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Je suis avec respect, Messsieurs,

Votre très humble et très ebéissant serviteur

Boudin.

Rue Basse du Rempart.

IX

Нац. библ., отдел рукописей f. fr. nouv. acq. 3241 (f. 164).

Adresse au commandant général par les ouvriers de la Bastille, du 21 Oct. 1789.

Mon général,

Les ouvriers de la Bastille, toujours empressés à ramener le calme dans les momens de trouble, tranquils dans leurs travaux à la destruction du Colosse formidable de cette forteresse, s’appercurent que des gens mal intentionnés pour susciter une insurrection, arrêtèrent une voiture chargée de piques, y mirent le feu et se préparèrent à de plus grand dégât, lorsque nous accourumes et remediâmes autant qu’il fut en notre pouvoir à appaiser les furieux. Et l’effervescence qui s’étoit manifesté devint calme, nous nous retirâmes chacun, et nous continuâmes nos travaux.

Tel est l’exposé sincère et fidèle de notre conduite et celle dont nous sommes jaloux de conserver, sur ce nous vous prions de nous croire. Avec le plus profond respect Mon général

Vos très humbles et très obéissants serviteurs Noms des ouvriers députés pour se présenter chez M. Lafayette.

Guerard dit Tourangeau

Laserre Daix

Toussaint Liotet

Pierre Bounin

Chevillette

Bosthien dit Gambeau

За подписями черта, a под ней слова:

Copie de la lettre de Lafayette.

X

Нац. библ., отдел рукописей

Mss. nouv. acq. fr. 3241 (f. 165).

Ordre de M-r Jallier de Savault, conseiller adm-r de la Municipalité de Paris à l’entrepreneur de la démolition de la Bastille.

Je prie justement M-r Palloy comme la ville se trouve surchargée par des dépenses journalières, d’ordonner une suppression d’ouvriers, mais que cette supression ne frappe pas sur les hommes chargés d’une nombreuse famille, qui méritent tous égard et que la préférence demeure à ceux qui ont des droits par leurs ancienneté dans cette démolition, je m’en rapporte à votre zèle et à la surveillance de M-rs les inspecteurs.

A Paris ce 25 Octobre 1789.

Signé Jallier de Savault,

Cons-er Administrateur de la

Municipalité de Paris.

XI

Нац. арх.

D. IV. 49. Пачка 1425 (février à juillet 1790)

Сверху пометка:

«comités de constitution et imposition le 13 fevr.»

13 Févr. 1790.

Les ouvriers du Fauxbourg St. Antoine à l’Assemblée Nationale.

Messieurs!

Nous sommes français! notre liberté est l’œuvre honorable de votre sagesse. Votre inaltérable civisme nous inspira le noble et persévérant courage qui assure notre conquête: nous saluons dans cette auguste assemblée les patriotes généreux qui nous ont fait devenir des hommes, et qui ont applaudi avec allegresse lorsque nous avons brisé nos fers. Avant tout nous renouvelions le serment unanime de vivre et mourir pour la loi, nos frères et la liberté. Vous avez, Messieurs! proclamé les français pour un peuple d’amis et de frères; cette juste proclamation nous impose le devoir de vous assurer que de nouvelles preuves de notre valeur et de notre force vous seront toujours données avec un empressement plus vif et mieux entendu qu’en 1789. Nous déclarons qu’avant de. parvenir jusqu’à vous les ennemis auront dû s’ouvrir un passage à travers nos cœurs. Qu’ils se persuadent bien que les français sont libres, qu’ils ont formé la noble et vigoureuse resolution de ne pas cesser de l’être; pareeque nous savons qu’une nation qui perd sa liberté ne la recouvre jamais. Nos frères des départements s’accordent à penser comme nous; ils sont nos rivaux de zèle et de patriotisme; ils s’uniront à nos efforts ou plutôt ils nous permettront d’unir les nôtres aux leurs.

Nous venons déposer dans le sein de nos augustes représentants l’expression d’un vœu qui à l’œil de la nature doit paroitre simple autant que juste et qui étant accueilli, feroit évanouir la préseance des ainés sur les cadets c’est-à-dire des fortunés sur ceux qui ne le sont pas. Les ainés — ce sont les citoyens actifs; les cadets n’ont que le titre de citoyens français; et il nous semble qu’un droit d’ainesse détruit celui de l’égalité, de la liberté même.

Loin de nous toute volonté particulière! nous exprimons notre désir, dont nous souhaitons l’accomplissement, pourvu qu’il n’altère en rien le cours et les prudentes combinaisons de la volonté générale. Loin de nous tout esprit de division et d’intérêt privé! Si votre sagesse juge à propos de favoriser notre demande nous aurons eu le bonheur de ne pas nous être trompés. Si le contraire arrive, législateurs! notre zèle inviolable n’en sera que plus actif et plus civique; vous nous verrez toujours vos plus zélés défenseurs. Nous ne sommes pas citoyens actifs, pareeque nous ne payons pas une imposition directe. Cependant l’activité civique, ne le dissimulons pas à nos meilleurs amis est à nos yeux le plus beau titre qui puisse honorer de bons français: ah! si nous pouvions l’obtenir, l’indigence laborieuse souferte au sein d’une probité sévère annobliroit nos ames fières et naives qui ne connoissent ni les besoins de détail, ni les voluptés, ni les corrup-lions de la richesse. Les mœurs y gagneroient infiniment. Quand les hommes ont la conscience de ce qu’ils valent et une juste estime d’eux-même, la sphère de leurs facultés intellectuelles s’aggrandit; ils sentent bientôt une certaine majesté dont ils doivent soutenir l’influence; un impérieux instinct les dérobe au piège jadis coutumier, des souillures morales; ils reçoivent le sentiment délicat de la pudeur; et là, où le peuple aime a reconnoitre l’empire et le caractère de la vertu, commence le règne des mœurs.

Daignez, Messieurs! considérer que la pauvreté est le fléau de la multitude, et celle-ci compose les deux-tiers de la population françoise. Si le premier tiers est quelques chose ou peut le devenir et que les deux autres ne soient rien, l’un jouit de tous les bienfaits, insérés dans vos nouvelles loix, tandis que les deux autres entièrement passifs languissent dans la nulleté la plus absolue.

C’est le contraste de la richesse avec la pauvreté qui constitue l’utilité de l’une à l’égard de l’autre. Si personne n’était pauvre, personne ne seroit riche. Quelle différence y a-t-il donc entre celui qui a de la fortune, et celui qui n’en a pas, l’homme fortuné, fatigué de loisirs, achète de quoi satisfaire ses goûts, ses caprices, ses besoins superflus. Le pauvre qu’il paye, se donne la peine de lui vendre et d’executer ce qui plait à ses fantaisies. L’un sans talent, seroit bien à plaindre, si la fortune lui manquoit, l’autre qui éprouve peu de besoins scait quelquefois trouver le bonheur avec le salaire de son industrie. Tous les deux sont des hommes; et mis dans la balance de la vertu, l’indigent peut souvent l’emporter sur le riche; il ne lui manquera que de l’instruction; mais qu’on elève son âme il en aura bientôt acquis. Qu’on se rapelle que presque tous les hommes de génie on été pauvres.