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Exister ici ou là, c’est toujours apprendre à mourir.

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Tu ne peux pas lutter contre un vieil amant mort.

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Je ne serai pas le premier veuf qu’aura perdu sa femme.

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Tu as raison de ne pas vouloir mourir, vieillir suffit.

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Fasse Dieu qu’on ne puisse visser le couvercle de ma bière sans avoir à y percer un trou!

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— Ça n’a pas l’air d’aller fort, grand-père?

— Je suis vieux!

— Ça vous passera!

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La mort est un autre pays.

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L’existence est un entrelacs de rencontres. Des gens viennent et repartent. Le temps qu’on les estime indispensables et voilà qu’il faut s’en dispenser. Ils vous meurent devant ou bien vont se planter ailleurs, dans d’autres terres ou d’autres culs.

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La seule chose qui m’ennuiera un peu dans la mort, c’est d’être absent. Le reste, je m’en fous.

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Les gondoliers ont l’air de croque-morts à présent. Ce sont les fossoyeurs qui plantent Venise dans la mer et l’ensevelissent à gestes tendres, en souvenir.

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Vivre, c’est arpenter un tapis roulant allant en sens inverse de ton déplacement.

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On aura mis tout ce temps à cesser, sans avoir l’air d’y croire.

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La vie est le choix du moindre mal.

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Je suis beaucoup plus sûr de ma mort que de ma vie.

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— Il est encore loin, votre cimetière natal?

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À force de ne plus être tout à fait jeune, on devient vraiment vieux.

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T’interviewes un pis-que-centenaire et il est foutu! T’apprends son décès dans l’année même. Faut pas déranger ceux qui se prolongent.

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Ils sont sur le qui-meurt (parce que enfin, être sur le qui-vive, c’est de l’optimisme!).

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Il se demande si, peut-être, il serait pas mortibus, lui, et ne ferait pas ma rencontre dans l’au-delà. Ce sont des combines qu’arrivent. Tu crois roupiller, et tu te réveilles mort en plein, entouré de beaux esprits ailés.

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Comme souvent chez les subalternes, la mort faisait de lui une vedette.

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Je veux, comme épitaphe sur ma tombe, tout seul, mais gros comme ça: un point d’exclamation.

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Ne vous moquez pas des morts. Votre tour viendra. Que dis-je: il est déjà venu puisque vous êtes nés!

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Bon Dieu, où est-ce qu’on les met, les macchabées? Dites, c’est vrai qu’ils clabotent tous sans exception, les hommes? Y a des moments, je doute. Je les vois dans les rues, dans les brasseries, au spectacle… Nombreux, bruyants, mobiles. Et je me mets à les imaginer clamsés. Je me dis que c’est pas possible qu’ils y aillent tous, dans le grand trou bordé de chrysanthèmes!

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Une mère, de même qu’elle vous apprend à vivre, elle vous apprend aussi à mourir, puisqu’en même temps que la vie, elle vous donne la mort.

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C’est timorant, l’existence. Au fil des jours elle te rejette et à la fin tu meurs pondu.

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Mourir est une asphyxie. La vie s’arrête par manque d’air, toujours.

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La vie? On sort du confort absolu, un coup de ciseaux et on commence à mourir.

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Une femme ouvre les jambes et c’est de la mort qui se précipite hors d’elle…

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Les femmes surmontent mieux leur veuvage que leur ménopause.

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Faites pas la fine bouche, ça vous arrivera, mes petites mères! Vous pouvez toujours vous la maquiller, la vitrine, vous la faire décorer comme certaines porcelaines, le moment viendra que vous paumerez votre emballage cadeau pour trouver le grand calme ossatoire.

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Tous les vieillards ont des choses intéressantes à dire, dommage qu’ils les disent avec leurs gencives.

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Qu’est-ce que ça signifie, des qualités ou des défauts? Y a pas de vraiment bons, y a pas de vraiment méchants, y a que des pauvres vivants empêtrés en eux-mêmes. Ceux qui ont vécu d’avoir tué et ceux qui sont morts d’avoir trop vécu, en fin de compte, ça donne le même humus.

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À côtoyer la mort, tu te raccroches à la vie.

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Il ne faut jamais envisager le pire. Puisque le pire c’est la conclusion de notre vie, nous n’avons que le droit d’envisager le meilleur.

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Quand les autres sont sous terre, il est plus facile de les compisser que lorsqu’ils sont à la verticale.

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Il est des gens dont on oublie l’absence aussi vite que la présence.

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Meurs pas, on a du monde!

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Tout le monde se signa devant le corps.

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Le notaire, en trois exemplaires.

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Il est bien dommage qu’on ne fasse pas exécuter aux vivants une répétition de leurs obsèques, histoire de les inciter à la méditation.

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Tu vas pas mourir, avec tout ce monde qui t’aime!

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Il est extrêmement mort pour son âge!

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Son destin part aux archives.

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Du train où ça va, vous allez canner sans savoir que vous avez vécu.

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J’ai envie de mourir lucide. Le dernier godet de rhum, c’est folklorique mais archi-con. Je suis persuadé que des tas de suppliciés l’ont refusé.

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Il est formellement beau. On croirait son masque mortuaire.

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Curieux comme le temps fait perdre à la mort son caractère effrayant. Un squelette finit par devenir un objet.

— Il n’est plus mort? espéré-je, évoquant le précédent de Lazare (dont la gare est aussi réputée que la résurrection).

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Le soir ils rentrent baiser leurs femmes ou regarder la télé et ça redevient gai comme un cimetière.

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L’abdication des vieillards est toujours plus ou moins feinte.

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Je me risque dans la nécropiaule.

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Il fait des efforts pour respirer. On sent que ça n’est pas un mariage d’amour, l’oxygène et lui. Que ça ne durera pas autant que la guerre entreprise par Edouard III d’Angleterre et Philippe VI de Valois.

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Même en tombant d’une chaise, si tu te tues, t’es mort!

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Je me rappelle un dessin humoristique de Roger Sam. Ça représentait un veuf qui suivait l’enterrement de sa femme en tenant à la main un transistor retransmettant France-Irlande. C’est comme ça que je la vois, la vérité. Les morts bien morts et les vivants bien vivants.

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Son horoscope ressemble à son encéphalogramme: il est aussi plat que la poitrine de la reine Babiola.

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Quand tu songes qu’Albert Ier s’est tué en alpinismant dans les Ardennes, montagnettes ressemblant à des taupinières, imagine ce que cela aurait donné dans les Alpes!

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