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Playa Blanca, le lendemain, Quand les estivantes se dévoilent. Seul au milieu des êtres humains, Je marche vers le club de voile.
Playa Blanca. Les hirondelles Glissent au milieu de la nature. Dernier jour de villégiature, Transfert à partir de l'hôtel Lufthansa. Retour au réel.

Nous roulons protégés dans l'égale lumière…

Nous roulons protégés dans l'égale lumière Au milieu de collines remodélées par l'homme Et le train vient d'atteindre sa vitesse de croisière Nous roulons dans le calme, dans un wagon Alsthom,
Dans la géométrie des parcelles de la Terre, Nous roulons protégés par les cristaux liquides Par les cloisons parfaites, par le métal, le verre, Nous roulons lentement et nous rêvons du vide.
À chacun ses ennuis, à chacun ses affaires; Une respiration dense et demi-sociale Traverse le wagon; certains voisins se flairent, Ils semblent écartelés par leur part animale.
Nous roulons protégés au milieu de la Terre Et nos corps se resserrent dans les coquilles du vide Au milieu du voyage nos corps sont solidaires, Je veux me rapprocher de ta partie humide.
Des immeubles et des gens, un camion solitaire: Nous entrons dans la ville et l'air devient plus vif; Nous rejoignons enfin le mystère productif Dans le calme apaisant d'usines célibataires.

III

Il faut préciser que je n'étais…

Il faut préciser que je n'étais pas seul dans la voiture, J'étais avec la morte; La nuit tournait sans bruit, comme une porte, Nous traversions les gonds du monde; Les cheveux de la nuit, L'approche du solstice, Le corps désemparé qui transpire et qui glisse.
Et la nuit était bleue Comme un poisson nerveux, La nuit soufflait partout, Dans tes yeux s'allumait un regard un peu fou.
La nuit était très floue, La nuit était partout, Les images glissaient Comme un rêve de craie.
Cette nuit, nous avons apreçu l'autre face.

LE PUITS

L'enfant technologique guide le corps des hommes, Des sociétés aveugles Jusqu'au bord de la mort, Le corps gémit et beugle.
C'est un puits très profond Et c'est un vide immense, Très dense, On voit les particules tournoyer, s'effacer.
L'enfant n'a jamais tort, Il marche dans la rue Il annonce la mort Des âmes disparues.
Nous mourrons sans pardon Et nous disparaîtrons Dans l'ombre immense, L'ombre d'absence
Où le vide sépare les particules glacées, Nos corps Morceaux de notre mort, Trajectoires dérisoires de fragments déplacés.
Les dernières particules Dérivent dans le silence Et le vide articule Dans la nuit, sa présence.

Les Enfants de la Nuit sont…

Les Enfants de la Nuit sont les étoiles…

Les étoiles rondes et lourdes du matin;

Comme des gouttelettes chargées de sagesse, ils tournent lentement sur eux-mêmes en émettant un chant légèrement vibrant.

Ils n'ont jamais aimé.

Le premier jour de la seconde semaine…

Le premier jour de la seconde semaine, une pyramide apparut à l'horizon. Sa surface noire et balsatique nous parut d'abord parfaitement plane; mais au bout de quelques heures de marche nous y décelâmes des nervures fines, arrondies, évoquant les circonvolutions d'un cerveau. Nous fîmes halte sous l'ombrage d'un bosquet de ficus. Geffrier remuait lentement les épaules, comme pour en chasser des insectes. Son visage allongé, nerveux, se ridait un peu plus chaque jour; une expression d'angoisse y était maintenant constamment présente. La chaleur devenait insupportable.

Un manchot ou un borgne portant…

Un manchot ou un borgne portant une plaie saignante, Poudré et perruqué à la cour du roi Louis XIV; Il est courageux à la guerre.
Et monsieur de Villequiers continue ses petites expériences sur les insectes…

Je suis peut-être, moi-même…

Je suis peut-être, moi-même, un véhicule de Dieu, Mais je n'en ai pas vraiment conscience Et j'écris cette phrase "à titre expérimental".
Qui suis-je? Tout cela ressemble à une devinette.

Je referme mon stylo…

Je referme mon stylo: Suis-je content de ma phrase? Mon stylo n'est pas beau, Je veux faire table rase.
Je me jette un regard dans la posture "artiste" Et je trouve le spectacle à peu près répugnant. J'ai beau être un artiste, je suis quand même très triste, Entouré de salauds qui me montrent les dents Stylo, salaud!
C'est mon stylo, éjaculant Des semi-vérités poussives Qui est responsable, maintenant: "Je cherche un monde où les gens vivent".

Écrire…

Écrire, Communiquer avec les hommes, Ils sont si loin. Jouir (Généralement, avec sa main). Un peu d'amour, odeur de pomme, Partir (Très loin, si loin. Trop loin.)
Il existe un espace insécable et fécond Où nous vivons unis dans notre dissemblance, Tout y est silencieux, immobile et profond, Il existe un espace au-delà de l'enfance.

LES NUAGES, LA NUIT

Venues du fond de mon oeil moite, Les images glissaient sans cesse Et l'ouverture était étroite, La couverture était épaisse.
Il aurait fallu que je voie Mon avenir différemment, Cela fait deux ans que je bois Et je suis un bien piètre amant.
Ainsi il faut passer la nuit En attendant que la mort lente, Qui avance seule et sans bruit, Retrouve nos yeux et les sente;
Quand la mort appuie sur vos yeux Comme un cadavre sur la planche, Il est temps de chercher les dieux Disséminés. Le corps s'épenche.

Nous avons établi un rapport diagonal…

Nous avons établi un rapport diagonal Sous la présence obscure, incertaine des bouleaux Griffus, dans le silence impur et vertical Qui nous enveloppait comme une eau Lustrale.
Le désir entourait nos vies comme une flamme, Nous avons accepté de lui servir de mèche Je ne soupçonnais pas ce que peut une femme, Loin de tes lèvres mes lèvres devenaient vite sèches Et mortes.
Seul sur le canapé la nuit est étouffante, Il me semble que la nuit est chaque fois plus sombre; Je craque une allumette; la flamme jaillit, tremblante, Les images du passé se croisent entre les ombres, Mobiles.