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Imp. CHANTENAY, 15, rue de l'Abbé-Grégoire, Paris-VIe — 11-36

[Note 1] Tocqueville, De la Démocratie en Amérique. (Introduction.)

[Note 2] «Et vous trouvez que c'est un bien?» s'écrie mon ami X.., à qui je disais cela. «Moquerie, ironie, critique, tout se tient. L'enfant incapable de moquerie fera l'adolescent crédule et soumis, dont plus tard vous, moqueur, critiquerez le «conformisme». J'en tiens pour la gouaille française, dût-elle s'exercer à mes dépens.

[Note 3] Jeunesse communiste.

[Note 4] Ce qui me plaît aussi en U.R.S.S., c'est l'extraordinaire prolongement de la jeunesse; ce à quoi, particulièrement en France (mais je crois bien: dans tous nos pays latins), nous sommes si peu habitués. La jeunesse est riche de promesses; un adolescent de chez nous cesse vite de promettre pour tenir. Dès quatorze ans déjà tout se fige. L'étonnement devant la vie ne se lit plus sur le visage, ni plus la moindre naïveté. L'enfant devient presque aussitôt Jeune Homme. Les jeux sont faits.

[Note 5] Coupoles de cuivre et flèches d'or.

[Note 6] C'est du moins ce qui m'a été plusieurs fois affirmé. Mais je tiens tous les «renseignements», tant que non contrôlés, pour suspects, comme ceux qu'on obtient dans les colonies. J'ai peine à croire que ce kolkhose soit privilégié au point d'échapper à la redevance de 7% sur la production brute qui pèse sur les autres kolkhoses; sans compter de 35 à 39 roubles de capitation.

[Note 7] Je relègue en appendice quelques renseignements plus précis. J'en avais pris bien d'autres. Mais les chiffres ne sont point ma partie, et les questions proprement économiques échappent à ma compétence. De plus, si ces renseignements sont très précisément ceux que l'on m'a donnés, je ne puis pourtant pas en garantir l'exactitude. L'habitude des colonies m'a appris à me méfier des «renseignements». Enfin, et surtout, ces questions ont été déjà suffisamment traitées par des spécialistes; je n'ai pas à y revenir.

[Note 8] Dans nombre d'autres, il n'est point question de demeures particulières; les gens couchent dans des dortoirs, des «chambrées».

[Note 9] Cette impersonnalité de chacun me permet de supposer aussi que ceux qui couchent dans des dortoirs souffrent de la promiscuité et de l'absence de recueillement possible beaucoup moins que s'ils étaient capables d'individualisation. Mais cette dépersonnalisation, à quoi tout, en U.R.S.S., semble tendre, peut-elle être considérée comme un progrès? Pour ma part, je ne puis le croire.

[Note 10] Ou du moins n'en connaît que ce qui l'encouragera dans son sens.

[Note 11] Devant notre stupeur non dissimulée, l'étudiant ajoutait il est vrai: «Je comprends et nous comprenons aujourd'hui que c'est un raisonnement absurde. La langue étrangère, quand elle ne sert plus à instruire, peut bien servir encore à enseigner.»

[Note 12] J'entendis, peu après ce petit prodige exécuter sur son Stradivarius du Paganini, puis un pot-pourri de Gounod—et dois reconnaître qu'il est stupéfiant.

[Note 13] Eugène Dabit avec qui je parlais de ce complexe de supériorité, auquel son extrême modestie le rendait particulièrement sensible, me tendit le second volume des Ames Mortes (édition N. R. F.) qu'il était en train de relire. Au début figure une lettre de Gogol où Dabit me signale ce passage : «Beaucoup d'entre nous, surtout parmi les jeunes gens, exaltent outre mesure les vertus russes; au lieu de développer en eux ces vertus, ils ne songent qu'à les étaler et à crier à l'Europe: «Regardez, étrangers, nous sommes meilleurs que vous!»—Cette jactance est affreusement pernicieuse. Tout en irritant les autres, elle nuit à qui en fait preuve. La vantardise avilit la plus belle action du monde... Pour moi, je préfère à la suffisance un découragement passager.»—Cette «jactance» russe que Gogol déplore, l'éducation d'aujourd'hui la développe et l'enhardit.

[Note 14] La loi récente contre l'avortement a consterné tous ceux que des salaires insuffisants rendaient incapables de fonder un foyer, d'élever une famille. Elle a consterné également d'autres personnes, et pour de tout autres raisons: N'avait-on pas promis, au sujet de cette loi, une sorte de plébiscite, de consultation populaire qui devait décider de son acceptation et de se mise en vigueur? Une immense majorité s'est déclarée (plus ou moins ouvertement, il est vrai) contre cette loi. Il n'a pas été tenu compte de l'opinion et la loi a passé tout de même, à la stupeur quasi-générale. Les journaux, il va sans dire, n'ont guère publié que des approbations. Dans les conversations particulières que j'ai pu avoir avec maints ouvriers, à ce sujet, je n'ai entendu que des récriminations timorées, une résignation plaintive.

Encore cette loi, dans un certain sens, se justifie-t-elle? Elle répond à de très déplorables abus. Mais que penser, au point de vue marxiste, de celle, plus ancienne, contre les homosexuels? qui, les assimilant à des contre-révolutionnaires (car le non-conformisme est poursuivi jusque dans les questions sexuelles), les condamne à la déportation pour cinq ans avec renouvellement de peine s'ils ne se trouvent pas amendés par l'exil.

[Note 15] Et, comme en reflet de ceci, quelle servilité, quelle obséquiosité, chez les domestiques; non point ceux des hôtels, qui sont le plus souvent d'une dignité parfaite—très cordiaux néanmoins; mais bien chez ceux qui ont affaire aux dirigeants, aux «responsibles».

[Note 16] Je me hâte pourtant d'ajouter ceci: dans le jardin public de Sébastopol, un enfant estropié, qui ne peut se mouvoir qu'avec des béquilles, passe devant les bancs où des promeneurs sont assis. Je l'observe, longuement, qui fait la quête. Sur vingt personnes à qui il s'adresse, dix-huit ont donné; mais qui sans doute ne se sont laissés émouvoir qu'en raison de son infirmité.

[Note 17] J'ai l'air d'inventer, n'est-ce pas? Non, hélas! Et que l'on ne vienne pas trop me dire que nous avions affaire en l'occurrence à quelque subalterne stupide et zélé maladroitement. Non, nous avions avec nous, prenant part à la discussion, plusieurs personnages suffisamment haut placés et, en tout cas, parfaitement au courant des «usages».

[Note 18] 1. X... m'explique qu'il est de bon usage de faire suivre d'une épithète le mot «destin» dont je me servais, lorsqu'il s'agit du destin de l'U.R.S.S.. Je finis par proposer «glorieux» que X... me dit propre à rallier tous les suffrages. Par contre, il me demande de bien vouloir supprimer le mot «grand» que j'avais mis devant «monarque». Un monarque ne peut être grand. (V. Appendice. III.)

[Note 19] Ne m'a-t-on pas fait déclarer que je n'étais ni compris, ni aimé par la jeunesse française; que je prenais l'engagement de ne plus rien écrire désormais que pour le peuple! etc...

[Note 20] Nouveaux prétextes, p. 189.

[Note 21] «Ce qui fit que l'art dramatique de cette époque s'éleva si haut... c'est que les auteurs vivaient alors et écrivaient en complète sympathie avec tout le peuple.» (General introduction to the Mermaid Series.)

[Note 22] Moi aussi, il y a plusieurs années, j'ai donné un concert à Berlin. Je m'y suis livré tout entier, et je pensais être arrivé vraiment à quelque chose ; j'escomptais donc un réel succès. Mais voyez: lorsque j'avais réalisé le meilleur de mon inspiration—pas le plus léger signe d'approbation. (Goethes Briefe mit lebensgeschichtlichen Verbindungen, t. II, p. 287.)