Выбрать главу

Skorzeny recula d’un pas. « Touché, je suppose ?

— Oui », dit Ryan.

Une chaleur lui coulait le long de la cuisse. Il se mit en position, attendit que Skorzeny se replace, puis avança. Skorzeny para toutes les attaques, cinq successivement, puis riposta en visant le flanc de Ryan, mais celui-ci fit un pas de côté et lui porta un coup sous le bras.

« Touché », dit Skorzeny.

Ce fut au tour de Ryan de reculer. Skorzeny ne relâchait pas l’offensive et ne lui laissait aucune occasion de composer une attaque. Ryan se planta fermement sur ses jambes pour obliger l’adversaire à s’approcher. Il reçut l’avant-bras de Skorzeny en pleine poitrine et vacilla. Avant qu’il n’ait le temps de se ressaisir, Skorzeny lui piquait l’épée au milieu du ventre en tordant la lame.

Les pointes déchirèrent la peau sous le coton. Ryan bloqua sa respiration et serra les dents. « Touché.

— Dites donc, fit Haughey en se levant. C’est permis, ça ?

— À l’épée, le contact corporel est autorisé. » Skorzeny sourit. « Trois points chacun, je crois.

— Exact », dit Haughey en se rasseyant.

Ryan se tourna vers Celia. Elle évita son regard.

Dans l’assaut suivant, l’Autrichien porta une botte basse, projetant sa lourde masse vers l’avant pour donner de la puissance à l’attaque. Ryan esquiva. Quand la lame adverse le suivit, il pivota et frappa Skorzeny à la poitrine.

« Schwein ! Touché. »

Skorzeny se frotta à l’endroit atteint.

« Quatre points pour Ryan, dit Haughey. Encore un, et il gagne. »

Skorzeny fusilla le ministre du regard, puis se remit en position.

Chacun des tireurs s’avança prudemment. Les fers entrèrent en contact, puis Skorzeny baissa le sien en entraînant celui de Ryan. Il tenta ensuite une fente, mais Ryan était prêt. Il bloqua la lame et riposta en se fendant à son tour, mais manqua la cible. Skorzeny attaqua.

Ryan sentit une pression, puis une chaleur derrière l’oreille.

Les femmes retinrent leur souffle. Les hommes lâchèrent un juron.

Celia dit : « Oh, Albert. »

Skorzeny sourit et recula.

Ryan se tâta le cou de la main gauche, perçut la substance poisseuse, la douleur cuisante quand ses doigts effleurèrent la plaie.

« Touché, dit-il.

— Souhaitez-vous abandonner ? » demanda Skorzeny.

Celia fit un pas en avant. « Albert, je vous en prie.

— Non », dit Ryan en se mettant en position.

Skorzeny se prépara aussi, un sourire narquois aux lèvres, les yeux lançant des éclairs.

Un bref instant, Ryan se demanda si l’Autrichien avait eu le même sourire en menaçant Celia quelques heures auparavant. Puis il attaqua.

Skorzeny para, essaya de prendre le fer avec un mouvement circulaire, mais Ryan contra et le força à baisser sa lame, puis se fendit en visant la cuisse. Il manqua sa cible et ne put arrêter son élan. Les deux adversaires se retrouvèrent dans un corps-à-corps, poitrine contre poitrine, leurs épées croisées entre eux.

Skorzeny poussa. Ryan résista. Skorzeny enfonça son coude dans les côtes de Ryan. Ryan planta son genou dans la cuisse de Skorzeny.

Ils restèrent ainsi, se bousculant dans une danse malhabile, avec leurs épées bloquées, jusqu’à ce que Ryan réussisse à dégager la sienne en déséquilibrant Skorzeny. Il dirigea la pointe de sa lame vers le ventre de Skorzeny, mais l’Autrichien leva le poing gauche.

La tête de Ryan partit en arrière quand le coup s’abattit, ses genoux fléchirent. Il s’étala sur le plancher, lâchant l’épée qui roula avec bruit jusqu’aux pieds de Haughey.

Skorzeny lui porta un violent coup d’épée à la poitrine. Une douleur fulgurante le saisit au-dessus du cœur quand les pointes traversèrent le tissu.

« Cinq, si je ne m’abuse », dit Skorzeny.

34

Ryan contempla son reflet dans la glace tout en se tamponnant la lèvre avec un gant. Le sang suintait encore de l’écorchure à son cou, mais avait cessé de couler sur sa cuisse.

Il n’avait pas pu regarder Celia en face — ni personne d’autre — en quittant la salle à manger. Il s’était traîné péniblement dans l’escalier, seul, et avait essayé plusieurs portes avant de trouver cette salle de bains.

Des volutes écarlates ondoyaient au fond du lavabo. Ryan cracha une bave rosâtre dans l’eau et appuya le gant contre la blessure de son cou. Une tache sombre imprégnait le col de sa chemise. Il se demanda si elle partirait au lavage.

Aucune importance. Ce n’était pas lui qui avait payé.

Le pantalon portait un accroc, rougi lui aussi. Ryan s’étonna d’éprouver un soupçon de tristesse. Ce n’était qu’un vêtement, même s’il n’en avait jamais possédé d’aussi coûteux. L’argent l’avait toujours laissé relativement indifférent et pourtant il déplorait la perte de ce signe extérieur de richesse, bien qu’elle ne fût pas la sienne.

Ryan examina à nouveau la plaie sur son cou. Le sang perlait encore. Il pressa plus fort le gant et sortit.

Célestin Lainé l’attendait dans le couloir, adossé au mur, serrant une bouteille de vin presque vide contre sa poitrine.

« Monsieur Ryan, dit-il. Albert.

— Célestin.

— Qu’est-ce qui arrive à vous ? » Sous l’effet de l’alcool, Lainé maîtrisait encore moins la syntaxe anglaise.

« Le colonel Skorzeny m’a provoqué en duel. »

Lainé sourit. « Il vous a battu ?

— Oui », dit Ryan.

Le rire suraigu de Lainé résonna dans le couloir, puis retomba aussitôt.

« Vous voyez Catherine mourir.

— J’étais là, oui.

— Vous ne l’empêchez pas.

— Je n’ai pas pu. Elle a agi trop vite. »

Lainé pointa un doigt sur Ryan. « Elle a fait ça à cause de vous. »

Ryan résista à l’envie de lui frapper la main. « Non. Elle s’est tuée parce qu’elle avait peur de Skorzeny.

— Elle n’a rien à craindre de lui.

— Elle était soupçonnée d’avoir communiqué des informations. Skorzeny l’aurait interrogée si je ne l’avais pas fait. »

Lainé lâcha la bouteille, se jeta sur Ryan et le plaqua contre le mur. Le gant vola. « Catherine n’est pas une indic. »

Ryan ne bougeait pas. « Maintenant, je sais que non.

— Mais elle meurt quand même, dit Lainé, l’haleine avinée. Pour rien.

— Je sais qui est l’indic. »

Le visage de Lainé s’affaissa. « Hakon Foss. Je l’interroge. Il ne dit rien, mais plus tard, il avoue.

— Non, dit Ryan. L’indic, c’est vous. »

L’idée lui avait été soufflée par Weiss. Dans ce garage, au milieu des odeurs d’huile et de sueur qui se mêlaient à celle du chloroforme, il avait écarté les soupçons de Ryan qui se portaient sur Hakon Foss.

« C’est un jardinier, avait-il dit. Un homme à tout faire qui taille des haies et répare les fenêtres cassées. Quel genre d’informations pensez-vous qu’il puisse transmettre ?

— Il n’y a personne d’autre dans l’entourage proche de Skorzeny, répondit Ryan. Parmi ceux qui auraient une raison de se retourner contre lui.

— Si, Albert. Il y a quelqu’un. Ne voyez-vous pas ?