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Vous en voyez les effets, mais qu’est-ce ? où est-elle ? quelle est son essence, sa vie ? a-t-elle des limites ? Et vous niez Dieu !…

Ainsi, la plupart de vos axiomes scientifiques, vrais par rapport à l’homme, sont faux par rapport à l’ensemble. La science est une, et vous l’avez partagée. Pour savoir le sens vrai des lois phénoménales, ne faudrait-il pas connaître les corrélations qui existent entre les phénomènes et la loi d’ensemble ? En toute chose, il est une apparence qui frappe vos sens ; sous cette apparence, il se meut une âme : il y a le corps et la faculté.

Où enseignez-vous l’étude des rapports qui lient les choses entre elles ? Nulle part. Vous n’avez donc rien d’absolu ? Vos thèmes les plus certains reposent sur l’analyse des Formes matérielles dont l’Esprit est sans cesse négligé par vous. Il est une science élevée que certains hommes entrevoient trop tard, sans oser l’avouer. Ces hommes ont compris la nécessité de considérer les corps, non-seulement dans leurs propriétés mathématiques, mais encore dans leur ensemble, dans leurs affinités occultes. Le plus grand d’entre vous a deviné, sur la fin de ses jours, que tout était cause et effet réciproquement ; que les mondes visibles étaient coordonnés entre eux et soumis à des mondes invisibles. Il a gémi d’avoir essayé d’établir des préceptes absolus ! En comptant ses mondes, comme des grains de raisin semés dans l’éther, il en avait expliqué la cohérence par les lois de l’attraction planétaire et moléculaire ; vous avez salué cet homme ! Eh ! bien, je vous le dis, il est mort au désespoir. En supposant égales les forces centrifuge et centripète qu’il avait inventées pour se rendre raison de l’univers, l’univers s’arrêtait, et il admettait le mouvement dans un sens indéterminé néanmoins ; mais en supposant ces forces inégales, la confusion des mondes s’ensuivait aussitôt. Ses lois n’étaient donc point absolues, il existait un problème encore plus élevé. La liaison des astres entre eux et l’action centripète de leur mouvement interne ne l’a donc pas empêché de chercher le cep d’où pendait sa grappe ? Le malheureux ! plus il agrandissait l’espace, plus lourd devenait son fardeau. Il vous a dit comment il y avait équilibre entre les parties ; mais où allait le tout ? Il contemplait l’étendue, infinie aux yeux de l’homme, remplie par ces groupes de mondes dont une portion minime est accusée par notre télescope, mais dont l’immensité se révèle par la rapidité de la lumière. Cette contemplation sublime lui a donné la perception des mondes infinis qui, plantés dans cet espace comme des fleurs dans une prairie, naissent comme des enfants, croissent comme des hommes, meurent comme des vieillards, vivent en s’assimilant dans leur atmosphère les substances propres à les alimenter, qui ont un centre et un principe de vie, qui se garantissent les uns des autres par une aire ; qui, semblables aux plantes, absorbent et sont absorbés, qui composent un ensemble doué de vie, ayant sa destinée. À cet aspect, cet homme a tremblé ! Il savait que la vie est produite par l’union de la chose avec son principe, que la mort ou l’inertie, qu’enfin la pesanteur est produite par une rupture entre un objet et le mouvement qui lui est propre ; alors il a pressenti le craquement de ces mondes, abîmés si Dieu leur retirait sa Parole. Il s’est mis à chercher dans l’Apocalypse les traces de cette Parole ! Vous l’avez cru fou, sachez-le donc : il cherchait à se faire pardonner son génie. Wilfrid, vous êtes venu pour me prier de résoudre des équations, de m’enlever sur un nuage de pluie, de me plonger dans le Fiord, et de reparaître en cygne. Si la science ou les miracles étaient la fin de l’humanité, Moïse vous aurait légué le calcul des fluxions ; Jésus-Christ vous aurait éclairé les obscurités de vos sciences ; ses apôtres vous auraient dit d’où sortent ces immenses traînées de gaz ou de métaux en fusion, attachées à des noyaux qui tournent pour se solidifier en cherchant une place dans l’éther, et qui entrent quelquefois violemment dans un système quand elles se combinent avec un astre, le heurtent et le brisent par leur choc, ou le détruisent par l’infiltration de leurs gaz mortels. Au lieu de vous faire vivre en Dieu, saint Paul vous eût expliqué comment la nourriture est le lien secret de toutes les créations et le lien évident de toutes les Espèces animées.

Aujourd’hui le plus grand miracle serait de trouver le carré égal au cercle, problème que vous jugez impossible, et qui sans doute est résolu dans la marche des mondes par l’intersection de quelque ligne mathématique dont les enroulements apparaissent à l’œil des esprits parvenus aux sphères supérieures. Croyez-moi, les miracles sont en nous et non au dehors. Ainsi se sont accomplis les faits naturels que les peuples ont crus surnaturels. Dieu n’aurait-il pas été injuste en témoignant sa puissance à des générations, et refusant ses témoignages à d’autres ? La verge d’airain appartient à tous. Ni Moïse, ni Jacob, ni Zoroastre, ni Paul, ni Pythagore, ni Swedenborg, ni les plus obscures Messagers, ni les plus éclatants Prophètes de Dieu, n’ont été supérieurs à ce que vous pouvez être. Seulement il est pour les nations des heures où elles ont la foi. Si la science matérielle devait être le but des efforts humains, avouez-le, les sociétés, ces grands foyers où les hommes se sont rassemblés, seraient-ils toujours providentiellement dispersés ? Si la civilisation était le but de l’Espèce, l’intelligence périrait-elle ? resterait-elle purement individuelle ? La grandeur de toutes les nations qui furent grandes, était basée sur des exceptions : l’exception cessée, morte fut la puissance. Les Voyants, les Prophètes, les Messagers n’auraient-ils pas mis la main à la Science au lieu de l’appuyer sur la Croyance, n’auraient-ils pas frappé sur vos cerveaux au lieu de toucher à vos cœurs ? Tous sont venus pour pousser les nations à Dieu ; tous ont proclamé la voie sainte en vous disant les simples paroles qui conduisent au royaume des cieux ; tous embrasés d’amour et de foi, tous inspirés de cette parole qui plane sur les populations, les enserre, les anime et les fait lever, ne l’employaient à aucun intérêt humain. Vos grands génies, des poètes, des rois, des savants sont engloutis avec leurs villes et le Désert les a revêtus de ses manteaux de sable ; tandis que les noms de ces bons pasteurs, bénis encore, surnagent aux désastres. Nous ne pouvons nous entendre sur aucun point. Nous sommes séparés par des abîmes : vous êtes du côté des ténèbres, et moi je vis dans la vraie lumière. Est-ce cette parole que vous avez voulue ? je la dis avec joie, elle peut vous changer. Sachez-le donc, il y a les sciences de la matière et les sciences de l’esprit.