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McGavin se pencha en avant.

— Je vous écoute. Qu’est-ce qu’il dit ?

— Les extraterrestres nous ont envoyé le génome dracon…

— Vraiment ?

— Oui, ainsi que des instructions pour construire une matrice artificielle afin de faire naître à terme deux enfants Dracons, et les plans d’une couveuse.

— Ah, ça, alors… dit doucement McGavin.

— C’est merveilleux, n’est-ce pas ?

— C’est… stupéfiant. Est-ce qu’ils seront capables de vivre ici ?

— Oui, je le pense.

— Wow.

— Mais il y a juste un petit problème, dit Sarah. Les extraterrestres veulent absolument que je sois leur mère adoptive. Mais je suis trop vieille pour ça.

— Ma foi, commença McGavin, je suis certain qu’on pourrait facilement mettre en place un labo…

— Non, dit fermement Sarah. Pas de labo, pas d’institution. Ce sont des personnes, pas des spécimens. Tout ça se passera dans un foyer normal. Comme je vous l’ai dit, je ne peux pas m’en occuper moi-même, mais j’ai le droit de choisir qui le fera à ma place.

C’est d’une voix douce, et en évitant de croiser son regard, que McGavin dit à Sarah :

— Je ne suis pas tout à fait certain que ce soit votre prérogative.

— Oh, mais si. Parce que, voyez-vous, le message contenant le génome m’était adressé personnellement.

— C’est ce que vous m’avez déjà dit. Mais je ne comprends toujours pas ce que vous entendez par là.

— La clef de décodage… Elle m’est très personnelle. Et je ne vous dirai pas ce que c’est.

— Ce n’est pas votre séquence de réponses au questionnaire, ni même un sous-ensemble, dit McGavin. On a déjà essayé tout ça. Qu’est-ce que les extraterrestres pourraient bien savoir d’autre sur vous ?

— Avec tout le respect que je vous dois, je refuse de répondre.

McGavin fronça les sourcils, mais sans rien dire.

— Et maintenant, reprit Sarah, comme je le disais, je ne peux pas m’en occuper personnellement. Par contre, je peux communiquer le génome à qui je veux… en lui remettant la clef de décryptage.

— Je serais prêt à…

— En fait, l’interrompit Sarah, je vous vois plutôt dans le rôle de l’oncle richissime. Il faut quelqu’un pour financer la construction de la matrice artificielle, la synthèse de l’ADN et tout le reste.

McGavin s’agita sur son fauteuil.

— En plus, renchérit Don, vous avez déjà un métier à plein temps. Qu’est-ce que je dis, plusieurs métiers à plein temps : vous êtes président de votre société, vous vous occupez de votre fondation de charité, vous faites des discours en public…

Le milliardaire hocha la tête.

— C’est vrai. Mais si ce n’est pas moi, alors, qui d’autre ?

Don s’éclaircit la gorge.

— Moi.

— Vous ? Mais n’étiez-vous pas, heu… quoi déjà ? Disc-jockey ou quelque chose comme ça ?

— J’étais producteur/ingénieur du son. Mais c’était ma première carrière. Il est temps pour moi d’entamer la seconde.

— Je ne voudrais pas être désobligeant, dit McGavin, mais il faudrait plutôt créer un comité d’étude.

— Le comité d’étude, c’est moi, fit Sarah. Et j’ai fait mon choix.

— Non, sérieusement, Sarah, je crois qu’une procédure de sélection est nécessaire, insista McGavin.

— Elle a déjà eu lieu : c’était le questionnaire des Dracons. C’est ce qui les a amenés à me choisir, et moi, j’ai choisi Don. Mais nous avons besoin de votre aide.

McGavin n’avait pas l’air très content.

— Je suis un homme d’affaires, dit-il en écartant les mains. Qu’est-ce que j’ai à y gagner ?

Don jeta un coup d’œil vers Sarah, et il vit ses rides se creuser. La remarque de McGavin prouvait amplement que ses réponses au questionnaire n’avaient pu être voisines de celles de Sarah – ou de Don. Mais elle avait une réponse à lui donner.

— Vous allez récolter tous les bénéfices biotechnologiques à attendre de cette affaire, pas seulement de l’étude de l’ADN des Dracons, mais aussi des plans pour la matrice et la couveuse, les formules des aliments extraterrestres, et bien d’autres choses encore.

McGavin fronça les sourcils.

— J’ai l’habitude de contrôler entièrement les opérations dans lesquelles je m’engage, dit-il. Accepteriez-vous de me vendre la clef de décodage ? Votre prix sera le mien…

Mais Sarah secoua la tête.

— Nous savons déjà que votre argent ne peut me procurer la seule chose dont j’aurais vraiment besoin.

McGavin resta silencieux un instant, plongé dans ses réflexions, puis il dit :

— Ce que vous envisagez de faire implique un haut niveau de technologie. Bien sûr, la partie concernant la synthèse de l’ADN est simple, il existe plusieurs laboratoires commerciaux à même de produire toutes les séquences que nous voudrons. Mais la fabrication de la matrice artificielle et tout le reste… cela risque de prendre un certain temps.

— Ce n’est pas grave, dit Don. De toute façon, j’ai besoin d’un peu de temps pour me préparer.

— Comment ça ? demanda McGavin. Comment comptez-vous vous préparer à une chose pareille ?

Don haussa les épaules. Il savait très bien qu’à ce stade, il ne pouvait encore que tâtonner.

— Je pense étudier les modèles que nous avons déjà : l’éducation de bébés chimpanzés dans des familles humaines, les cas d’enfants sauvages, ce genre de chose. Rien de tout cela n’est exactement comparable, mais ça me fournira un point de départ. Et puis…

— Oui ?

— Eh bien, j’ai établi une liste, autrefois : les vingt choses que je voulais faire avant de mourir. L’une d’elles était de rendre visite au dalaï-lama. Je sais bien qu’il y a peu de chances que je le rencontre, mais je me suis dit que je devrais me préparer… (Il s’interrompit un instant, étonné d’utiliser un mot aussi inhabituel pour lui)… spirituellement à quelque chose comme ça.

— Ma foi, dit McGavin, ce n’est pas bien difficile à organiser.

— Vous… vous connaissez le dalaï-lama ?

McGavin sourit.

— Vous avez déjà entendu parler de cette vieille histoire des six degrés de séparation ? Dès l’instant où vous m’avez rencontré, votre score est passé à deux degrés maximum avec pratiquement tous les gens célèbres sur cette planète. On va vous arranger ça.

— Wow… Hem, merci. C’est juste que je tiens à faire convenablement ce travail de…

— D’élever des extraterrestres, dit McGavin en secouant la tête comme si l’idée n’y avait pas encore totalement pénétré.

Don essaya de rendre tout ça un peu moins solennel.

— Vous n’avez qu’à imaginer le docteur Spock rencontrant Monsieur Spock.

McGavin le regarda d’un air interloqué. Il avait certainement entendu parler du Vulcain, mais l’heure de gloire du pédiatre datait de bien avant sa naissance.

— Alors, dit Sarah, acceptez-vous de nous aider ?

McGavin n’avait toujours pas l’air satisfait.

— J’aimerais vraiment que vous me laissiez contrôler tout ça. Sans vouloir vous vexer, j’ai beaucoup plus d’expérience que vous dans la conduite de projets de cette envergure.

— Désolée, dit Sarah. C’est comme ça que ça doit se passer, et pas autrement. Vous êtes avec nous ?