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Le gars est resté dans la contrée pour surveiller nos agissements. Quand il m’a vu aller chez Soubise, il a pigé que je commençais à brûler et que le magot leur échapperait. Alors il a ouvert les hostilités en me balançant la grenade d’abord ; puis, devant l’inefficacité de son attentat, en essayant de mettre la paluche coûte que coûte sur le caillou.

C’est lui qui a buté Soubise, car il nous suivait. Lui qui a téléphoné à Ambistrouyan au bar en lui disant qu’il voulait le voir de la part de Fred. L’autre a dit O.K. Mais quand le frangin de Maryska est arrivé et qu’il a trouvé l’Arménoche enchaîné à poil au radiateur, il lui a posé le marché suivant : il le délivrait en échange du diam. Ambistrouyan a révélé la planque du caillou et le frelot n’a rien eu de plus pressé que de le rendre définitivement muet. L’incomparable joyau a une valeur réelle, renseignement pris en dernier ressort comme disait un fabricant de sommier, de deux cent trente-trois millions quatre cent six mille sept cent vingt-deux francs cinquante. J’avais surestimé sa valeur tout à l’heure en vous disant — et je m’en excuse humblement — qu’il valait deux cent trente-trois millions quatre cent six mille sept cent vingt-deux francs soixante-quinze !

Il se trouvait chez Soubise, à Grangognant. Le frère de Maryska, fou homicide (quelle horreur !), est allé l’y chercher. Gaston, le maître d’hôtel, l’a pris en flagrant délit et le gars l’a étranglé avec une corde puis pendu à la suspension. Il se trouvait sur les lieux de son forfait lorsque j’ai appelé. C’est lui qui m’a répondu en se faisant passer pour Gaston. Il m’a dit de ne pas quitter, puis il est parti, se disant que le suicide du domestique ne ferait pas de doute et que c’était mon appel téléphonique qui l’avait motivé. Pas bavête, hein ? On est futé à c’t’âge-là.

— Dis voir, ma choute, fais-je à la chanteuse. Il y a quelqu’un que tu oublies…

— Qui ? balbutie-t-elle en se troublant.

— Mais, l’ami Jérôme. C’est chez lui que tu es allée chercher refuge en quittant le Mistigri, hein ? Tu lui as dit qu’Ambistrouyan s’était fait liquider ; devant ton affolement, il a cru que c’était toi et il a voulu te virer ; alors, perdant la tête, tu lui as flanqué des coups de marteau sur la tronche. Où l’avais-tu pris, ce marteau ?

— Dans son escalier, on réparait l’immeuble…

— Charmante nature !

J’en ai assez soudain de lui bourrer le crâne. Maintenant l’arrestation du frangin, la récupération du vrai diam ne sont plus qu’une question d’heures. Faut que j’aille ronfler pendant que les services de la poule se mettront en branle.

Je murmure seulement :

— C’est toi qui as refilé la pierre bidon aux Léopold ?

— Oui. Je leur ai dit que je l’avais trouvée chez Ambistrouyan. C’était pour leur inspirer confiance et permettre à mon frère de gagner du temps. J’avais peur que Fred aille chez Soubise et rencontre Luciano…

Elle pousse un cri.

— Mais qu’est-ce qui vous arrive, monsieur le commissaire ?

Il arrive à monsieur le commissaire qu’il est parti à dame. Il ronfle dans le fauteuil de l’inspecteur Javer.

CONCLUSION

Je dors un jour, une nuit, un autre jour et une autre nuit.

Et puis je m’annonce à Grangognant pour récupérer le Gros et opérer notre rentrée sur Paname.

Les fenêtres de la classe sont grandes ouvertes. Et j’entends la voix de mon féal Béru qui clame :

— Bébert, si tu me lis pas ça correctement, t’auras droit à un coup de pompe dans le train et à douze verbes : « je suis pas foutu de lire ce qu’y a d’écrit sur une étiquette ».

Alors le frêle timbre du môme ânonne :

— « Les vins du Rocher, velours de l’estomac ».

La pédagogie, Béru l’a dans le sang !

Je sens une caresse dans mon cou.

— Chéri, gazouille-t-on dans mon oreille droite.

— Rosette, susurré-je, prêt à faire une folie avant de rentrer at home.

Je me retourne.

C’est pas Rosette mais la postière de Grangognant. Une dame de deux mètres, sans poitrine, avec des dents en bois, des lunettes comme des hublots, un teint cireux et des varices.

Bref, bien conservée pour ses cent ans !

FIN