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*

En entrant dans son appartement, Andrew trouva Valérie en soutien-gorge et petite culotte, et en pleine séance de gymnastique au milieu du salon.

– Tu ne dors pas ? demanda-t-il en ôtant sa veste.

– Si, si bien sûr, les pieds en l'air et les mains sous les fesses... Il est bien tôt, Simon est tombé raide dingue d'une strip-teaseuse et il t'a abandonné ? Je peux ajouter un couvert à la table des mariés si ça devient sérieux entre eux...

– Non, Simon n'a rencontré personne, répondit Andrew en s'allongeant à côté de Valérie.

Il leva les jambes et commença d'enchaîner des mouvements de gymnastique en même temps qu'elle.

– La soirée était ratée ?

– Ma soirée d'enterrement de vie de garçon a été très belle, répondit Andrew, bien plus belle que je ne me l'étais imaginé.

*

Le lendemain, Andrew passa chez M. Zanetti pour procéder aux essayages de son costume. Le tailleur le fit monter sur une estrade. Il l'observa et releva l'épaule droite du veston.

– Ce n'est pas votre faute, monsieur Zanetti, j'ai un bras plus long que l'autre.

– Je vois ça, répondit le tailleur en piquant des épingles dans le tissu.

– Je sais que vous ne voulez pas que l'on vous reproche de m'avoir vendu un costume mal ajusté, mais j'ai un article important à finir.

– Et vous êtes pressé, c'est cela ?

– Un peu.

– Alors vous y êtes retourné ? demanda M. Zanetti en regardant son travail.

– Où cela ? répondit Andrew.

– Dans ce bar de nuit voyons, c'est bien là que vos ennuis ont commencé, non ?

– Comment êtes-vous au courant ? s'exclama Andrew stupéfait.

Zanetti lui fit un large sourire.

– Vous croyez être le seul à avoir eu droit à une deuxième chance ? Cette vision égocentrique est bien naïve, mon cher monsieur Stilman.

– Vous aussi, vous...

– L'inconnue du bar, vous l'avez revue ? interrompit Zanetti. Bien sûr que vous l'avez revue, vous avez encore plus mauvaise mine que la dernière fois. Mais j'imagine que si nous sommes en train d'ourler votre pantalon, c'est que vous avez pris la décision de vous marier. C'est drôle, j'aurais parié le contraire.

– Qu'est-ce qui vous est arrivé pour que vous soyez reparti dans le passé ? interrogea Andrew, la voix tremblante.

– La seule question qui devrait vous préoccuper, monsieur Stilman, c'est ce qui vous est arrivé, à vous. Vous allez bientôt mourir si vous ne vous en préoccupez pas plus que cela. Que croyez-vous ? Que vous aurez une troisième chance ? Ce serait pousser le bouchon un peu loin, vous ne trouvez pas ? Et arrêtez de trembler comme ça, je vais finir par vous piquer.

Zanetti fit un pas en arrière et détailla le costume d'Andrew.

– Ce n'est pas encore ça, mais c'est mieux. Un petit centimètre sous l'épaule et ce devrait être parfait. J'aime la perfection et, à mon âge, on ne se refait pas. Si je vous disais mon âge, vous seriez étonné, ajouta Zanetti en partant dans un grand éclat de rire.

Andrew voulut descendre de l'estrade, mais Zanetti le retint par le bras, avec une vigueur surprenante.

– Et où comptez-vous aller dans cette tenue ? Soyez raisonnable. Donc, vous avez opté pour votre amour d'adolescence. C'est une sage décision. Croyez-en mon expérience, je me suis marié quatre fois, ça m'a ruiné. Mais vous n'aurez probablement pas le loisir de connaître ce genre de désagrément, si vous n'avez toujours pas trouvé votre assassin. Je ne voudrais pas être insistant, mais il est plus qu'urgent que vous y réfléchissiez.

Zanetti passa derrière Andrew et tira légèrement sur le bas de sa veste.

– Vous êtes vraiment bâti de travers, tenez-vous droit s'il vous plaît, c'est déjà assez difficile comme ça. Où en étais-je ? Ah oui, je vous parlais de votre assassin. Avez-vous seulement une idée de son identité ? demanda Zanetti en approchant son visage de la nuque d'Andrew. Est-ce votre future femme ? Votre collègue de bureau ? Ce mystérieux tueur en série ? Cette mère que vous avez privée de sa fille adoptive ? Votre rédactrice en chef...

Andrew sentit soudain une violente morsure dans le dos, il eut le souffle coupé par la douleur.

– Ou moi..., ricana Zanetti.

Andrew se regarda dans le miroir qui lui faisait face, son visage était d'une pâleur effrayante, il vit Zanetti derrière lui, une longue aiguille ensanglantée à la main. Il sentit ses jambes fléchir sous lui et tomba à genoux sur l'estrade. Une tache de sang s'élargissait à la surface de son plastron. Il s'écroula face contre terre, tandis que le rire de M. Zanetti résonnait à lui faire perdre la raison.

La lumière s'éteignit.

*

Valérie le secouait de toutes ses forces. Andrew se réveilla en sueur.

– Si ce mariage t'angoisse à ce point, il est encore temps de le repousser, Andrew. Demain, il sera trop tard.

– Demain ? répondit-il en se redressant dans le lit. Quel jour sommes-nous ?

– Il est 2 heures du matin, répondit Valérie en se retournant vers le réveil. Nous sommes samedi 30, en fait le mariage est aujourd'hui.

Andrew bondit du lit et se précipita dans le salon. Valérie repoussa les draps et le suivit.

– Qu'est-ce qu'il y a, tu as l'air terrorisé ?

Andrew fit un tour d'horizon et se jeta sur sa sacoche qu'il venait de repérer au pied du canapé. Il l'ouvrit fébrilement et en sortit un épais dossier.

– Mon article ! Si nous sommes déjà le 30, je n'ai pas fini mon article à temps.

Valérie s'approcha de lui et le prit dans ses bras.

– Tu l'as envoyé par mail à ta rédactrice en chef en début de soirée. Calme-toi, maintenant. Je l'ai trouvé excellent et elle aussi le trouvera formidable. Viens te recoucher, je t'en supplie Andrew, tu vas avoir une tête épouvantable sur les photos du mariage et moi aussi si tu m'empêches de dormir.

– On ne peut pas être déjà le 30, murmura Andrew, ce n'est pas possible.

– Tu veux annuler ce mariage, Andrew ? demanda Valérie en le regardant fixement.

– Non, bien sûr que non, ça n'a rien à voir avec ça.

– Qu'est-ce qui n'a rien à voir avec ça ? Qu'est-ce que tu me caches, Andrew, et qui semble te faire si peur ? Tu peux tout me dire.

– Si seulement je le pouvais.

23.

Juste avant le début de la cérémonie, la mère de Valérie s'approcha d'Andrew, lui épousseta l'épaule et se pencha comme pour lui murmurer quelque chose à l'oreille. Andrew la repoussa délicatement.

– Vous pensiez que je n'épouserais jamais votre fille, n'est-ce pas ? Je vous comprends, l'idée de vous avoir pour belle-mère en aurait fait reculer plus d'un, et nous voilà pourtant à l'église..., dit Andrew l'air narquois.

– Mais qu'est-ce qui te prend, je n'ai jamais pensé une chose pareille ! protesta Mme Ramsay.

– Et menteuse en plus ! ricana Andrew en entrant dans l'église.

Valérie était plus belle que jamais. Elle portait une robe blanche aussi discrète qu'élégante. Ses cheveux noués étaient coiffés d'un petit chapeau blanc. Le sermon du prêtre fut parfait et Andrew se sentit plus ému encore qu'à son premier mariage, façon de parler bien sûr.

Après la cérémonie, le petit cortège quitta l'église en empruntant l'allée du parc qui bordait l'église St Lukes in the Fields. Andrew s'étonna de voir sa rédactrice en chef.

– Nous n'allions pas gâcher notre nuit de noces à attendre ses commentaires sur ton article, chuchota Valérie à l'oreille de son mari. Pendant que tu travaillais comme un fou à la maison hier, j'ai pris l'initiative de lui téléphoner au journal et de l'inviter. Et puis c'est ta patronne quand même...