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— Permetassiez-vous qu'j'vous masse ? j'lu dis. Au régiment, c'est moi qui f'sais entraîneur de l'équipe de fotebale et j'ai des données.

Elle m'remercie en effusionnant tante et plus. Et elle s'allonge sur un grand comptoir qui servait à tout, c'est l'cas d'le dire.

La cheville pour commencer. J'y prends la férule ent' le pouce et l'indesque ; te la lu fourbis en souplesse, mais av'c fermeté, j'lu dis qu'y faut toujours, dans ces cas-là, r'monter le rafia, l'obélisque, pas que ça s'étende, la foulure.

Elle me répond de faire à mon idée, et qu'un gardien d'là paix, si elle aurait pas confiance aveuglément, c'serait malheureux.

Alors je masse, et te masse, remasse, ramasse, tout bien, de bas en haut. Elle avait des jambes très fermes, madame Zita. Galbées haute couture. Pas la peine d't'faire un des seins ? A dater du moment qu'j'eus dépassé l'genou, elle a mise à roucouler des petits cris. Elle f'sait des « hepffff », des « rhhh » et autres, toutes choses qui m'auraient ajouté d'là vigueur dans la paume de main si b'soin aurait eu été.

Quand on est parvenu dans la zone fortifiée, madame Zita, j'entends par là son fourbi d'jarretelles, brides, culotte et saint frusquin, j'ai eu un moment d'hésitance : l'premier et l'dernier, à cause que j'étais en uniforme : revolver t'au côté, écusson d'là ville de Paris épinglé, numéro matricule au col. Entraîner un nuniforme prestidigieux dans c't'aventure, ça posait un cas de confiance, non ? Mais deux choses m'a sauvé, deux pensées pertinentes. La première, je m'ai dit : « Sandre, un agent est un homme. » Et la deuxième : « T'es plus en service ni dans un lieu publique, Sandre. » Bien, alors v'là, du massage on est passé à la friction savante, d'là friction savante au guiliguili fripon, s'lon les normes. Elle y allait en frénésie, madame Zita. N'pensait plus à son entorse. S'affairait du cul pour qu'j'y ôte sa belle culotte qu'aurait pu lu servir d'enseigne, son magasin d'frivolités lingeuses. Et moi je grimpe idem la rejoind' su' le comptoir. Elle f'sait le grand « V » d'là victoire, un peu comme la Polak à not' ferme, mais en pas mécanique. Chez elle ça correspondait à du sentiment textuel, on l'sentait parfait'ment.

Quand elle m'a vu que j'déboutonnais ma soutane, elle a écrié « Non ! Non ! Pas ça ! ».

Jusque z'alors tout baignait dans la mousse à raser. Moi, ça m'interloque la façon énergétique qu'elle me lance son « non, pas ça ».

— Quoi, alors ? j'y d'mande, étant un homme de bonne composition.

— Ton bâton !

— Eh ben laisse moi qu'j'l'dégaine, ma loute !

— Le vrai ! elle implore. C'est le vrai qu'je veux. C'est lui qui m'rend folle. C'est ton beau gros bâton que j'admire, de loin, quand tu le fais virevolter au-dessus des têtes à ton carrefour. Ah oui, le bâton ! J't'en supplie : ton bâton !

Je réagis.

— Ecoutez, madame Zita (chemin f'sant, elle m'avait dit son blaze), mon bâton blanc est propriété de la Préfecture. Je dois m'en servir dans un bute estrêment précis, j'ai pas l'droit de l'fourrer n'importe z'où, sinon, j'commettrais un détourn'ment d'matériel d'État, et c'est pas mon genre.

Commak, très pincé, parce que ça m'les brisait singulièr'ment c'qu'é v'nait d'me dire sur le truc qu'elle admirait mon bâton et non pas mézigue intrinsèchement et qu'c'était lui qu'elle convoitait, pour lui qu'elle clapotait d'là chaglaglatte en m'passant d'vant au plus serré, merde ! Qu'les gonzesses ont des idées salopement saugrenues toujours, qu'à la fin on n'y comprend plus rien, chierie d'Dieu !

Elle a imploré encore. Elle chialait pour d'bon, c'te vachasse. Trop d'désir, elle prétendait, le sensoriel en dinguerie totale, tout ça… A force d'me tartiner, t'sais pas ? Moi, je n'dis pas une broque, mais j'ouv' mon pont-levis et je fais sortir la garde.

Alors, elle a cessé de déplorer, madame Zita. Elle a tu son bec comme par enchaîn'ment. Elle matait mon joyau en r'niflottant. Un sourire y est v'nu. Elle ressemblait à un bébé goulu qui réclame une sucette de caoutchouc et à qui tu r'files un mastar biberon de blédine Guigoz.

C'tait véry plus bioutifoule qu'le bâton. L'bâton, y r'léguait crayon, du coup.

Alors, l'Alexandre-Benoît a mis la visière de son kibour derrière la tête, pas lu meurtrir l'front, madame Zita, en l'entreprenant. Et y y'est été d'tout son cœur. C'était un peu la Préfecture d'Police tout t'entière qu'j'r'présentais. J't'l'ai grimpée en danseuse, madame Zita. Ses tifs roux, à bout portant, ça m'faisait comme un incendie. Elle sentait un parfum fort, madame Zita.

On se payait la tranche du siècle quand l'timbre d'là porte a r'tenti. Et quéqu'un nous est venu droit dessus. Une femme a crié :

— Mais j'rêve !

J'lu a accordé un petit coup d'œil en biais sans cesser d'calcer madame Zita. J'ai eu l'temps d'apercevoir une grosse bonne femme brune, av'c un teint gris pas fardé et des cheveux huileux, coupés courts. Elle était en pantalon.

Ce raffut, ma poule ! Ce raffut ?

Je m'ai dégrouillé d'débigorner, comprenant qu'ça allait êt' carbonisé dans l'illico les belles faderies.

— Espèce de salope ! Bougre de truie ! Putain ! Chez moi !

Elle m'a bousculé du comptoir, la méchante ogresse, que j'ai failli me briser Coquette et j'ose pas m'imaginer av'c un braque à l'équerre, même que ça permettrait de brosser dans les coins !

Elle a saisi madame Zita par les tifs. Elle voulait y écraser la tête su' l'comptoir. D'ailleurs, elle l'annonçait sans jambage. « Je vais te faire gicler la cervelle, ordure ! » Charmant, non ?

Mais où ça n'cadrait plus av'c mon standinge, c'est ce qu'a suivi.

— Me tromper avec un homme, nom de Dieu ! Et quel homme ! Un con d'gardien d'là paix qui ressemble à un goret !

J'ai pigé que la madame Zita travaillait dans l'gigot. L'était en ménage av'c la mégère en pantalon, la toute grosse mal fagotée et embouchée pire qu'une ancienne marchande d'poissons marseillaise.

Elle a dû s'défendre, madame Zita. A pris goût à la bagarre. C'est comme l'odeur de la poudre et du sang : ça t'emmène. Tu les aurais vues s'tabasser, les deux louves. Elles roulaient sur le plancher, s'arrachaient des poignées d'crins en n'hurlant, couinant. Se labouraient la frime à pleins ong', que c'en f'sait des copeaux, comme si elles s'auraient varlopé la gueule. Elles renversaient les meub', cassaient des choses, des trucs et des machins. Un pur désastre.

J'étais quasiment terrifié par la magistralité du spectac'. Bien mieux qu'un combat de bosc ou de castche. Même les duels, au temps des gaulois, ça d'vait faire pacotille à comparer.

Au bout d'un quart d'plombe, c'est l'ogresse qu'a eu l'dessus. Elle s'est foutue à cafourlichon su' la belle poitrine de madame Zita, sans s'soucier d'lu compacter ses beaux nichemars. Elle avait chopé une p'tite lampe en cuiv' que l'abat-jour avait mis les adjas, et elle s'apprêtait à lu fracasser le bol. Alors j'ai intervenu. Y n'était qu'temps ! Vzoum ! J'y ai chouté un coup de pompe en pleine margoule, la vieille, tant fort qu'j'ai pu. L'en est partie à la renversée, la bouche en sang, le groin comme un baba au rhum. Elle était pas kao complet, mais groggy, le regard pendouilleur et un air d'plus bien s'rappeler l'jour qu'on était.

J'lu a flanqué une casserolée d'eau froide, pour commencer, une contredanse ensuite pour insulte à agent dans l'exercice d'ses fonctions, vu qu'j'étais en uniforme et j'ai laissé ces dames s'finir les explicances à leur conv'nance. D'puis lors, j'y ai jamais recausé, madame Zita. Des fois aux Gobelins, j'la voilliais arriver mais elle empruntait plus l'carrefour, madame Zita.