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— Ils venaient de Harlem, répondit-il. Ils voulaient installer un central local pour les courses et les paris de toutes sortes mais ils ont vite renoncé. Je leur servais de guide. Ils m’ont payé mais l’affaire ne s’étant pas réalisée nous nous sommes séparés.

Moron l’avait alors pris par le col de sa veste :

— Ecoute-moi, Petrus. Je ne sais pas ce que tu mijotes mais tiens-toi à l’écart des groupes politiques. Que je n’apprenne pas que tu intrigues ou que tu essayes de recommencer comme en 65.

— Dites donc, on dirait qu’à moi seul j’ai soulevé tout le quartier, protesta-t-il.

— Non. Mais tu as profité de la situation pour t’emplir les poches et faire accomplir à des pauvres types ce que tu avais peur de faire toi-même. Tiens-le-toi pour dit.

— Moi faire de nouveau de la politique, avait-il répliqué avec mépris ? Merci bien. Je ne suis pas prêt de m’y laisser prendre une fois de plus.

— Dans ce cas, tu vivras longtemps, avait conclu Moron.

Depuis il n’avait jamais digéré cette humiliation. Parfois lorsque quelqu’un lui tapait sur l’épaule dans un bar ou dans la rue il sursautait avec terreur et portait la main à sa ceinture pour y prendre le petit Colt à crosse de bois qui ne le quittait plus. Il avait redoublé de prudence et au bout de deux mois, bien que n’ayant rien oublié de sa haine, il respirait un peu mieux. Et maintenant il venait de faire ce rêve stupide.

Petrus était superstitieux. Il croyait aux signes, aux avertissements mystérieux et aux rêves. Pour un peu il serait allé consulter un mage ou une diseuse de bonne aventure au sujet de ce rêve étrange et terrifiant mais il décida de se montrer prudent. Et pour être certain qu’il ne risquait rien il lui fallait accentuer sa pression sur les sœurs Ganaway et Stewe Score. D’eux dépendait sa sécurité.

Malgré sa hâte il choisit avec soin un costume bleu clair à rayures blanches, opta pour une cravate rouge à rayures blanches également et quitta sa chambre. Il voulait arriver à temps chez Billie avant qu’elle parte pour son travail. Il lui ferait l’amour, lui ferait confectionner son breakfast. Il avait faim.

Il fut étonné, en arrivant chez la jeune femme, de trouver le living désert.

— Billie ?

Malgré tout, il se méfiait et ce fut la main sur la crosse de son Colt qu’il ouvrit la porte de la chambre. Billie dormait dans le milieu du lit, les cheveux épars et formant des tire-bouchons. Ces cheveux qu’elle avait tant de mal à décrêper formaient de nouveau une grosse masse moutonneuse autour de son visage luisant de sueur. Il eut peur, crut qu’elle était mourante.

Ella se réveilla en sursaut et eut du mal à cacher sa frayeur. Petrus nota cette réaction avec méfiance.

— On dirait que tu viens de voir le diable. Que fais-tu dans le lit au lieu de te préparer à aller au travail ?

— Je suis malade, grippée.

Il prit son poignet, constata qu’elle avait de la fièvre. Il passa une langue concupiscente sur ses lèvres épaisses.

— Tu es brûlante, hein ? Par tout le corps ?

Billie le regarda avec appréhension. Elle était si mal qu’elle n’avait pas envie de faire l’amour mais Petrus pensait différemment. Il commença à retirer sa veste, sa chemise. Lorsqu’il fut nu s’exhibant avec une obscénité complaisante elle fut quand même troublée. Il se glissa entre les draps, gloussa :

— Une vraie fournaise et je crois que je vais trouver un véritable petit volcan.

Il l’écrasa sous lui, l’écartela d’un genou puissant et se ficha en elle. Elle le subit dans une sorte de rêve éveillé, finit par creuser ses reins et par animer leur union, en perdant le souffle, sentant qu’un plaisir brutal allait la faire hurler. Lorsqu’il l’irrigua longuement elle ne put se retenir.

Tout aussi rapidement il se leva, s’habilla.

— Tu as quelque chose à manger ?

Elis ouvrit un œil lourd. Elle aurait voulu dormir comme une masse.

— Dans le frigo peut-être.

Il ne trouva qu’un peu de pâté, se prépara des sandwiches et du café. Il ne pensa même pas à lui en proposer lorsqu’il apporta le plateau dans la chambre.

— Hé ! tu dors ?

A nouveau elle fit l’effort d’ouvrir les yeux. Elle devait le mettre au courant.

— Petrus il faut que je te dise…

Il attendait en mastiquant bruyamment :

— Alors ?

— Une vieille femme est venue se renseigner sur toi, sur moi. Puis elle est allée chez ma sœur pour passer une visite mais Ella dit qu’elle faisait semblant d’être malade.

La réaction de Petrus l’épouvanta. D’un geste il balaya le plateau posé devant lui. La tasse de café vola vers Billie qui reçut le liquide brûlant sur le visage et hurla de douleur. Il se jeta sur le lit, prit le drap à deux mains et lui bloqua la gorge au point que ses yeux s’exorbitèrent et qu’elle commença d’étouffer.

— Quelle vieille femme ? De qui parles-tu ? Réponds ou je te tue.

Elle crut vraiment qu’elle allait mourir et elle lança sa main au hasard, crocha une oreille dans laquelle elle planta ses ongles longs. Il poussa un cri, la lâcha pour se mettre à danser sur un pied, une main en coquille sur son appendice douloureuse. Lorsqu’il regarda ses doigts ils étaient pleins de sang.

— Salope !

Il disparut pour aller mettre de l’eau fraîche sur ses blessures, revint avec un linge humide sur le côté gauche de la tête. Billie s’était levée, essayait maladroitement de s’habiller pour fuir. Le corps nu de la jeune femme le fit ricaner. Il lui donna un coup de pied en direction du ventre mais elle l’esquiva. Elle essaya de fuir vers la porte mais il la bloqua au passage, lui fit une clé au bras et la maintint sur le lit, le visage enfoncé dans les couvertures, les fesses tournées vers lui.

— Quelle vieille femme ?

— Je n’étais pas là, haleta-t-elle… C’est une voisine que m’a dit. Elle pose des questions sur toi. Elle a l’air d’une métisse mais il paraît que c’est une Italienne. Avec un grand cabas.

Il lui arracha une poignée de cheveux en même temps qu’il enfonçait sa tête dans le lit pour étouffer ses cris. Puis il lui mordit cruellement les fesses au sang, ce qui l’excita prodigieusement. Tout en la maintenant il ouvrit son pantalon et s’écrasa sur elle une nouvelle fois tandis qu’elle hurlait de douleur car il la déchirait bestialement. Il se calma, l’abandonna pour se rajuster.

Elle se redressa à quatre pattes, se réfugia dans le coin du lit, terrorisée, le regardant avec des yeux pleins de haine et de peur.

— Comment sais-tu que ta sœur l’a vue également ?

— Elle est venue hier soir.

— Qui est cette vieille ?

— Nous ne savons pas.

Puis elle découvrit le pistolet qu’il replaçait à sa ceinture. Pour l’instant il le tenait à la main, l’arme étant tombée sur le tapis alors qu’il possédait Billie.

— Non, dit-elle, ne me tue pas… Nous avons pris nos précautions Ella et moi.

Il se figea, plissa ses yeux de fauve. Ainsi son regard affolait moins, se stabilisait, sinon ses deux yeux roulaient dans tous les sens, accroissant encore son effrayante apparence physique :