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L’Anglais sourit et hocha la tête.

Puis les voix dans l’escalier au bout du couloir, les coups de feu et le cri de la femme avant de mourir.

47

« Dos au mur », dit Wallace.

Ryan s’exécuta, précautionneusement, chaque pas lui tordant les entrailles. Il gardait une main devant ses parties génitales encore douloureuses.

L’échelle toucha le sol.

Ryan attendait, prêt à frapper quiconque l’approcherait. Personne ne descendit.

Carter apparut à la porte.

« Monte », dit-il.

Ryan le regarda en clignant des yeux.

« On va s’occuper de toi. »

Ryan secoua la tête. « Non. »

Carter fit un signe à Wallace. Wallace leva le Browning et visa. Le pistolet cracha par l’extrémité du silencieux qui atténuait la détonation. La terre aux pieds de Ryan explosa. Par réflexe, il fit un bond de côté. Wallace lâcha un petit rire.

« Pas d’histoires, dit Carter. Monte. Tout de suite. »

Ryan avança péniblement jusqu’à l’échelle. Il s’agrippa aux montant, posa un pied sur le deuxième barreau et se hissa. Encore un barreau puis un autre, puis un autre encore. Il dut s’arrêter, l’abdomen déchiré par l’effort. La tête lui tournait. Il étreignit l’échelle pour ne pas tomber en arrière.

Carter se pencha par la porte. « Allez. »

Ryan parvint en haut et réussit à passer la porte. Il resta là, à quatre pattes sur le plancher d’un étroit couloir, haletant.

Wallace avait reculé d’un pas, prêt à tirer.

Carter saisit Ryan par les cheveux. Serrant les dents, Ryan suivit la main qui tirait son cuir chevelu vers le haut, et, retrouvant appui sur ses pieds, se retint aux murs des deux mains.

Un objet froid et dur vint s’appuyer sous son oreille. Lentement, il tourna la tête et vit le grand, arme au poing.

« Par ici. » Carter franchit une porte. D’une poussée de son silencieux, le grand ordonna à Ryan de suivre.

La pièce dégoulinait d’humidité. Aux murs, le papier avait pourri et noirci depuis longtemps. Par une minuscule fenêtre carrée, Ryan distingua des haies et des buissons foisonnants, il entendit un chant d’oiseau. Une maison quelque part à la campagne.

Une chaise en bois avait été clouée au plancher.

« Assieds-toi », dit Carter.

Ryan obéit. La chaise était froide sous ses cuisses et ses testicules. Carter lui attacha les poignets et les chevilles avec de la corde. Il sentait la sueur.

Wallace et le grand prirent position chacun d’un côté de la pièce, tenant leur arme le long du corps. Carter sortit par une autre porte. Il revint un moment plus tard, chargé d’un bloc métallique et d’une sorte de baguette en aluminium et caoutchouc orange vif. Deux câbles reliaient la baguette au bloc.

Le cœur de Ryan s’accéléra. Il calma sa respiration.

Carter posa le bloc par terre. Ryan sentit l’impact sur le plancher à travers la plante de ses pieds. Il vit les cosses et les fils. Une batterie de voiture. Et, fixé avec de l’adhésif, un petit boîtier noir comportant une roue crantée. Des fils le reliaient à la batterie d’un côté et, de l’autre, à la baguette dans la main de Carter.

« Dites-moi ce que vous voulez », dit Ryan.

La baguette se composait d’un manche en caoutchouc, d’un faisceau métallique et d’une pointe en caoutchouc garnie de deux broches couleur cuivre. Carter la coucha par terre. Il repartit dans l’autre pièce et en rapporta un seau d’eau et un paquet de sel de table qu’il posa à côté de la batterie.

Ryan demanda : « Qu’est-ce que vous voulez ? »

Carter s’accroupit, versa du sel dans l’eau et mélangea avec une tasse émaillée qu’il prit dans le seau. Quand il fut satisfait de la solution obtenue, il se leva et jeta de l’eau salée sur la poitrine de Ryan. Puis il plongea à nouveau la tasse dans le seau et répéta l’opération.

Abandonnant la tasse dans l’eau, il attrapa ensuite le petit boîtier noir et tourna le cadran.

La vessie de Ryan lui faisait mal. Il se mit à respirer fort, à un rythme qu’il était incapable de maîtriser. « Dites-moi ce que… »

Carter saisit la baguette et lui toucha la poitrine avec la pointe. Ce fut comme un jouet d’enfant qui produit une étincelle et comme un poing enfoncé entre ses côtes. Les muscles de ses mâchoires se gonflèrent douloureusement pour retenir le cri qui lui emplissait la bouche.

Carter sourit. « Ça fait mal, hein ? »

Ryan ferma les yeux. Il repoussa un grognement au fond de sa gorge, puis obligea ses poumons à respirer lentement, régulièrement.

Carter lui toucha le ventre.

Ses muscles abdominaux se contractèrent d’eux-mêmes, dans un spasme qui ressemblait à un couteau transperçant la chair. Ryan lâcha un cri.

Carter hocha la tête. « J’aime mieux ça. Tu me réponds quand je te pose une question. C’est clair ? »

Ryan aurait répondu s’il lui était resté assez d’air, autre que celui qu’il toussa en crachant de la bile et de la salive.

Carter appuya la pointe de la baguette dans les poils pubiens. Ryan se plia en deux, le menton aux genoux, et sentit l’odeur des poils roussis tandis que la douleur lui irradiait l’abdomen. Sa vessie lâcha.

Carter recula pour ne pas être atteint par le maigre écoulement. Wallace ricana.

« Je te répète ma question. Ça fait mal, hein ? »

Ryan se redressa à grand-peine sur la chaise. Un vacarme tonitruant explosait dans sa tête. Carter lui tapota le tibia de la pointe de sa botte.

« Réponds-moi.

— Oui, dit Ryan dans un souffle.

— C’est mieux. » Carter tint l’extrémité de la baguette devant ses yeux. « Tu as déjà vu ce genre d’instrument ? »

Ryan fut incapable de répondre.

Carter approcha les broches métalliques de son visage.

Ryan rejeta la tête en arrière. « Non.

— Ça m’aurait étonné. » Carter écarta la baguette, fit un pas en arrière. « Moi, la première fois, c’était en Corée. Ces salauds m’ont accroché par les pieds aux tuyaux du plafond. Elle était plus grosse que celle-ci, plus puissante. Ils n’ont pas perdu de temps, ils se sont attaqué direct à mes burnes. J’ai tenu vingt minutes avant de tout raconter. Je ne savais pas grand-chose, d’ailleurs. J’ai appris plus tard que ça s’appelait une picana eléctrica. On en trouve beaucoup en Amérique du Sud, par exemple en Argentine et au Paraguay, là où ton ami Skorzeny et ses petits copains aiment bien aller traîner. »

Ryan cracha un paquet de glaires sanglantes. « Skorzeny n’est pas mon ami.

— Ah non ? Alors tu es venu fureter chez moi juste pour te maintenir en bonne santé ?

— On m’a confié une mission.

— Qui ? »

Ryan rassembla ses pensées en désordre. Ils avaient deviné qu’il travaillait pour Skorzeny, mais que savaient-ils d’autre ?

« Skorzeny. »

Carter sourit. « Il a mis une offre d’emploi à la devanture d’un magasin, c’est ça ? »

Ryan acquiesça. « À peu près. »

Le sourire de Carter disparut comme une lumière qui s’éteint. Il sortit un portefeuille de sa poche et l’ouvrit. Ryan le reconnut, c’était le sien.

Carter lut les informations de la carte d’identité à voix haute. « Lieutenant Albert Ryan, G2, Direction du renseignement. » Il remit le portefeuille dans sa poche. « Tes supérieurs t’ont donné l’ordre d’intervenir, je présume.