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C’est dans cette enceinte, Législateurs, lors de l’assemblée constituante, qu’il s’est montré digne représentant de la nation: La Patrie toujours chère a son cœur a vû en lui un homme incorruptible, aussi le Peuple, dont il a toute la confiance, est-il comme anéanti de ne plus le voir en place, et lui ravir ce magistrat rare, par ses vertus, c’est le priver de ses plus douces consolations.

Quoi! seroit-ce un crime de n’avoir point publié une loi qui devoit couvrir de deuil cette capitale qui l’eut ensanglantée? et dans le moment ou nous sommes que de victimes gémiroient encore! La Vengeance même ne seroit point assouvie, au lieu que tous les citoyens se voyent toujours avec plaisir, comme dans une famille bien unie, et dans leurs moments de loisir se rassemblent en silence, se consolent entre eux, et chacun retourne satisfait dans ses foyers: Il a épargné des malheurs étonnants et nous le bénissons.

Oui, Législateurs, nous ne cesserons de tenir ce langage; notre maire est l’ange tutélaire de cette capitale et servira de modèle à ceux qui le suivront.

Nous vous prions de rendre à nos vœux un si digne magistrat. En vous demandant cette grâce nous vous suplions de nous en accorder une autre, celle du changement du Directoire du Département.

Nous attendons de l’équité du sénat qu’il nous accorde la grâce que nous lui demandons. Pour nous, notre tâche sera quand la Patrie sera en danger, de nous couvrir de nos armes, combattre l’ennemi et verser notre sang pour le soutien de la Liberté, et le maintien de la Constitution.

(Подписи).

XIII

Архив департамента Роны.

L. 398–403. (1797 г.).

Arrêté que copie de la présente sera transmise tant au ministre de l’intérieur, qu’a celui de la Guerre avec invitation pressante de prendre les dites observations en très grande considération.

Séance du 12 floréal an cinq de la Rép. Française Repondre au Bureau Consultatif.

Observations relatives au Commerce et aux Manufactures de Lyon.

On ne cesse de repéter que l’on veut rendre au Commerce toute sa splendeur, à nos manufactures toute leur activité» que c’est le seul moyen de rétablir nos finances que six années de guerre ont anéanties, de rendre le numéraire à la circulation, de rouvrir toute les sources du bonheur public, de faire enfin disparoitre et oublier tous nos maux en ramenant les français à leur industrie naturelle par toute les ressources qui peuvent encore porter nôtre commerce au plus haut degré de gloire.

Que faut-il pour remplir ce but? protection, tranquillité et sûreté, ces moyens sont dans la main du gouvernement, favoriser les villes de manufacture, non par des privilèges, elles n’en réclament pas, eloigner d’elles tout ce qui pourroit y amener l’oisiveté, le libertinage ou la dissipation, veiller sur le prix des denrées de première nécéssité, coiter avec soin tout ce qui peut contribuer à le faire augmenter, assurer par une bonne police l’ordre et la tranquillité dans l’intérieur, empocher sévèrement, l’exportation de nos matières premières, encourager l’importation de celles étrangères, faire de bons traités de commerce avec les puissances à qui nous donnons la paix; là se bornent toutes les prétentions du Commerce à la sollicitude du Gouvernement.

Les manufactures employent des ouvriers des deux sexes avec le même avantage; les hommes se livrent aux travaux qui exigent de la force et aux grandes opérations de commerce, les femmes sont utiles aux ouvrages plus minutieux, le luxe des modes pour l’étranger, des broderies, des habillements leur est presque entièrement confié; les hommes reçoivent un salaire plus considérable, mais il faut néanmoins aux uns et aux autres les moyens de subsistance pour eux et leur famille l’excessive cherté des denrées augmente nécessairement la main d’œuvre, et cette augmentation, jointe aux prix très élevé des matières premières, nuit dans beaucoup d’objets de notre industrie à la concurrence que nous avons intérêt de maintenir avec l’étranger.

Sous ces rapports les troupes ne doivent pas être en nombre dans les villes de Commerce et de Manufactures; cette augmentation passagère d’habitans donne aux denrées un surhaussement de prix qui se communique de suite à la main d’œuvre et qui subsiste longtems même après leur éloignement, ce premier inconvénient bien senti, par les gouvernements avoit fait placer les troupes toujours loin des villes de manufactures, le gouvernement anglais en usa toujours ainsi pour Manchester etc., les troupes ne séjournoient jamais à Lyon, cette disposition politique avoit encore une autre cause.

Les soldats, quelque disciplinés qu’ils soient, répandus dans les villes cherchent à se délasser de la fatigue des camps, s’ils ont défendu nos frontières avec ardeur, s’ils ont étendu nos conquêtes au péril de leurs vies, il est asséz naturel de croire que dans l’intérieur ils cherchent toutes les compensations, toutes les jouissances dont ils ont été privés: pour se procurer ces jouissances, ils se choisissent des compagnons de plaisir, soit parmi les ouvriers, soit avec les ouvrières qui trouvent aussi dans ces amusements une vie plus douce que celle d’être tout le jour attaché à un métier, à une broderie, etc., les mœurs se corrompent, la licence remplace la vie laborieuse; viennent à sa suite les rixes, les insurrections, et souvent les plus grands désordres, enfants de l’oisiveté, de là les ateliers sont abandonnés, les manufactures languissent, le manufacturier voit ses espérances s’évanouir, ses fonds sont en souffrance, les commissions prises de l’étranger sont retardées, les foires, ces temps précieux pour les ventes, sont manquées le commissionnaire frustré des bénéfices qu’il attendoit retire ses ordres, et en dernière analyse la balance du commerce tourne au détriment de la France voilà pour toutes les villes de manufactures en général, qu’il soit permis d’ajouter quelque chose de particulier pour Lyon, la ville sans contredit la plus intéressante pour le trésor public par ses nombreuses manufactures par son immense population, et par sa prépondérance dans la balance du commerce avec l’étranger.

Les malheurs de Lyon sont assez connus, les manufactures délapidées, les chefs fuyant ou périssants sur les échafauds, les ouvriers cherchant une terre hospitalière qui leur donne du pain et du travail, portants à l’étranger l’industrie qui n’auroit jamais abandanné notre sol sans les horreurs qui s’y sont commises, les capitalistes enterrans le numéraire qui a pu leur rester après les ravages du papier monoye dans la crainte qu’il ne leur soit enlevé.

Tous ces maux présens encore à la mémoire des malheureux Lyonnais se couvrent d’un voile quand l’horison politique est sans nuages, la confiance reparoit, l’homme industrieux se livre au travail, l’homme à argent délie sa bourse, de cet heureux concours nait la prospérité publique mais, s’il survient un mouvement dans le gouvernement au renouvellement des calomnies, à l’approche des Reverchons, à la nouvelle de mesures révolutionnaires au soupçon de l’existence d’un camp dont la présence doit influer sur le prix des denrées, sur la main d’œuvre et sur les mœurs, surtout lorsqu’il est reconnu que les troupes arrivent toujours prévenues contre les habitans de Lyon par la malveillance que les scélérats ennemis de cette ville, ont eu soin de semer sur leur route, alors toutes les craintes renaissent, le capitaliste serre de nouveau sa bourse, le numéraire disparoit, le taux de l’intérét augmente en raison de sa rareté, le manufacturier s’arrête, l’ouvrier manquant de travail ne peut plus fournir du pain à sa malheureuse famille, déjà il songe quel pays pourra lui procurer des ressources, tous les travaux sont suspendus. Ces oscillations perpétuelles de craintes et d’espérances effrayent l’ouvrier qui n’attendoit que la paix pour rentrer dans ses foyers et portent le découragement total parmi ceux qui sont restés, dont le nombre ne pourrait suffire lorsque les manufactures reprendront toute leur activité.