Le bonheur en Technicolor, ça ne se fabrique qu’à Hollywood.
N’es-tu pas épouvanté à l’idée que chaque seconde s’engloutit avant même que tu en aies eu conscience?
À partir du moment où on vous coupe le cordon ombilical, c’est râpé. On est seulâtre pour l’éternité.
Nous sommes tous dans une salle d’attente.
Le temps d’un sourire, elle aura duré, votre petite trajectoire minable de brandon qui s’éteint à peine allumé. Et, si vous n’avez pas ri pendant cet éclair, vous mourrez cocus, les gars!
La dignité humaine ne fait pas bon ménage avec l’intérêt.
La nature n’est jamais aussi hostile que les hommes.
Nous jaillissons du limon, comme une grosse bulle. Nous nous gonflons à la surface et, parce que le soleil nous fait briller un instant, nous nous prenons pour quelque chose, et même parfois pour quelqu’un!
Sans un minimum d’égoïsme, la vie ne serait pas vivable.
Dans la monstrueuse indifférence de l’univers, la seule île, c’est l’amour maternel.
Nous vivons tous à califourchon sur une fusée interplanétaire en rouscaillant parce qu’elle ne va pas assez vite. Nous devrions davantage nous asseoir dans notre jardin et regarder les abeilles faire leur petit turbin.
Le seul intérêt réel de l’existence réside dans ses bouleversements.
Tout est possible en ce monde et il n’y a qu’une chose qui soit réellement invraisemblable: c’est l’invraisemblance.
L’homme aux idées hardies est taxé de fou par ceux dont le cerveau est flasque.
S’en sortir, pour quoi faire? Pour aller où? Pascal a aussi bien pourri que ceux qui ne l’ont jamais lu.
L’homme est précédé de sa pensée, mais la rejoint immanquablement.
Il n’y a pas de dedans, à part nos âmes. Et encore sont-elles, elles aussi, une tolérance du dehors.
La probité morale est une espèce d’œuvre d’art.
Vivre, c’est passer outre.
À partir de trois personnes, les hommes cessent de s’entendre. Et, bien souvent, à partir de deux…
Quand on attend pour attendre, on finit vite par se demander ce qu’on attend.
Elle donne tant et tant, la nature, qu’après tout, elle peut bien reprendre.
Le règne humain est une communion chimique en devenir. Laissez-vous mourir tranquillement, je devine que ça n’est pas inutile.
L’imagination, c’est la mémoire du possible.
La seule véritable découverte philosophique de l’homme est que tout se transforme.
Pourquoi attendre d’autrui des satisfactions cérébrales que l’on peut s’accorder tout seul.
La fosse septique prépare à la fosse commune.
Chaque génie à sa prostate.
Personne ne fuit; tout le monde piétine.
On s’aperçoit que l’existence est faite à quatre-vingts pour cent de déconnages inutiles.
Les hommes, sans cesse aux prises avec le présent, doivent également compter avec le passé.
«Tromper le temps». Tu la connais cette expression stupide? Impossible de le tromper, le temps, de l’éluder, de lui passer outre. Il est là, comme une échelle infinie que tu dois escalader.
L’excitation est belle lorsqu’elle est intense, mais navrante lorsqu’elle ne peut s’exprimer.
Tout ce que je sais, je l’ai appris tout seul en lisant des livres, en lisant la vie, en baisant, en aimant mon prochain comme moi-même pour l’amour de Dieu! Ils sentaient bien les profs, que j’en avais rien à cirer, que mon siège était fait et que ma vie s’organiserait autour de la vraie vie, sans les turpitudes du savoir sous cellophane. Diplômé des nuages, l’Antonio! Docteur es-tendresse. Licencié en coït! Le pied, le foot! Authentique grande école! Faculté de s’en foutre.
— Vous me haïssez?
— Non, la haine est au-dessus de mes moyens; je vous méprise seulement.
Chaque individu est le point de départ de l’univers.
Le monde, il faut l’inventer soi-même, sinon, il est partout pareil.
La France? Soixante millions de gus sur les côtelettes, ça forme une sacrée pyramide humaine. Sans compter qu’il y en a qui remuent, dans le tas!
Mes yeux aperçoivent des choses enfuies qui jamais plus ne reviendront.
Les lambeaux du passé flottent au vent de la mémoire comme une chemise fixée à une rame transformée en mât sert de pavillon à des naufragés (du moins sur les dessins humoristiques).
Tout individu est fier de bander dur. Il en tire gloire, alors que ça lui est naturel, accordé par nature comme à des millions d’autres.
Les gros repas engendrent des digestions laborieuses, sources de méditations.
Nous autres, qui ne sommes pas des philosophes, ce qui nous sauve, c’est notre bon sens.
Ça pisse pas haut, ça ne mène pas loin, mes rébellions de noces et banquets; seulement ça me soulage un peu.
Con ou génie, gros ou maigre, Pensées de Pascal ou Almanach Vermot, c’est tout pour le néant. Tu balaies jusqu’à la bouche d’ombre, tu balances tout dedans: les détritus, le balai et toi pour finir. Terminé! Au suivant!
Il vaut mieux être un grand chez soi qu’un petit chez les autres.
Toujours mettre à profit les circonstances. Une occasion négligée, c’est un morceau de ton destin qui s’effrite.
Faut pas avoir peur des mots, seulement des gens.
L’existence est une étoffe tissée de menus hasards, de rencontres fortuites, d’incidents à peine discernables qui s’emboîtent. Quand tu as étalé le tout, tu constates que ça forme un destin. Rien n’a été inutile. Tout avait sa place. Tout devait être conservé pour l’exécution du motif global.
Une civilisation s’éteint, d’autres se développent; ça ne changera jamais le volume du globe terrestre, ni sa vitesse de rotation.
Mes pairs et mère m’ont enseigné qu’une seule bonne raison est préférable à plusieurs cacateuses.
Les grands penseurs sont des gens repus, sinon ce ne sont que des agitateurs.
— Qu’est-ce qui ne va pas?
— La vie.
— Je connais: je l’ai eue.
L’existence est bourrée de chausse-trapes sournoises, quand tu ne te méfies pas.
On se met à devenir vieux sitôt qu’on cesse de grandir.
Quand on ne peut refaire le monde, on n’a que la ressource de prier et de baiser.