Выбрать главу

— Oui.

— Qu’est-ce que tu as appris ?

— Je connais votre nom. Capitaine John Carter. Vous apparteniez au SAS. Je sais que lui s’appelle Wallace. » Ryan désigna le grand d’un geste du menton. « Et lui, c’est MacAuliffe ou Gracey.

— Tommy MacAuliffe ne fait plus partie de cette équipe, dit Carter.

— Il était blessé. Il lui fallait un médecin.

— MacAuliffe était un brave type, mais il ne pouvait plus nous être utile. »

Ryan leva les yeux vers le visage inexpressif de Carter. « Qu’est-ce que vous avez fait de lui ? »

Carter ne répondit pas. Il attrapa la tasse dans le seau et jeta de l’eau salée sur le bas-ventre de Ryan, puis appliqua la pointe de la baguette sur son scrotum.

Ryan hurla et se contorsionna en tirant violemment sur les cordes qui le retenaient à la chaise. Quand la douleur fut calmée, il s’affaissa en avant, haletant.

Carter se pencha sur lui. « Que les choses soient claires. C’est moi qui pose les questions, pas toi. Tu me comprends ? »

Comme Ryan ne répondait pas, Carter le gifla sur l’oreille en faisant valser sa tête.

« Tu me comprends ?

— Oui », dit Ryan.

Carter s’écarta. « Bien. Donc tu sais qui nous sommes. Quoi d’autre ?

— Je sais que vous voulez de l’argent. De l’or. MacAuliffe me l’a dit. »

Carter fit les cent pas. « Qu’est-ce que tu as raconté de tout ça à Skorzeny ?

— Rien, répondit Ryan. Je ne l’ai pas contacté depuis que j’ai découvert votre maison. Le reste, je n’en ai pas parlé non plus.

— Pourquoi ? » Carter s’arrêta de marcher.

« Je vous l’ai dit, Skorzeny n’est pas mon ami.

— Mais tu travailles pour lui. À quoi tu joues ?

— Je ne joue pas. Je n’ai pas confiance en lui. Je voulais tout savoir avant de décider si j’allais le mettre au courant ou pas.

— Je ne te crois pas. » Carter regarda Ryan depuis l’autre bout de la pièce. « Il y a autre chose. Comment nous as-tu trouvés ? »

Ryan n’hésita pas. « Célestin Lainé. Il m’a indiqué la maison. »

Les trois hommes échangèrent un regard.

« Comment a-t-il fait pour la localiser ? demanda Carter.

— Il a deviné, répondit Ryan. Avec la ligne de chemin de fer et le stade. »

Carter hocha la tête. « Il est plus malin qu’il n’en a l’air. Pourquoi t’a-t-il parlé ?

— Je l’ai menacé de révéler à Skorzeny que c’était lui l’indic. Il est terrifié par Skorzeny.

— Il a de bonnes raisons. Et comment as-tu démasqué Lainé ? »

Ryan chercha un mensonge. « Parce que vous l’avez laissé en vie. Quand vous avez tué Élouan Groix et l’autre. C’était la seule explication possible.

— D’accord, dit Carter. Ça, je veux bien. Mais ce n’est pas tout. Tu nous caches quelque chose. »

Ryan ferma les yeux et pensa à Goren Weiss. « Non, c’est tout. »

Des pas rapides sur le plancher, Carter revenait. La douleur explosa dans le bas-ventre de Ryan. Encore une décharge, avant qu’il hurle, puis une troisième. L’odeur de la peau brûlée lui parvint aux narines. Il toussa et s’étrangla, l’estomac convulsé. La pression devint insupportable dans sa tête, comme un ballon qui menaçait de lui faire exploser le crâne et les yeux.

Ryan bascula sur le côté en même temps que le monde vacillait. Les cordes le retenaient à la chaise que les clous arrimaient au sol. Une gifle impitoyable ramena son esprit à la lisière de l’accessible.

« Qui t’a mis en contact avec Skorzeny ? »

Ryan laissa aller son menton sur sa poitrine.

Carter l’empoigna par les cheveux et lui releva la tête.

« Qui t’a mis en contact avec Skorzeny ?

— Charles Haughey, répondit Ryan.

— Le politicien ? Qu’est-ce qu’il sait, lui ?

— Moins que Skorzeny. »

Carter s’accroupit et regarda Ryan dans les yeux. « Qui protèges-tu ? Il y a quelqu’un d’autre, n’est-ce pas ? »

Il suffisait à Ryan de prononcer le nom de l’agent du Mossad. De raconter à Carter leur conversation, le journal sur le tableau de bord de la Vauxhall. Et ce serait fini.

Fini.

Ils le tueraient dès qu’ils auraient eu ce qu’ils voulaient. Ryan savait que la seule chose qui le maintenait en vie, c’était ce qu’il leur cachait. S’il parlait, il mourrait.

« Personne », dit-il.

Carter soupira, plongea à nouveau la tasse dans le seau et lui lança de la saumure au visage.

Ryan recracha l’eau qu’il avait avalée et dit : « Non », mais la décharge l’atteignit sous l’œil et projeta sa tête en arrière contre le bois de la chaise. Puis une douleur fulgurante dans son bas-ventre, une autre à l’abdomen.

Sa conscience céda sous le choc, se fissura et partit en lambeaux, puis se recomposa. Les hommes autour de lui apparaissaient comme des silhouettes reflétées par des miroirs déformants qui noyaient les contours et les couleurs.

« Qui protèges-tu ?

— Personne. »

Encore une salve sous le nombril, dans la poitrine, sous l’œil. Une gifle, de l’eau sur son torse.

« Qui protèges-tu ? »

La langue de Ryan lui parut enflée dans sa bouche, les mots ne passaient pas. « Per… sonne. »

Carter toucha son ventre de la baguette qu’il maintint appuyée, provoquant une série de contractions des muscles abdominaux que Ryan ne contrôlait pas. Chaque spasme était comme les dents d’un animal qui se plantaient dans ses chairs et les déchiraient sauvagement.

L’image s’imposa à son esprit. Un lion, ou un loup, qui lui dévorait les entrailles en rugissant et se repaissait de ce festin vivant, sous les yeux d’hommes si grands que leurs têtes semblaient toucher le ciel, puis tout sombra dans le noir, il n’y avait plus que le grondement d’un ouragan au loin et quelqu’un qui hurlait, quelqu’un dont il ne pouvait croire que c’était Albert Ryan.

Il demeura là, dans un tourbillon de noirs et de gris, jusqu’à ce qu’il se sente happé plus bas, vers le fond des ténèbres. Il lutta pour remonter, pour s’arracher à la nuit, et revint péniblement à la conscience. Où l’attendaient la douleur, les convulsions, la peau incendiée. Il ouvrit des yeux qui voyaient trouble.

Carter s’adressa à Wallace. « Il est à bout. Finis-le. »

Wallace hocha la tête, ricana et fit un pas en avant. Il leva le Browning.

Ryan vit la gueule du silencieux s’élargir devant son œil, aspirant tout l’air de ses poumons, vidant la pièce de toute lumière. Il vit le doigt de Wallace sur la détente, l’articulation qui blanchissait.

« Attendez », dit une voix.

Wallace regarda dans cette direction, derrière Ryan. « Pourquoi ? On a déjà perdu assez de temps avec lui.

— Reculez, dit la voix. Allez. »

Wallace hésita un instant, puis relâcha sa respiration et secoua la tête. Il baissa l’arme et reprit son poste de l’autre côté de la pièce.

Celui qui avait parlé s’avança dans le champ de vision de Ryan. Une main dans la poche, l’autre tenant un journal.

Goren Weiss dit : « Bonjour, Albert. »

III

COLLABO

48

Goren Weiss était debout devant Ryan qui clignait des yeux, les traits tordus par l’incompréhension, le regard vitreux. L’Irlandais secoua la tête comme pour repousser un voile.

« Vous tenez le coup ? demanda Weiss.