Souviens-toi mon petit le lac était si calme…
Souviens-toi mon petit le lac était si calme,
Chacun de tes sourires me remplissait le coeur
Tu m'as montré le cygne, un léger bruit de palmes
Et dans tes yeux levés je lisais le bonheur.
On se réveillait tôt, rapelle-toi ma douce…
On se réveillait tôt, rapelle-toi ma douce;
La mer était très haute et moussait sous la lune
On partait tous les deux, on s'échappait en douce
Pour voir le petit jour qui flottait sur les dunes.
Le matin se levait comme un arbre qui pousse,
Dans la ville endormie nous croisions des pêcheurs
Nous traversions des rues sereines de blancheur;
Bénédiction de l'aube, joie simple offerte à tous,
Nos membres engourdis frissonnaient de bonheur
Et je posais ma main à plat contre ton coeur.
Cérémonies, soleils couchants…
Cérémonies, soleils couchants,
Puis la constellation du Cygne
Et la sensation d'être indigne,
L'impossibilité du chant.
Tes yeux sont le miroir du monde
Marie, maîtresse des douleurs,
Marie qui fait battre le coeur;
À travers toi, la Terre est ronde.
Il n'y a pas de gouffre limite
Où hurlent les eaux de terreur,
Le temps se replie et habite
Dans l'espace de ta douceur,
Dans l'espace de ta splendeur,
Le temps se replie et habite
Une maison de pure douceur,
Le temps capturé par les rites
Nous enveloppe dans sa blancheur
Et sur nos lèvres unies palpite
Un chant muet, géométrique,
D'une déchirante douceur
Un accord pafrait, authentique,
Un accord au fond de nos coeurs.
Les pins, les nuages et le ciel…
Les pins, les nuages et le ciel
Se reflètent en foyers mobiles
Un bref croisement de pupilles,
Chacun repart vers l'essentiel.
La souple surface des prés
Imite la peau cervicale,
La journée s'agite et s'étale;
Retour au calme. Le jeu diapré
Des masses d'air en flaques huileuses
Qui circulent entre les collines
Capte nos intuitions, les ruine;
L'après-midi est amoureuse.
Les noyaux de conscience du monde
Circulent sur leurs pattes arrière
Entre l'espace et sa lisière;
Chacun sait que la Terre est ronde.
Chacun sait qu'il y a l'espace
Et que son ultime surface
Est dans nos yeux, et nous ressemble
(Ou qu'il ressemble à nos cerveaux,
Comme le modèle au tableau);
Quand nous tremblons, le monde tremble.
L'anneau de nos désirs
Se formait en silence
Il y a eu un soupir,
L'écho d'une présence.
Quand nous traverserons la peur
Un autre monde apparaîtra
Il y aura de nouvelles couleurs
Et notre coeur se remplira
De souffles qui seront des senteurs.
Les semaines du calendrier, les murs…
Les semaines du calendrier, les murs
Les lundis broyés sans murmure
Les semaines et leur succession
Inévitable et sans passion
Les semaines,
Les heures,
Sans haine,
Meurent.
Soleil,
Soleil sur la mer
Plus rien n'est pareil;
Matinées bleues en solitaire,
Je m'émerveille entre les pins;
La journée a le goût d'une naissance sans fin;
Alcools inépuisables, purifiés, de la Terre.
Il y a un chemin, une possibilité de chemin…
Il y a un chemin, une possibilité de chemin
Et il y a également un signe
Qui est donné à certains,
Mais certains sont indignes.
Entre les fleurs du canapé
Mes yeux se frayaient un chemin
Je renonce à me disculper,
Il y a l'oeil et puis la main.
La possibilité de vivre
Commence dans le regard de l'autre
Tes yeux m'aspirent et je m'enivre,
Je me sens lavé de mes fautes.
La délivrance, je sens venir la délivrance
Et la vie libre, où se tient-elle?
Certaines minutes sont vraiment belles,
Je reconnais mon innocence.
Cette manière qu'avait Patrick Hallali de persuader les filles
De venir dans notre compartiment
On avait dix-sept dix-huit ans
Quand je repense à elles, je vois leurs yeux qui brillent.
Et maintenant pour adresser la parole à une autre
personne, à une autre personne humaine
C'est tout un travail, une gêne
(Au sens le plus fort de ces mots, au sens qu'ils ont dans les lettres anciennes).
Solitude de la lumière
Au creux de la montagne,
Alors que le froid gagne
Et ferme les paupières.
Jusqu'au jour de notre mort,
En sera-t-il ainsi?
Le corps vieilli n'en désire pas moins fort
Au milieu de la nuit
Corps tout seul dans la nuit,
Affamé de tendresse,
Le corps presque écrasé sent que renaît en lui une déchirante jeunesse.
Malgré les fatigues physiques,
Malgré la marche d'hier
Malgré le repas "gastronomique",
Malgré les litres de bière
Le corps tendu, affamé de caresses et de sourires,
Continue à vibrer dans la lumière du matin
Dans l'éternelle, la miraculeuse lumière du matin
Sur les montagnes.
L'air un peu vif, l'odeur du thym:
Ces montagnes invitent au bonheur
Le regard se pose, va plus loin:
Je m'efforce de chasser la peur.
Je sais que tout mal vient de moi,
Mais le moi vient de l'intérieur
Sous l'air limpide, il y a la joie
Mais sous la peau, il y a la peur.
Au milieu de ce paysage
De montagnes moyennes-élevées
Je reprends peu à peu courage,
J'accède à l'ouverture du coeur
Mes mains ne sont plus entravées,
Je me sens prêt pour le bonheur.
Doucement, le ciel bleu clair…
Doucement, le ciel bleu clair
Vire au bleu sombre
Et tes yeux sont toujours verts,
Tes yeux sont le miroir du monde.
Je le répète, il y a des moments parfaits. Ce n'est pas simplement la disparition de la vulgarité du monde; pas simplement l'entente silencieuse dans les gestes si simples de l'amour, du ménage et du bain de l'enfant. C'est l'idée que cette entente pourrait être durable; que rien, raisonnablement, ne s'oppose à ce qu'elle soit durable. C'est l'idée qu'un nouvel organisme est né, aux gestes harmonieux et limités; un nouvel organisme dans lequel nous pouvons, dès maintenant, vivre.
La nuit revient, fin de soleil
Sur la pinède inévitable
Et tes yeux sont toujours pareils,
La journée est complète et stable.