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Tu meurs cent fois à trop durer!

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Le veuvage va bien lui aller. Pour peu qu’elle mette des bas noirs, je suis partant pour régler la succession de son mari!

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La mort est un cauchemar qui bascule dans la réalité. Au lieu de te réveiller, au plus fort de l’angoisse, tu t’anéantis.

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Seul le suicidaire est capable du dédain suprême.

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Rien n’est plus déprimant que les yeux d’un mort. C’est l’au-delà qui vous examine.

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Le suicide est le recours des aventuriers qui n’aventurent plus; leur dernière expédition.

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Je m’exécute, comme disait le bourreau qui en avait marre d’être au chômage.

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Il y a toujours un moment où l’homme le plus dynamique éprouve confusément le besoin d’en finir: c’est quand il a sommeil.

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Combien sont morts d’avoir voulu impressionner leur entourage! Ils faisaient un peu de cinoche et l’ont eu dans le cul. Amen!

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Les vieux ne se suicident pas, c’est plus de leur âge!

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Seuls les cons peuvent exister sincèrement, les autres font semblant ou bien se butent.

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L’euthanasie, ça aide à vivre.

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Y en a, en ce moment, qui me lisent et qui se savent condamnés. Ceux-là, je leur crie «Tenez bon, les gars!» Les instants qui vous restent à vivre, et qui, vus par les verticaux, paraissent aussi ragoûtants qu’un conduit à merde obstrué, ces instants-là, mes braves bougres, vont sans doute être les plus baths de votre vie.

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Mourir des suites d’une longue maladie!

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Comme si on mourait des suites d’une maladie et non pas de son terme!

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Les personnes âgées demandent du rabe de vie! Elles veulent pas clamser, pas «comme ça», pas si jeunes. Elles ont besoin de se préparer! Guérir leurs maladies avant de mourir.

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Notre handicap, nous autres, ce sont ces milliers de tuyaux dont nous sommes tributaires; le moindre d’entre eux se bouche et tu crèves, gros malin qui attends la Légion d’honneur!

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Ah! Ne plus être à force de bien être!

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T’es happé par le «milieu hospitalier». Te sens partir en couille. Ton passé n’était qu’un préambule. Ta vraie vie, c’est cette période liquidatoire. L’embarquement pour cimetière. Tu te gaffes que tu sortiras de là les pinceaux en flèche, les paupières baissées, la braguette parfaitement boutonnée. Si t’as eu un petit lâcher de vessie pendant qu’on te saboulait, tant pis; comme ça, t’auras les burnes au frais en attendant que le petit Jésus te reçoive!

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Le toubib eut une grimace qui en disait long sur l’état du malade. Moi, le jour où un médecin fera ça au-dessus de ma carcasse, je pigerai que le moment de me laver les pinceaux pour comparaître devant mon Créateur est arrivé.

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Quatre plombes du mat’, c’est l’heure des angoisses pour qui ne dort pas. L’heure où l’on meurt dans les hôpitaux et où les fêtards commencent à réaliser l’étendue de leur gueule de bois.

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Survivre est provisoire, je sais bien, mais je crois que notre mission est de nous prolonger au maxi. L’euthanasie! Tiens, fume! Je suis pour l’opération sans espoir, pour la piquouze qui fait durer l’agonisant.

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Ma santé ne décline pas: elle s’incline.

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La Mort marche devant moi, à reculons comme un cameraman devant des comédiens.

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Foutez mes viscères dans un canope et mes testicules dans du formol, embaumez le reste de mes restes et vous occupez pas de mon âme. Surtout pas. Never! J’en fais mon affaire! L’expulserai avec mon dernier soupir ou mon ultime pet. L’ira vadrouiller dans les zéphirs, ma belle âme. Elle butinera le vent du large et caressera les pollens. La prenez pas en charge, surtout. Faut qu’elle circule à sa guise, avec ou sans moi. On ne peut rien pour elle, elle a l’habitude d’être orpheline!

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Je me sens happé par un formidable mystère que la mort, je le devine, n’élucidera pas.

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Je ne fais que passer sur cette planète! J’arrive du néant, et j’y retourne. Je refuse de laisser des scories.

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L’amour et la mort marchent, la main dans la main, le long de mon destin.

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Quand j’arriverai au grand vestiaire, ne me restera plus grand-chose en mémoire: quelques regards d’hommes, quelques sourires d’enfants, quelques culs de femmes. L’essentiel, en somme.

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Un jour je deviendrai maigre et poli, parce que mort et silencieux.

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Mes écrits ne sont que le squelette bossu de mes pensées.

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Je crèverai sur le monceau de fœtus de mes belles intentions.

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J’ai bien davantage peur de la vie que de la mort.

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Elle et moi, c’est pour toujours, c’est-à-dire jusqu’à la mort de l’un de nous.

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Ceux qui ne me lisent pas sur ordonnance, je leur fais la bise. Je leur promets qu’on ne se quittera plus. On vieillira ensemble, on s’étiolera de conserve, on craquellera en chœur. On fera de l’humus en couronne! On deviendra engrais azoté la main dans la main.

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Je n’ai plus le temps de ne pas dire ce que je pense!

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Si j’ai assez d’énergie, au moment de clamser, j’adopterai la position fœtale: la plus confortable qui soit accordée à l’homme. Partir comme on est venu, ce serait élégant, non? Même si t’as fait pipi dans ton linceul en embarquant.

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J’aime les noix, étant natif de leur pays, mais pas les planches fournies par leur arbre. Son bois a tout de suite un aspect petit-bourgeois. Même en cercueil, je déteste. Je suis chêne, moi. Voire arole, avec tous ses nœuds! Je dédaignerais pas un pardingue taillé dans ce pin à chair rose. Et puis le nœud est mon emblème, non?

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Le jour meurt; moi aussi peut-être? Seulement lui sera de retour demain car il est branché sur l’éternité.

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Un jour, ils viendront en pèlerinage sur ma tombe, par cars entiers, on leur fera des forfaits. Visite du mausolée de Santantonio! Ils auront droit de toucher ma pierre, je leur guérirai les écrouelles, la chiasse verte, le psoriasis. Je ferai sous-Lourdes, en somme. Je sais que le Bon Dieu est d’accord, me l’a fait savoir cette nuit.

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Tu fus un homme, San-Antonio, que cette notion t’aide à finir. Puisque l’avenir se dérobe, plonge ta tête dans ton passé, comme l’autruche dans ses plumes.

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Mon passé est plein de gens que j’ai aimés à en mourir et qui sont morts sans que j’en meure.

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Rien n’est indiscret à qui va mourir.

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Je ne suis, pareil à tous mes frères humains, qu’une anomalie cosmique; rien qu’un truc en vie lancé dans l’infini, venu de rien et qui y retourne.

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J’aimerais prendre congé de l’étoile polaire que mémé m’a fait découvrir autrefois, par une nuit d’été suave où les grillons et les rainettes s’en donnaient à cœur joie.