taxi est un mec épais, bourru, portant une veste de cuir râpé et une casquette sommée d’un bistougnet à la con. Il a le nez et le pourtour dudit d’un brun violacé, avec de jolies veines bleues en forme de la Garonne et de ses affluents.
C’est un gaillard de deux mètres de haut sur cent quarante de large dont la moustache drue ressemble à une antenne de télévision.
Elle est trop grande pour ressembler à une femme et pas assez pour ressembler à une tour. Un naze en capot de Jaguar, une poitrine aussi saillante qu’un fronton de pelote basque et des yeux aussi expressifs que deux boîtes de camembert sans leur couvercle.
C’est un type d’une cinquantaine d’années, au visage soufflé et patiné par le whisky, au regard apparemment morne mais dans lequel brillent d’étranges lueurs quand on l’observe attentivement. Il doit se raser une fois par semaine, mais ce n’était ni hier ni même la semaine passée.
Elle porte une robasse de vilain lainage pisseux, est coiffée en paquet de cresson, et son nez en pied de samovar supporte des lunettes de myope aux verres tellement épais qu’ils ressemblent à deux loupes presse-papiers.
Le bahut est piloté par une grosse matrone brune et pileuse qui a la gueule à vendre du nougat ou des filles nubiles.