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Et just'ment, la scène d'aujourd'hui, c'est quand elle va au dentiss pour sa dent d'sagesse qui branle. Du temps qu'le gonzier s'active à la roulette, é peut pas s'empêcher d'lu plonger dans l'bénouze, à m'sieur l'articheur.

Alors, cécoinsse, y dégoupille la meule d'sa roulette, y branche dessus un vibro-masseur dans l'genre d'çui qu'employait maman putain dont j'ai déjà eu l'honneur, et y ramène sa fraise équipée sur la pointe des loloches à la noirpiote. Et on décarre dans la grande orgie bioutifoule, qu'on s'file à loilpé progressistement, et puis qu'ensuite, les clients et clientes qu'attendaient son tour dans l'salon voisin y tient plus de ces cris d'orfèvres et intervinssent l'un après les autres, en sarbacane. Et qu'a des trouvailles inouises, jamais montrées encore sur écran large. Des choses qu'époustouflent, il promet, Xavier. Même un chien-Bernard qui s'pointe et s'lance dans la fiesta. Et l'fauteuil du dentiss amoviblable sert à des combines qui f'ront pâmer des salles entières. Faudra mettre des lattes à crampons pour v'nir visionner son film, au Xavier, afin d'pas déraper à la sortie. C'sera un document d'l'humain, son film. Un coup d'projo su' le moi second d'l'individu, il affirme. Y sera primé, fatal, obligatoire. L'obtiendra le « Nœud d'or » de Monte-Carlo ou « Le Taureau de Saint Marc » d'Venezzia.

Et plus qu'il dit, plus qu'la maman Rosier s'enrogne d'pas faire partie. Elle s'met à fluminer vilain, la vieille Betty. Qu'après tout on tourne chez elle. Ça la reprend, l'sentiment de propriété. Faut qu'on lu confille un rôle absolument. Elle pipera av'c un masque. Ou bien, jouera la dame d'réception du dentiss. Ou la maman d'l'officier sans queue qui console son fiston de d'voir lipebroquer av'c un brise-jet, en ayant pour épouse un volcan en interruption. C's'rait une belle scène. Elle a une idée formid', Betty. Oui : elle va jouer la maman, et elle f'ra viendre à domicile des espécialistes pour essayer d'réparer son chiare. Pas des chirurgiens, pisque la méd'cine est défailliante, mais des super-putes, des Indous, tiens ! Des Japonaises ! Des dames tell'ment t'espertes qu'é f'raient goder un flan à la vanille. Et Xavier bondit. Embrasse sa maman, trouve l'idée géniale, Mais z'oui, mais bien sûr. Comment t'est-ce qu'y y'a pas pensé à c't'aspecte du problo. Toutes les ressources qu'a à tirer d'l'officier découillé su' l'plan érotique. Des personnes mystérieuses, un diadème au front, un aut' dans les trous d'nez et des cerceaux d'or à la chatoune, qu'emploient mille sciences au cul pour réparer l'irréparab'. O Seigneur, et dir' qu'si on s'rait pas venus, y s'rait passé à côté d'un volet de c't'importance ! Mais c'est la Providence qui nous a porté les pas à Rueil-Malmaison, cet aprème ! Il est joyce. Il dit à son assistant, un jeune glandu boutonneux à lunettes, d'se met' fissa en enquête de nanas exgothiques : des jaunes, des bistres, av'c des corps sublimes et des gueules étranges.

Et pis y d'mande à son cheptel d'penser à des scènes de ranimation estravagantes. Y veut qu'on délire, tout l'monde. Qu'on lu soumette des idées dingues.

Y s'calme en découvrant les effets de la savonneuse su' son arbi. L'v'là avec un ringard garni qui tiendrait pas dans une boîte géante d'loukoum, le Marlon Branlette de l'érotisme. Paré à virer. A tringler madame, urbi et orbi, comme on dit à Rome. Faut pas laisser r'tomber l'soufflé. Vite, moteur !

Tiens : à propos d'moteur…

Attends, j'vas changer d'bobine avant qu'j'm'élance dans la suite, y'a rien d'plus chiatique qu'd'tomber en rideau au milieu d'une phrase.

Tu permets ?

HUITIÈME BOBINE

— FACE 1 —

Pendant qu'j'changeais c't'bobine, j'm'ai rendu compte d'une chose dont, compte t'nu des circonstances, faut bien qu'j't'avoue, moustique : j'ai peur.

J'crois bien qu'on peut donner c'vilain nom à l'espèce d'hantise qui me prend et m'fait trembloter.

Achtung, môme ! Achtung ! C'est pas de la mort que j'aye la trouillance, mais d'là manière qu'é va s'opérationner.

Vont-ils me praliner l'chignon ?

M'étrangler, m'assommer, ou quoi et qu'est-ce ?

Dans l'fond, l'hic, si tu veux qu'j't'dise, c'est d'se demander c'qu'on va penser au moment où.

Seul'ment v'là : y'a t-il un moment ? J'entends par là que tous les moments s'enchaînent z'uns n'aux aut' et que le dernier n'a rien d'particulier, sinon qu'y l'est l'dernier de ta chaîne, mais ça, c'est les restants qui peuvent l'comprendre pisque toi t'es pas cap' de piger qu'c'est le vraiment ultimième. D'là à penser que tout l'monde, quoi qu'soyent les circonstances, crève sans savoir vraiment qu'y crève, y'a qu'un pas qu'j'te franchis z'aisérnent av'c ma souplesse de gazelle.

Enfin, brèfle, pourquoi l'nier ? j'ai les j'tons. En sourdingue, just' en sourdingue, fillette. C'est pas l'grand glagla, juste un picouillage, une grande question sans réponse.

Enfin, ce qui doit arriver arrive. Des milliards de gnaces, avant moi, y sont passés, des milliards y pass'ront t'encore, et moi, Béru, parmi l'flot. Tout le monde. T'entends bien ça, gamine ? TOUT LE MONDE. C'est donc qu'c'est pas dif', qu'a qu'à laisser faire.

Un machin encore qui m'turluqueute, c'est mon engagement, au départ, de t'finir l'éducance. J'm'ai lancé dans des préchipréchailles. J'voulais t'causer de tout ce qui nous enchiasse, oblige, entoure, contraint, démoralise, ou fait espérer. T'causer du progrès, ma chérie, de l'av'nir tel qu'j'conçoye, d'la publicité, des guerres, d'la liberté, des belles manières, de l'Histoire d'France, des copains, du crédit, de l'adultérine, d'là médecine, de la peine, de la santé, du raciss, de la justice, de Paris, des animaux, tout ça et le reste, tout l'reste. Et au lieu, j'ai fait quoi ? Comme tous les gonzes qui jactent, j'ai parlé d'moi. C'est ma mémoire qu'a pris l'dessus. C'est mes souvenirs qu'ont imposé. Ces bobines, leur fil, positiv'ment, s'entortille autour de ma queue d'âne, Minouche. Et alors, quoi, bon, admettons, ma vie, ça n'aura donc été qu'des moments. Juste ces instants passés sur des gonzesses, à les fourrer jusqu'au trognon pour fader et les faire glapir. Mon passé n'aura comporté qu'des coups de reins, ma Moumouille. Tonton, somme toute, manière de suiv' l'droit ch'min, y aura suivi que sa bathouze zézette, comme un lancier, au temps jadis, suivait sa lance en ayant l'air d'là braquer.

Bien, j'admets. J'consens. J'me donne la preuve de ma petitité. Oui, l'gros Bérurier, c'était juste une bibite en déplac'ment, qui cherchait des terriers et qu'en trouvait. Alexandre-Benoît, il a sorti d'là terre d'Saint-Locdu, terre soi-même, et y l'a vivu une vie terrienne, c't'à dire terre à terre. Eh ben tant mieux ! Le reste, c'est si peu qu'j'l'laisse aux aut', Marie-Marie. Qu'y s'en goinfrent jusqu'à société s'y z'aiment, merde !

J'ai été un homme, av'c des copains et plein de bonnes femmes. J'm'ai soûlé en compagnie des z'uns et j'ai calcé les aut' d'toutes mes forces qui furent appréciab', qu'veux-tu eguesiger de plus ? Et j'ai eu en pitié, puis en colère, à m'sure qu'les ans passaient, la connerie d'tous les navets qui s'poussaient du col ; qui croilliaient en z'eux.

Leur prétention, leurs z'honneurs, leurs décorations-coliques, leurs minuscules grandeurs m'ont filé la gratte. Y'm'démangeront jusqu'au moment dernier qu'j'allusionne plus haut. N'importe. Dieu les bénisse aussi, puisqu'y les a faits et tolérés. Pas qui vient s'plaindre, maintenant, l'divin Seigneur. Tu connais la chanson ? « Tu l'as voulu, tu l'as eu, tant pis, n'en parlons plus. » Merci bien, quand on tente des espériences à la con, on les éponge ensute. J'voye pas pourquoi y les privationn'rait de bonheur éternel, ses minus, l'Dieu Tout Pussant, du moment qu'y sont minus d'par sa volonté, hein ? Merde, s'rait trop commode : créer la chiasse et r'fuser le papier cul ! Vicieux !