Comment seroit-il donc possible de nous accorder l’activité civique? Nous formons le vœu le plus unanime en faveur d’une imposition capitale que l’on pourrait percevoir sur chacun de nous, comme la taille personnelle, établie sur les cultivateurs non propriétaires; il seroit facile de faire des retenues sur le prix de nos journées et de le (sic) verser, ensuite, au bout de chaque quinzaine et de chaque mois entre les mains d’un citoyen actif qui en compterait à la caisse du district. Ce que l’on feroit pour nous, pourroit être mis en pratique pour tous les autres ouvriers de Paris: et ce qui seroit possible dans les murs de la capitale pourroit l’être dans tous les départements. La quittance de notre imposition serviroit à chacun de nous de titre pour avoir une carte de citoyen actif. Ce seroit là le complément de l’Egalité fraternelle. Sans quoi notre existence rapelle celle des ilotes. Des Ilotes dans Lacedemone! Ils perdirent et deshonorèrent cette libre et majestueuse République. Nous demandons, si cela ne nuit pas à la chose publique qu’on fasse disparoitre jusqu’au nom flétrissant des impositions indirectes. Que chaque tête paye deux sols par jour; chacune d’elle acquittera alors par mois 3, et pour l’année 36 I. Il y a 25 millions de Français, vous aurez donc une recette annuelle et totale de 900 millions; mais supposons qu’un tiers échape à l’impôt, il vous restera toujours ce que vous désirez, Messieurs — le produit net de 600 millions. Quel citoyen ne donnera pas deux sols par jour, pour salarier la force necessoire qui s’aplique à la Loi!
Les impôts indirects ont des inconvénients remarquables; ils arment, dans une même patrie des frères contre des frères; ils produisent les mêmes scènes sanglantes que le fanatisme parmi nos ayeux; les uns veulent enfreindre les loix fiscales et les autres repoussent les violateurs, les armes à la main. Entre l’attaque et la résistance s’allument des haines implacables, aux extrémités des villes ou des départements, là où devroit veiller la sentinelle de la liberté, sous l’egyde de la Cocarde et du Patriotisme, on ne rencontre que des ennemis et des perturbateurs.
Si le droit et la liberté sont tout, pour que ce tout soit également partagé il nous semble qu’il faut diminuer, autant qu’il est possible, le nombre
des oppresseurs soudoyés afin d’être moins affligés par les plaintes, les misères et les larmes des opprimés.
Une taxe personnelle ne deshonore personne; au contraire chacun devra la supporter avec plaisir; chaque citoyen verra ce qu’il doit et ce qu’il donne à la patrie; il en surveillera l’emploi; il indiquera les abus; et avec le temps, l’or des subsides n’ira plus se perdre dans les canaux multipliés d’une fiscalité astucieuse, il y a une certaine facilité, un certain art a déployer dans le mode de perception. L’on peut tout avec les encouragements» persuasifs du Patriotisme et de l’Equité. Une imposition unique et personnelle! Tous les citoyens s’empresseroient d’y faire honneur en bénissant le sage decret qui l’aurait établie.
Nous avons exprimé librement notre vœu, nous laissons avec confiance à votre génie de raison et de l’equité le soin spontané de l’acueillir ou d’en motiver le danger, et comme vos loix sont pour nous les oracles de la sagesse même, ou vous accepterez notre doléance comme un principe d’utilité, cher à l’intérêt public, ou nous serons convaincus que si c’est une erreur le patriotisme — seul nous l’aura fait commetre de bonne foi, et quand vos lumières et votre justice nous l’auront indiquée, désabusés par vous, notre retour à la vérité vous donnera, augustes frères! de nouveaux droits à notre vive et affectueuse reconnaissance.
Signé.
(26 подписей).
Ses signatures aprouvé par tous les ouvriers du fb. St. Antoine.
XII
Нац. арх.
D. IV. 51, pièce № 20.
№ 1488. Vingt et D-re. Fol. 18. Paris, № 11.
Dupont de Nemours a l’honneur d’envoyer ce mémoire à Messieurs du Comité de Constitution. Il croit la pétition très bien fondée. Il a plusieurs fois été témoin en province de scènes violentes entre les compagnons menuisiers du devoir et ceux d’une autre corporation dont il a oublié le nom. 31 mars 1790.
Monsieur,
Les compagnons de toutes les professions, arts et métiers, tant pour eux que leurs camarades des Provinces, ont l’honneur de vous exposer, que depuis très longtemps un certain nombre d’entr’eux, et cependant la grande minorité, imaginèrent de former une espèce de corporation à laquelle ils donnèrent le nom du devoir; des signaux des mots qui ne sont connus que de ceux qui y sont initiés, des noms supposés sont les indices auxquels ils se reconnaissent dans tous les temps et dans toutes les villes du Royaume;: es compagnons du devoir se sont acharnés a persécuter ceux des autres compagnons qui refusent de faire corps avec eux, ils poussent même leurs vexations dans certaines villes jusqu’au point de forcer ceux ci à consigner une certaine somme d’argent avec promesse d’entrer dans leur société, sans quoi ils les empechent de travailler. Cette violence a occasionné à différentes époques les scennes (sic) les plus sanglantes. Les routes même ne sont pas respectées par ces perturbateurs du repos public, et souvent, il arrive que les compagnons qui ne sont pas du devoir, voiageant d’une ville à ’autre, sont arrêtés par ces derniers, qui ont soin d’aller à leur rencontre; 4 s’ils ne répondent pas aux signaux qui leurs sont faits ils sont conduits chez la mere de ceux du devoir. Là ils sont fouillés et dépouillés de leur argent et des effets. qu’ils ont dans leur sac et renvoiés, la moindre résistance suffit pour être assommé de coups.
Les exposans victimes de ce brigandage auquel il leur est impossible de se soustraire, parce que le plus souvent ils sont sans défiance et que leurs enemis au contraire sont toujours attroupés, se sont pourvus à différentes époques en justice pour le faire cesser; plusieurs arrêts de différons parlemens ont infligé des peines aux coupables de ces désordres, mais n’ont pu dissoudre cette corporation; les coupables ont toujours trouvé le moien de se mettre à couvert des poursuittes à la faveur de leurs noms supposés et des secours qu’ils se prêtent mutuellement.
Jamais l’antipathie qui a régné de tous temps entre ces doux classes d’ouvriers, n’a été portée a un si haut degré qu’aujourdhui; la fermentation est telle que plus de huit cent compagnons chapelliers fatigués des vexations odieuses que ceux du devoir exercent contr’eux, ont cessé toute espèce de travail; et il est à craindre que ceux des autres professions non moins persécutés que ceux-ci n’en fassent autant; ce qui peut avoir les suites les plus funestes, cette fermentation existe dans les différentes villes de province comme à Paris, les compagnons de cette capitalle viennent d’en recevoir des nouvelles très allarmantes et ils sont priés de solliciter auprès de l’assemblée nationalle un decret qui en anéantissant cette prétendue corporation, mettra fin a tous ces désordres et évitera les plus grands malheurs; ils osent esperer, Monsieur, que vous voudrez bien appuier leur pétition auprès des augustes représentons de la nation; toutes corporations ont été anéanties par leurs decrets même celles autorisées par la loi sous l’ancien régime, a plus forte raison s’empresseront ils de dissoudre celleci qui a toujours été illicite et toujours deffendue, un nombre prodigieux d’ouvriers les supplient d’ordonner que chaque compagnon sera tenu de porter son nom de famille, que ceux du ci-devant devoir rentreront dans la classe des autres, pour désormais travailler et vivre ensemble avec tranquilité, et d’en joindre aux municipalité de veiller à l’exécution de ce décret, leur reconnaissance sera éternelle.