– Si, j'en ai une, murmura Andrew alors que ses dernières forces le lâchaient.
– Ne me dis pas que tu penses à ta femme... après ce que tu lui as fait ? Andrew, tu l'as quittée le soir de votre mariage, tu t'en souviens ? Tu étais tombé fou amoureux de moi. Crois-moi, tu peux lâcher prise, ta mort la réjouira autant qu'elle me réjouit. Adieu, Andrew, tes yeux se ferment, je te laisse vivre tes derniers instants en paix.
24.
L'ambulance qui transportait Andrew Stilman entra dans le sas des urgences à 7 h 42. Ce matin-là, la circulation était moins dense que d'habitude.
L'hôpital avait été prévenu par radio, médecins et infirmiers s'affairaient déjà autour de la civière.
– Homme de trente-neuf ans poignardé au bas du dos il y a une demi-heure. Il a perdu beaucoup de sang, le cœur s'est arrêté trois fois, nous avons réussi à le réanimer, mais le pouls est filant, la température corporelle a chuté à 35 degrés. Il est à vous maintenant, dit l'urgentiste en confiant sa feuille de service à l'interne de chirurgie.
Andrew rouvrit les yeux, les néons qui défilaient au-dessus de lui formaient une ligne discontinue au fur et à mesure qu'il avançait vers la salle d'opération.
Il essaya de parler, mais l'interne se pencha pour lui dire de garder ses forces, on l'emmenait au bloc.
– Pardon... Valérie... Dites-lui..., chuchota-t-il.
Et il perdit connaissance.
*
Une voiture de police arriva toutes sirènes hurlantes. Une femme en descendit et se précipita à l'intérieur de l'hôpital. Elle traversa le hall en courant et rattrapa les infirmiers qui poussaient la civière d'Andrew.
Un infirmier la prit à bras-le-corps pour l'empêcher d'aller plus loin.
– Je suis sa femme, hurla-t-elle. Je vous en supplie, dites-moi qu'il est vivant !
– Il faut que vous nous laissiez l'opérer, madame, chaque minute compte. Nous viendrons vous voir dès que possible.
Valérie regarda Andrew disparaître derrière les portes du bloc opératoire.
Elle resta immobile, hébétée.
Une infirmière de garde, comprenant sa détresse, la guida vers la salle d'attente.
– Les chirurgiens qui sont de service ce matin sont les meilleurs que je connaisse, il ne peut pas être en de plus bonnes mains, assura-t-elle à Valérie.
Simon arriva quelques instants plus tard, il se précipita vers l'accueil et repéra Valérie qui sanglotait dans la salle d'attente. Elle se leva en le voyant et s'effondra dans ses bras.
– Ça va aller, tu verras, dit Simon en larmes.
– Dis-moi qu'il va s'en sortir, Simon.
– Je te le promets, c'est un roc, je le connais c'est un battant, je l'aime comme mon frère, et il t'aime aussi, tu sais, il me l'a dit encore hier. Il n'a cessé de me le répéter. Il s'en voulait tellement. Qui a pu faire ça ? Pourquoi ?
– Le policier qui m'a conduite ici, hoqueta Valérie, m'a dit que personne n'avait rien vu.
– Andrew, lui, aura peut-être vu quelque chose...
Simon et Valérie restèrent assis, côte à côte, à regarder pendant de longues heures les portes closes du couloir qui menait au bloc opératoire.
En fin d'après-midi un chirurgien rejoignit Valérie et Simon dans la salle d'attente.
Ils écoutèrent le compte rendu opératoire en retenant leur souffle.
Une demi-heure s'était écoulée entre le moment où Andrew avait été poignardé et son arrivée à l'hôpital. Pendant son transfert, son cœur avait cessé de battre à plusieurs reprises ; Andrew était revenu à la vie mais il était parti très loin.
L'opération s'était déroulée du mieux que pouvaient l'espérer les médecins. L'arme avait provoqué des lésions profondes et graves et il avait perdu beaucoup de sang, beaucoup trop de sang. Le pronostic vital restait engagé et le resterait au cours des prochaines quarante-huit heures.
Le chirurgien ne pouvait rien leur dire d'autre.
Il salua Valérie et Simon, ajoutant qu'il fallait garder espoir... Dans la vie tout était possible.
Le mardi 10 juillet, l'article d'Andrew Stilman parut en une du New York Times.
Valérie en fit la lecture à Andrew sur son lit d'hôpital. Il n'avait toujours pas repris connaissance.
Merci à
Pauline, Louis et Georges.
Raymond, Danièle et Lorraine.
Susanna Lea.
Emmanuelle Hardouin.
Nicole Lattès, Leonello Brandolini, Antoine Caro.
Élisabeth Villeneuve, Anne-Marie Lenfant, Arié Sberro, Sylvie Bardeau, Lydie Leroy,
toutes les équipes des Éditions Robert Laffont.
Pauline Normand, Marie-Ève Provost.
Léonard Anthony, Sébastien Canot, Romain Ruetsch, Danielle Melconian, Naja Baldwin, Mark Kessler, Stéphanie Charrier,
Katrin Hodapp, Laura Mamelok, Kerry Glencorse, Julia Wagner, Aline Grond.
Brigitte et Sarah Forissier.
À Mary's Fish.
Et un grand merci à
Victoria Donda dont le parcours et les écrits ont éclairé ce récit.
DU MÊME AUTEUR
chez le même éditeur
Et si c'était vrai..., 2000
Où es-tu ?, 2001
Sept jours pour une éternité..., 2003
La Prochaine Fois, 2004
Vous revoir, 2005
Mes amis, mes amours, 2006
Les Enfants de la liberté, 2007
Toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites, 2008
Le Premier Jour, 2009
La Première Nuit, 2009
Le Voleur d'ombres, 2010
L'Étrange voyage de Monsieur Daldry, 2011
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© Versilio, 2012
Couverture : © Raul Fernandes et Photo 12 / Alamy
EAN 978-2-361-32046-1