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— Aidez-moi, monsieur Score. Je peux vous débarrasser de lui.

— Montrez-moi votre carte de flic.

— Je n’appartiens pas à la police. Ni au F.B.I.

— Alors que cherchez-vous ? C’est illégal ce que vous faites.

— Ecoutez, Score. Une seule question, lui donnez-vous de l’argent ?

Tout de suite Score comprit qu’il pouvait s’en tirer en répondant oui. L’homme ne chercherait pas plus loin.

— Et si je vous réponds que oui ?

— Je vous remercie. Nous buvons un verre et je vous laisse car c’est votre affaire. Mais je me permettrai de vous conseiller d’aller trouver la police. En leur demandant la discrétion vous pouvez faire arrêter Petrus Lindson sans que votre femme, vos voisins apprennent comment vous gagnez de l’argent.

— Alors, dit Score avec le maximum de persuasion, allez chercher deux autres demis.

Il supporta le regard de Kovask. Ce dernier emporta les chopes, les ramena pleines.

— Je vous remercie. Votre situation ne me regarde pas. Je cherche autre chose. De beaucoup plus grave et de beaucoup plus compliqué certainement. Je peux vous poser une autre question ?

— Puisque vous y êtes, dit Score en essuyant la mousse du dos de sa main.

— Connaissez-vous Diana Jellis ?

— La révolutionnaire noire ? Je l’ai vue à la télé et j’ai lu plusieurs articles sur elle.

— Vous ne la connaissez pas personnellement ?

— Pas du tout.

Score était sincère et il ne comprenait pas le sens de cette question. Kovask eut la certitude qu’il avait répondu plus franchement à cette deuxième question qu’à la première.

— Vous êtes de ses amis ou de ses ennemis ? dit Stewe.

Kovask prit le temps de réfléchir :

— Ni l’un ni l’autre. Mais Petrus Lindson s’intéresse à cette fille. Les gens pour lesquels je travaille voudraient savoir pourquoi.

— Le gouvernement ?

— Non, mais mon patron est un homme estimable. Je vous demande de ne rien dire de tout ceci.

— Je ne parle jamais de politique, dit Score. Mais je vous jure que je n’ai jamais rencontré Diana Jellis. C’est une très jolie fille d’ailleurs mais elle m’impressionnerait. Je suis un peu vieux jeu vous comprenez et ce genre de femmes si engagées dans les luttes politiques et sociales me font un peu peur. C’est peut-être stupide car je crois que dans l’avenir les femmes prendront de plus en plus d’importance. Et pas seulement les horribles « Moms » de la société actuelle, ces veuves abusives couvertes de dollars et d’honneur…

Kovask souriait. Il but sa bière et se leva :

— Toutes mes excuses, monsieur Score, et sachez que pour ma part je serai d’une discrétion absolue. Mais vous devriez en finir avec Petrus. Il vous pique beaucoup d’argent ?

— Oui, encore assez, dit Score gêné, encore assez.

Kovask lui serra la main et regagna sa voiture. Il était certain que Stewe Score ne lui avait pas dit toute la vérité.

* * *

Bien que sa fièvre soit un peu tombée, Billie Ganaway se trouvait dans un état très dépressif. La raclée que lui avait administrée Petrus la veille n’avait rien arrangé. Elle avait très mal à la tête et souffrait d’une humiliation rentrée. Ella était venue la voir. Petrus lui avait rendu visite mais elle avait été très discrète à ce sujet. Billie avait cependant remarqué que le menton de sa sœur était enflé. Il avait dû s’en prendre également à elle.

Elle dormait depuis une heure lorsque la certitude que quelqu’un la fixait lui fit ouvrir les yeux. Tout d’abord elle ne fut pas effrayée par cette vieille femme aux cheveux blancs, au visage lourd et olivâtre. Puis elle découvrit le cabas et eut l’impression de faire un mauvais cauchemar.

La Mamma se rendit compte qu’elle effrayait la jeune femme et donna beaucoup de chaleur à son sourire :

— Je suis entrée puisque la porte était ouverte. Ce n’est guère prudent. Je n’ai pas voulu vous réveiller. Voulez-vous que je vous prépare quelque chose ? Un peu de café ? Mon nom est Cesca Pepini. Mais qu’avez-vous ? Je vous fais peur ?

Billie essaya de secouer sa tête mais elle était trop douloureuse encore.

— Je suis déjà venue mais je n’ai rencontré que votre voisine. Charmante d’ailleurs. Je vais faire un peu de café, ça vous fera du bien.

Seule Billie n’eut pas le courage de se lever, de s’habiller pour s’enfuir. Cette vieille femme était là, telle que la lui avait décrite Marina. Et quand Petrus l’apprendrait ! Sa sœur lui avait quand même dit qu’il avait repris les lettres avant qu’elle ait pu les porter au solicitor. Elles n’avaient plus rien pour les garantir.

La Mamma revint avec un plateau.

— Je l’ai fait un peu corsé. Vous avez la grippe ? J’ai l’impression que votre visage est gonflé. Vous avez pleuré ?

— Ce n’est rien.

— Vos enfants sont ailleurs ?

— Chez une voisine.

La Mamma empila les coussins pour qu’elle puisse s’appuyer et boire le café. Puis elle attaqua sans autre préambule.

— C’est Petrus Lindson qui vous a frappée ?

Billie but son café à petites gorgées sans répondre.

— Je sais qu’il est brutal, sans scrupules. Il ne peut-être l’homme de votre vie.

— Fichez le camp ! dit Billie. Je ne vous connais pas et vous n’avez rien à faire ici. Vous n’êtes pas une Noire.

— Tiens qu’en savez-vous ? Mon nom ? Mais je pourrais être métisse.

— Vous êtes une sale espionne qui fourrez votre gros nez partout. Vous êtes allée chez ma sœur. Je ne sais pas ce que vous voulez mais si vous ne sortez pas je crie.

— Ah ! dit la Mamma. En aurez-vous la force ?

La jeune femme lui jeta un regard apeuré. Malgré son âge la Mamma l’impressionnait. Il y avait une certaine dureté dans ce regard qui de prime abord paraissait si maternel.

— Nous pourrions parler comme deux femmes sensées, dit la Mamma. Je sais que Petrus vous fait peur mais je voudrais bien savoir pourquoi.

Billie s’enfonça dans ses oreillers et ferma les yeux. Sa bouche tuméfiée prit un pli boudeur.

— Petrus est capable de vous tuer un jour, dit la Mamma tranquillement. Et vous le laisserez faire sans réagir ? Il est capable de s’en prendre à vos deux enfants si ce n’est déjà fait. Il vous menace et vous n’osez pas lui tenir tête. Votre sœur est donc au courant puisque vous avez parlé de moi.

La jeune femme gardait les yeux fermés, respirant un peu plus rapidement.

— Vous ne voulez pas répondre ? Dites-moi au moins si vous connaissez un certain Stewe Score.

Billie souleva ses paupières :

— Je ne connais personne de ce nom et maintenant foutez le camp !

— Connaissez-vous une certaine clinique de Santa Monica ?

— Non.

— Pourtant vous travaillez dans une boîte de ce coin-là ?

— Et puis ?

— Vous pourriez avoir des renseignements sur cette clinique.

— Vous m’emmerdez. Je ne sais pas de quoi vous voulez parler.

— Bien, et Diana Jellis ?

L’étonnement de la jeune femme lui parut sincère.

— Quoi, Diana Jellis ?

— Vous la connaissez ?

— Comme tous les Noirs je suppose. Elle est chouette, gonflée à bloc et je l’aime bien.

— Vous l’avez déjà rencontrée ?

— Dans une réunion oui mais je n’ai pas pu l’approcher tellement il y avait du monde.

— Votre sœur la connaît mieux n’est-ce pas ?

— Elle vient se faire soigner chez elle mais je n’en sais pas plus.