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– Sa main? fit Tanneguy d’un ton ironique.

– Marguerite m’aime, et je suis libre.

– Que dites-vous?

– Je dis, Tanneguy, que madame la comtesse de Kerhor, ma mère, est morte, et que je n’ai pas d’autre ambition que de devenir l’époux de Marguerite.

Comme Octave achevait de parler, Horace accourait du Conquet avec des bras suffisants pour se rendre maître de l’incendie: ce secours arrivait un peu tard, car quelques minutes après la ferme du père Tanneguy s’abîmait dans un tourbillon de flamme et de fumée.

IX

À quelques jours de là, le père Tanneguy et sa fille s’acheminèrent, le premier à pied, la dernière montée sur un petit cheval de pie d’Ouessant, vers le village de Saint-Jean-du-Doigt.

Ils étaient l’un et l’autre diversement agités.

Tanneguy songeait qu’il allait revoir la tombe où reposait sa femme, son vieil ami, l’abbé Kersaint, et qu’il pourrait désormais habiter la grève.

Marguerite repassait tous les événements des jours derniers; elle revoyait Octave; et une émotion inconnue, étrange, sillonnait son cœur quand elle venait à penser que dans quelques jours elle serait la femme du jeune comte de Kerhor.

Ils étaient heureux l’un et l’autre, heureux même de leur bonheur réciproque.

Tout avait été préparé pour les recevoir. L’abbé Kersaint alla à leur rencontre, et ils passèrent cette nuit au presbytère.

Ce ne fut que le lendemain qu’ils arrivèrent au château de Kerhor. Marguerite était aimée au pays, on l’y vit revenir avec joie, et tous les pauvres des environs accoururent dès le matin sur son passage, pour fêter son retour.

Le soir même ils furent installés au château, et quelques jours après l’union de Marguerite et d’Octave était bénie par le vénérable abbé.

Qu’ajouter à ce qui précède?… rien, sinon que Marguerite fut heureuse autant qu’une femme peut l’être sur cette terre; que le père Tanneguy s’éteignit lentement dans une vieillesse exempte de soucis, et que l’abbé Kersaint continua longtemps à faire la consolation des malheureux qui connaissaient le chemin du presbytère.

Quant à Éric le mendiant, il eut une fin naturelle et facile à prévoir.

Il avait été depuis longtemps signalé à l’autorité sous la prévention de faits équivoques; il fut arrêté à quelque temps de là comme fauteur de l’incendie de la ferme Tanneguy, et il repose aujourd’hui à l’ombre des murailles épaisses du bagne.

On m’a assuré qu’il avait fait partie de l’un des derniers convois à destination de Cayenne.

Fin.

(1853)