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Andrew se sentit submergé par le chagrin, une tristesse qui lui ôta soudain l'envie de vivre.

La doctoresse s'approcha de lui.

– Les résultats de votre scanner sont normaux, votre cerveau n'est atteint d'aucune lésion ou tumeur. C'est une bonne nouvelle.

– Mais j'ai si froid et si mal au dos, bredouilla Andrew.

– Je sais, votre température corporelle est si basse que mes collègues et moi-même sommes arrivés à la même conclusion. Vous êtes mort, monsieur Stilman, bel et bien mort. Cette sensation de froid ne devrait pas perdurer, juste le temps que votre conscience s'éteigne.

– Je suis désolé, Stilman, vraiment désolé d'avoir échoué, répéta l'inspecteur Pilguez. Je vais emmener mon amie déjeuner et nous reviendrons vous accompagner jusqu'à la morgue. Nous n'allons pas vous laisser seul dans un moment pareil. En tout cas, même si c'était bref, j'ai été enchanté de faire votre connaissance.

La doctoresse le salua poliment, Pilguez lui tapota amicalement l'épaule, ils éteignirent la lumière et sortirent tous deux de la pièce.

Seul dans l'obscurité, Andrew se mit à hurler à la mort.

*

Il se sentit secoué de tous côtés, son corps ballottait comme sur une mer orageuse. Un rai de lumière vive frappa ses paupières, il ouvrit grands les yeux et aperçut le visage de Valérie, penché sur lui.

– Andrew, réveille-toi mon amour, tu es en train de faire un cauchemar. Réveille-toi, Andrew !

Il inspira une grande bouffée d'air et se redressa brusquement, en sueur, sur son lit, dans la chambre de son appartement du West Village. Valérie était presque aussi apeurée que lui. Elle le prit dans ses bras et le serra contre elle.

– Tu fais des cauchemars chaque nuit, il faut que tu voies quelqu'un, ça ne peut plus durer.

Andrew reprit ses esprits. Valérie lui tendit un verre d'eau.

– Tiens, bois, ça te fera du bien, tu es en nage.

Il jeta un œil au réveil posé sur sa table de nuit. Le cadran affichait 6 heures du matin et la date était celle du samedi 26 mai.

Il lui restait six semaines pour identifier son assassin, à moins que ses nuits cauchemardesques n'aient raison de lui avant cette échéance.

18.

Valérie faisait tout son possible pour apaiser Andrew, son état d'épuisement l'inquiétait. À midi elle l'emmena se promener à Brooklyn. Ils visitèrent les antiquaires du quartier de Williamsburg. Andrew tomba en admiration devant une petite locomotive à vapeur, la miniature datait des années cinquante et son prix dépassait largement la somme qu'Andrew pouvait dépenser. Valérie l'envoya explorer le fond de la boutique et, dès qu'il eut le dos tourné, elle acheta l'objet convoité et le glissa dans son sac.

Simon consacra sa journée de samedi à suivre Olson. Il était allé attendre en bas de chez lui dès les premières lueurs du jour. Au volant d'une Oldsmobile 88 qui attirait les regards des passants chaque fois qu'il s'arrêtait à un feu rouge, Simon finit par se demander s'il n'aurait pas mieux fait de choisir une autre voiture, mais c'était la plus discrète de sa collection.

Olson passa son heure du déjeuner dans un salon de massage douteux de Chinatown. Il en ressortit vers 14 heures, les cheveux gominés. À l'escale suivante, Simon se gara devant un restaurant mexicain où Freddy dévorait des tacos en se léchant les doigts afin de ne rien perdre de la sauce qui dégoulinait à souhait.

Simon s'était acheté un appareil photographique et un téléobjectif digne d'un paparazzi, accessoires qu'il jugeait indispensables à la réussite de la mission dont il s'était investi.

Au milieu de l'après-midi, Olson alla se promener dans Central Park et Simon le vit tenter d'engager la conversation avec une femme qui lisait sur un banc.

– Avec ta chemise repeinte au Tabasco, si tu arrives à tes fins, mon gaillard, je me fais moine.

Simon soupira en voyant la femme refermer son livre et prendre ses distances avec Olson.

Tandis que Simon épiait Freddy, le hacker qu'il avait recruté transférait le contenu de son ordinateur dont il avait forcé l'accès en moins de quatre minutes. En décryptant les fichiers dupliqués, il serait capable de savoir si Olson se cachait derrière le pseudonyme de Spookie Kid.

L'informaticien de Simon n'était pas le seul à pianoter sur un clavier. De l'autre côté du pays, un inspecteur de police à la retraite échangeait des courriels avec un ancien collègue du 6e Precinct, auquel il avait appris le métier et qui dirigeait aujourd'hui la section criminelle de la police de Chicago.

Pilguez lui avait demandé une petite faveur, dont l'aspect légal pourrait se révéler des plus litigieux sans l'ordonnance d'un juge, mais, entre collègues et pour servir une bonne cause, la paperasserie pouvait aller au diable.

Les nouvelles qu'il venait de recevoir le contrarièrent au plus haut point, et il hésita longuement avant d'appeler Andrew.

– Vous avez une mauvaise voix, lui dit-il.

– Mauvaise nuit, répondit Andrew.

– Moi aussi je suis insomniaque, et ça ne s'améliore pas en vieillissant. Mais je ne vous téléphonais pas pour vous parler de mes petits tracas domestiques. Je voulais vous apprendre que Mme Capetta s'est offert ce matin un billet d'avion pour New York. Et ce qui me fâche le plus c'est que la réservation de son départ est établie au 14 juin tandis que celle du retour reste indéterminée. Vous allez me dire que plus on s'y prend tôt et moins c'est cher, pourtant la coïncidence de dates est assez troublante.

– Comment avez-vous appris cela ?

– Si un policier vous demandait de lui dévoiler vos sources, vous les lui donneriez ?

– En aucun cas, répondit Andrew.

– Alors contentez-vous de ce que je veux bien vous apprendre, le reste ne regarde que moi. J'ai pris quelques dispositions concernant Mme Capetta. Dès qu'elle mettra un pied à New York, elle sera prise en filature du matin au soir. Particulièrement le matin pour les raisons que nous connaissons vous et moi.

– Elle a peut-être décidé de revoir son mari.

– Ce serait la meilleure nouvelle depuis des semaines, mais j'ai un sale défaut, je ne crois jamais aux bonnes nouvelles. Et vous, de votre côté, vous avez progressé ?

– Je n'arrive plus à y voir clair. Olson m'inquiète, il n'est pas le seul, je me surprends à me méfier de tout le monde.

– Vous devriez changer d'air, quitter New York et aller vous ressourcer. Vous êtes en première ligne dans cette enquête. Vous avez besoin de toute votre tête, or le temps ne joue pas en votre faveur. Je sais bien que vous ne suivrez pas mon conseil, et je le regrette.

Pilguez salua Andrew et lui promit de le rappeler dès qu'il aurait du nouveau.

– Qui était-ce ? demanda Valérie en finissant sa glace à la terrasse du café où ils étaient installés.

– Rien d'important, c'était pour le boulot.

– C'est bien la première fois que je t'entends me dire que ton travail n'est pas important, tu dois être encore plus fatigué que je le pensais.

– Ça te dirait que nous allions passer la soirée au bord de la mer ?

– Bien sûr que oui.

– Alors filons à Grand Central Station, je connais un petit hôtel charmant qui donne sur la plage à Westport. L'air marin nous fera le plus grand bien.

– Il faut que nous repassions à la maison prendre quelques affaires.

– Pas la peine, nous achèterons des brosses à dents sur place, pour une nuit nous n'avons besoin de rien d'autre.