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— A-t-il le pouvoir de le faire ?

— Non, mais il travaille pour le plus offrant, certainement. Je vais vous ouvrir un crédit assez important. Que diriez-vous de dix mille dollars, pour commencer ?

— Ça me paraît raisonnable.

— Hum, j’en doute. Ce Petrus est une véritable canaille. Il faisait la caisse des magasins que les émeutiers pillaient. Eux avaient faim mais lui voulait s’enrichir.

Un peu plus tard Kovask s’éloigna de l’hydravion, profita du vent qui soufflait vers la terre pour se diriger vers Key West. Le Canadair attendit qu’il fut à quelque distance pour décoller. Au passage, le pilote battit des ailes. Puis bientôt il ne fut plus qu’un point dans le bleu du ciel.

Vers la fin, le vent n’étant plus qu’un souffle ténu, Kovask éprouva quelques difficultés à rallier la plage du loueur de voiliers. Il dut même godiller lorsque le vent tomba complètement. Quand il atteignit la côte il était près de 5 heures du soir.

CHAPITRE VI

Petrus Lindson avait des problèmes de beauté virile. Longtemps il avait cru que la barbe lui donnait un air distingué et que les cheveux coiffés à l’afro le faisaient passer pour un type sympathique ayant des opinions gauchistes. Mais il avait fini par raser sa barbe et il se rendit chez un coiffeur pour faire couper ses cheveux à quelques centimètres de son crâne. Son visage devenait encore plus rond ainsi mais avec des lunettes noires il pourrait corriger ce défaut. De plus il cacherait aussi son strabisme divergent.

En sortant de chez le coiffeur il alla acheter des cigarettes, s’offrit une vodka-orange dans un bar malgré l’heure matinale. Puis il remonta dans sa voiture, une Chrysler jaune de l’année et roula lentement dans les avenues du ghetto. Il ne voyait pas les groupes de chômeurs assis sur les trottoirs, à l’ombre des tentes de magasin. Des yeux luisants d’envie le suivaient mais il n’y prêtait pas attention. Parfois il ralentissait lorsqu’il apercevait quelques prostituées, pourvu qu’elles soient très jeunes et en mini-jupe. Mais elles étaient encore rares à cette heure matinale.

Il arrêta sa voiture, descendit et pénétra dans l’immeuble en partie brûlé en 1965. Il se souvenait très bien comment le feu avait pris. Il y était même pour quelque chose. Des gardes nationaux le poursuivaient lui et quelques autres et ils avaient balancé plusieurs cocktails Molotov pour ralentir leurs poursuivants. Comme les pompiers usaient plutôt leur eau contre les manifestants que pour éteindre les foyers, l’immeuble avait bien failli y passer.

Etonné que la porte lui résiste, il frappa sans ménagement et Billie Ganaway vint lui ouvrir.

— Ah ! c’est toi, fit-elle déçue.

— Tu attendais quelqu’un d’autre ? fit-il narquois.

— Une voisine qui doit venir chercher les gosses pour les garder. Moi, je travaille maintenant.

— Depuis peu puisque je suis venu la semaine dernière. Et que fais-tu ?

— Je suis barmaid dans un club. A Santa Monica.

Il siffla d’admiration.

— Non, tu marnes pour les Blancs ?

— Pour cent vingt dollars par semaine plus les pourboires je suis prête à marner pour n’importe qui, dit-elle en lui tournant le dos. Il faut que j’aille me préparer.

Elle portait une robe de chambre rouge assez courte et certainement rien dessous. Petrus s’enflammait très vite surtout après une nuit solitaire. Il la rattrapa et la ceintura. Elle sentit ses mains sur ses seins aigus, soupira :

— Ecoute, fiche-moi la paix, la voisine ne va pas tarder et…

— Allons, Billie, tu sais ce que tu me dois, hein ? On t’a rendu les gosses, en bonne santé. Mais tu sais que ce n’est pas fini et que si jamais tu parles… Il te faut un protecteur dans ce coup-là et tu peux compter sur moi.

Collant toujours son ventre contre ses reins, il écartait la robe de chambre sur sa poitrine, malaxait celle-ci entre ses gros doigts comme s’il voulait la broyer.

— Tu me fais mal, gémit-elle essayant d’être : furieuse mais ressentant un trouble grandissant parce qu’il se collait de façon éhontée à sa croupe. Tu vas me retarder.

— Non. Ecarte seulement les jambes et tu verras.

Il avait glissé une main impatiente dans la fourche encore fermée, la fouillait avec brutalité. Elle finit par lui obéir. Il s’était déjà dégrafé et la posséda d’un coup sans autre ménagement. Elle mordit ses lèvres pour ne pas gémir de douleur mais se cambra de façon impudique tandis qu’il la besognait. Presque tout de suite sans se soucier de lui faire partager son plaisir il se répandit en elle, l’abandonna pour se reboutonner.

Une femme venait d’entrer dans la pièce et les regardait les yeux ronds. Petrus pensa non sans fierté qu’elle l’avait vu opérer et même qu’elle avait dû apercevoir son sexe lorsqu’il avait mis de l’ordre dans ses vêtements. Il cligna de l’œil mais elle haussa les épaules et se dirigea vers la chambre des gosses.

— Bonjour, Mona, fit Billie embarrassée.

Elle disparut avec elle dans la chambre tandis que Petrus fureta dans la cuisine. Il vida un fond de café dans une tasse, le but ainsi, prit un beignet au miel qu’il trouva un peu rassis. Puis il se lava les mains.

Mona sortait, un gosse à chaque main. Elle jouait les offensées mais ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil vers la silhouette du Noir dans le réduit de la cuisine. Petrus sourit avec fatuité, certain qu’elle était troublée.

— Tu n’aurais pas dû, s’emporta Billie lorsqu’ils furent seuls. Elle est très prude. Maintenant je suis compromise à ses yeux. Si tu avais vu la gueule qu’elle me faisait tandis que nous habillions les enfants.

— T’en fais pas, elle en mourait d’envie, elle aussi, d’en tâter. Si tu avais vu ses yeux sur mon ventre, tiens.

— Tu te crois irrésistible, fit-elle avec : dédain. Tu me violes à moitié chaque fois que tu viens sans te soucier de savoir si ça me plaît ou si ça me donne du plaisir, et puis on ne te revoit pas de huit ou quinze jours. Tant mieux d’ailleurs. Mais il faut croire que tu ne trouves pas tellement de filles à qui proposer la chose.

Petrus devint gris de rage et s’approcha d’elle lentement, louchant terriblement comme chaque fois qu’il éprouvait une émotion violente.

Billie le toisa sans la moindre crainte.

— Tu vas aussi me frapper ? Il ne te manquerait plus que ça.

— Tu n’es qu’une truie. Tout le monde couche avec toi, pourquoi pas moi ? C’est comme se laver les mains avec toi.

Elle haussa les épaules, disparut dans la chambre. Il hésita puis entra à son tour. Juste comme elle enfilait une robe jaune très courte.

— Tu ne mets rien dessous, salope ?

— Ça te gêne ?

Il ricana bêtement. Ainsi elle devenait agaçante au possible. On avait envie de se jeter sur elle, de la broyer entre ses mains. Pas tellement belle, mais terriblement érotique.

— Quel est le nom de ta boîte ?