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Y annoncent qui n'veulent pas d'pognon, simp'ment que Germaine, elle fasse c'qu'y lu d'mand'ront. Son jules doit ignorancer tout d'l'affaire. On lu passe la p'tite Martine qui lu dit qu'elle est bien traitée à la campagne. Maâme Martin chocote à mort. Elle accepte les conditions et bonnit à Martin que la gamine est été chez sa mère à cause qu'a les oreillons à l'école. La consigne des ravissants c'est qu'c'soir, après l'théâtre, elle s'débrouille pour n'pas grimper en chignole av'c son mari. D'où l'pourquoi qu'elle s'est arrangée pour décarrer en compagnie d'leurs potes. J'ouv' ici une parenthèse, môme, manière de t'attirer l'attention su' l'efficacité qu'y a à passer du temps auprès d'une personne que son témoignage est prépondérable. J'eusse pas resté chez Germaine Martin, à causer d'ceci-cela, me faire pogner, la tarabuster et tout, jamais é n'se s'rait affalée. Bon, j'continue. Le député, donc, a droit à sa tisane de plomb. Quand sa rombière apprend, elle en évanouit d'saisissure, à cause de lui, naturliche, mais aussi d'sa p'tiote aux mains des assassins. Elle continue d'écraser à propos de Martine, r'doutant qu'ils la scrafent, ces fum'lards. Son veuvage rend prosibe qu'é l'aye confiée à d'là famille dans cette conjecture, n'est-ce pas ? D'temps à aut'. elle reçoit un coup d'turlu des gredins. Ils lu passent la p'tite pour causer une minute et raccrochent. V'là le topo. Elle est tabou, c't' pauvre femme, rends-toi compte ! Elle joue l'calvaire d'une mère en continu. Son vieux zigouillé, sa fillette kidnappée, elle, en continuelle attente d'un coup de fil, harc'lée par les flics et les journaleux, craignant qu'un d'eux apprenne la disparition de Martine et signasse ainsi son arête morte. Tu juges ? Elle vient d'craquer ; s'en affole. Me déplore d'n'rien dire. C'est l'existence d'une enfant qu'é en jeu. Elle m'promet tout ce qu'j'voudras : du pognon, des pipes, la bourranche, sa maison d'campagne, sa rivière d'diamants, l'mariage. J'la calme. Non, j'dirai rien. J'sus t'ici pour la sauver et sauver sa mouflette. Bayard ! Secret assuré ! Célératesse, discrétion ! Elle peut compter sur moi. J'sus t'un homme donneur. J'réclame rien. Mais elle doit m'aider. N'absolument rien m'cacher. Son larbin sait-il quéque chose ? Non ? Bon ! D'autres gens savent-ils ? Juste sa mère dont elle a bien fallu fout' dans la confidence et qui s'caille le raisin dans sa p'tite maison d'Meulan, Yvelines.

Elle parl'ra pas, la tronche su' l'billot, pas d'problo. Parfait ! De quand t'est-ce date l'dernier coup d'fil des ravissants ? Hier matin ? Qu'est-ce y répondent quand elle leur d'mande c'qu'y veuillent ? Patience ? Y répondent simplement « patience » ? Bizarre. Bon, ben ma ligne est toute tracée…

Elle veut savoir ce que j'entends par là.

— Faut qu'j'attends ici leur prochain n'appel, ma pôvre. Escusez d'vous encombrer d'ma présence, mais c'est obligé.

Du coup, Germaine s'inquiète pour son larbinet. Que lu fournir comm' esplications ? Moi, tu l'auras r'marqué, Marie-Marie, mais j'sus ingénieur quand y faut.

— Dites-y simp'ment qu'la police craint pour votre sécurité et qu'elle vous donne un garde du corps.

Elle accepte.

Ces sandevouitches sont franchement dégueulasses. Pourtant, du jambon, c'est du jambon, non ? Et du pain, c'est du pain ! Pourquoi qu'un cochon et d'là farine n'aurayent pas toujours bon goût ? Y'a des moments, les hommes, j'm'demande s'y font pas esprès d'enmauvaiser les choses pour l'seul agrément d'faire suer l'monde. Ça fait partie de c't'haïssure qu'y z'ont les uns pour les autres. Moi, j'avais un pote qui travaillait à la pâtisserie d'mon onc', au chef-lieu, et qui s'branlait dans la pâte à choux, just' pour dire. Encore, il eusse connu les gens qu'allaient becqueter les choux, j'veux bien. Mais là, gratissement, pour ainsi dire, ça signifiait quoi, sinon qu'il déchargeait. Jérôme, dans la gueule d'l'humanité. L'humanité qu'il f'sait partie lu-même. Tu trouves logique, toi ? Les hommes, au plus qu'en aura, au moins ça marchera. Y piss'ront d'plus en plus dru dans leurs gamelles et s'feront davantage d'queues de poisson et de croche-pattes. Y s'brim'ront de toute leur énergétique. Combin'ront des vicelardises infectes à s'pratiquer. S'gâcheront l'existence d'leur mieux, par pur plaisir. Parce que voilà : quand y n'osent pas s'tuer, y s'font chier. C'est leur consolation d'n'pas avoir l'courage d'aller jusqu'à l'assassinat, la chiasse ! L'à-quoi qu'y s'raccrochent pour arriver à s'tolérer. A défaut de s'tremper dans l'sang, y s'trempent dans la merde.

Y z'auraient pas la merde, j'me demande ce qu'y d'viendraient…

J'ai attendu chez la Martin en matant la téloche pendant qu'elle vagissait à ses occupations.

M'faut une occase comme voilà pour téléspecter, mézigue. J'sus pas preneur, rapport au p'tit t'écran. La télé, c'est quoi ? Des gonzes qui jactent. Et qui re-jactent. Et qui jactent encore. Qu'on fait jacter. Ce bonheur, tous, à s'raconter, comme si leur vie serait différente des aut' vies parce qu'y z'ont écrit un livre, visité l'Himalaya ou inventé un goupillon à jet rotatif ! Y causent à s'en dessécher comme une esqu'lette dans l'désert.

Et en dehors des jacteurs, la télé, c'est des feuill'tons que quand t'en as vu un t'as vu les autres. Des histoires interchangeables pour vieilles dames en convalescence où les méchants sont punis et où les gentils s'marient ; où les Peaux-Rouges gagnent la guerre, ou bien la perdent ; où l'policier trouve la solution en finale. Et la pube, hein dis ? la pube ! Moi j'sus d'accord pour échanger mon paxif d'Ariel cont' n'importe quoi d'autre ! J'en ai ras l'moule des lessives qu'sont toutes plus blanches que la celle qui précède, ou de la bouffe en sachets miracleux : tu verses un peu de poudr' dans une casserole de flotte et t'obtiens un cassoulet toulousain ou une dinde aux marrons !

Sorti du tournoi des Cinq Nations où de l'Armtrongue su' la lune, la téloche j't'en fais cadeau ! Tu l'aimes, toi, la bavasse, la mélasse, la grimace ? Des jeux, si, parfois… J'dis pas. Quand y t'font d'viner si le mot carambouille c'est le nom savant de la chaude-pisse, çui d'un oiseau des îles Papagâtos, ou le cri du lézard vert quand y l'appelle sa fumelle. C'est instructionnant. Enfin, bon, y'en a qu'aiment. Seul'ment, mon principal reproche, à la télé, c'est qu'on la regarde. Moi, é m'dérange pas. J'ai du temps : j'tourne le bouton, j'vois la gueule faisandée d'un pékin qu'est en train d's'raconter, vite je referme. Des minus qui causent à propos d'un film tout c'qu'a d'banal qu'on vient d'proj'ter, idem, j'les laisse entr' z'eux, fissa, pas me contaminer les portugaises. Seul'ment t'as les moudelas qui visionnent tout à tout prix, jusqu'à l'estintion des feux. Comme d'autres bouffent un mauvais plat à cause qu'il est payé. Y z'épuisent leur taxe, tu comprends ? Y perdent leur temps pour ne pas perdre du temps d'antenne. Au lieu de baiser, y s'farcissent le professeur Schmeurtz. V'là pourquoi qu'la France se dépeup'. Fous-la gratuite, la télé, et les gonziers s'remettront à vivre.

On n'noie pas les chiens qu'on a payés.

Ça m'rappelle une gonzesse dont j'ai eu des dations passagères et qui passait toutes ses soirées d'vant son poste.

Merde, la bande !

QUATRIÈME BOBINE

— FACE 1 —

C'est comme c'te bière qu'est chaude.

Enfin, quoi, tu n'peux pas à la fois mourir et avoir tes z'aises, c'serait trop beau.

J'te causais d'là maniaque de télé dont à laquelle j'ai eu affaire. C'tait à mes débuts parisiens, quand j'portais l'uniforme de gardien d'là paix dans l'Treizième. J'occupais t'une p'tite chambre d'pension d'famille, et dans la chamb' voisine logeait une gentille nana, pas mal roulée, qui f'sait escrétaire dans un commerce d'gros. On s'lie la connaissance, on s'sourit, s'plaît. Moi, la prestance d'l'uniforme, tu juges ? J'roulais des mécaniques et jouais des charmeuses, t'aurais cru un acteur du muet, quand y z'esprimaient les mots av'c des mimiques et qu'avait juste un sous-titre pour les précisions pas mimables, telles que : « J'habite La Garenne-Colombes », ou bien « On s'est rencontré au casino d'Deauville l'an dernier ».