Maintenant, Camille reconnaît la musique, une chanson, chantée par Gilbert Bécaud :
Jean, en tournant, est placé face à Camille.
Par-dessus la tête de sa mère, qu’il domine de beaucoup et semble même aussi menue et fragile qu’une enfant, Jean regarde fixement dans la direction de Camille qui sent alors son téléphone vibrer.
Il l’arrache précipitamment de sa poche.
C’est un sms de Jean :
« Il n’y a plus de bombes. Merci pour tout. »
Camille relève la tête vers le couple. Il lui revient soudain la phrase de Basin :
— Pour le déclenchement d’une bombe, tout ce qui produit une impulsion peut servir, un téléphone portable…
Camille se jette au sol à la seconde exacte où la bombe explose sous les pas des danseurs.
Le souffle surpuissant le cueille en plein ventre, le projette en arrière et le fait rouler sur le chemin de terre.
Le bruit de la déflagration est assourdissant, à vous faire jaillir les yeux de la tête. Les fenêtres des immeubles de la place volent en éclats, on entend aussitôt le vacarme d’un torrent de débris de verre. L’aire de jeux s’est volatilisée, ce n’est plus maintenant qu’un vaste cratère de trois mètres de large sur environ un mètre de profondeur.
Louis arrive en courant, se précipite vers Camille.
Allongé dans l’allée, immobile, une joue contre terre, les yeux écarquillés, Camille porte, sur son visage en sang, l’air hébété d’un petit garçon.
À quelques mètres d’eux, les arbres du square ont commencé à flamber.
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Rosy and John
Paroles : Maurice Vidalin
Musique : Gilbert Becaud
© 1967 Universal Music Publishing (catalogue Le Rideau Rouge)
Avec l’aimable autorisation d’Universal Music Publishing